Les derniers chiffres d’inflation des principales économies développées ont permis d’alimenter le déclin des rendements obligataires et ont renforcé la conviction que des premières baisses de taux directeurs interviendront dans le courant du premier semestre 2024, aussi bien aux États-Unis, en zone euro qu’au Royaume-Uni.
En zone euro, l’inflation harmonisée a chuté de 2,9% en octobre à 2,4% en novembre. Si ce repli a été une nouvelle fois alimenté par une déflation plus importante sur l’énergie, la hausse des prix des biens industriels (hors énergie) et celle des services ralentit également. La désinflation tend, en effet, à se généraliser : la part des composantes de l’IPC affichant une inflation supérieure à 4% ne représente plus qu’environ la moitié du total (51,3% précisément), le chiffre le moins élevé depuis mars 2022. Les décélérations les plus marquantes de l’inflation émanent de l’Italie (-1,1 point de pourcentage à 0,8%), de l’Allemagne (-1,3 pp à 3,0%) et de la Finlande (-1,6 pp à 0,8%). La France enregistre un reflux moins important (de -0,7 pp à 3,8%), de même que l’Espagne (-0,3 pp à 3,2%). Par ailleurs, les écarts d’inflation se resserrent entre les États membres (cf. graphique du mois). La BCE prendra également bonne note de la baisse des indicateurs alternatifs – la médiane pondérée est notamment repassée sous les 3% – et de la stabilisation des anticipations d’inflation à long terme des ménages.
Le repli de l’inflation aux États-Unis est moins significatif qu’en zone euro, principalement en raison du poids plus important du poste logement (+6,7% a/a en octobre), ainsi qu’à une contribution moins négative de l’énergie. Les indices ISM sur le prix des intrants, aussi bien pour le secteur manufacturier que pour les services, se sont stabilisés sur des niveaux qui prévalaient avant la Covid, et envoient des signaux plutôt positifs quant à la poursuite de la désinflation. Les anticipations d’inflation des ménages évoluent toutefois à l’opposé, de manière assez étonnante : selon l’enquête de l’Université du Michigan, les anticipations à un an et cinq ans progressent à nouveau, atteignant pour cette dernière mesure un plus haut depuis 2011.
Au Japon, l’inflation headline progresse de +0,3 pp à 3,3% a/a en octobre, tandis que l’inflation sous-jacente (hors produits alimentaires périssables et énergie) baisse de -0,4 pp à 4,5%. Les prix du gaz et de l’électricité sont en nette hausse en rythme mensuel en octobre, en raison de la réduction des subventions à l’énergie, intervenue fin septembre. L’inflation dans les services accélère très légèrement, soutenue par les hausses de prix importantes dans l’hôtellerie (+42,7% a/a en octobre). Le point mort d’inflation a continué de progresser vers les 2% tandis que les anticipations des prévisionnistes à horizon d’un an (année fiscale 2024) ont désormais franchi ce niveau.
Au Royaume-Uni, la désinflation gagne, enfin, en intensité, avec une baisse de 6,4% en septembre à 4,7% en octobre. Quelques jours avant la dernière réunion de la Banque d’Angleterre en 2023, prévue le 14 décembre, ces chiffres devraient ramener certains membres qui étaient en faveur d’une hausse des taux directeurs en novembre (3 sur les 9 membres du MPC) dans le giron de ceux défendant le statu quo. La légère diminution de l’IPC en rythme mensuel en octobre (-0,2% m/m) n’était que la troisième en deux ans. La dynamique des prix dans les services (+6,6% a/a) reste soutenue par la progression rapide des salaires (+8,3% a/a en octobre).
Le graphique du mois : Les écarts d'inflation se resserrent en zone euro