Les exportations mondiales plafonnent depuis près de deux ans, après une forte progression en 2021. Cette stagnation touche les pays émergents comme les économies avancées. Les chiffres publiés par le CPB font néanmoins état d’un léger rebond, en août, des exportations en volume à hauteur de 1,1% m/m, même si la baisse en variation annuelle s’élève encore à 2,3%. La hausse est soutenue par la Chine (+5,3% m/m) et les États-Unis (+1,3% m/m), tandis que les exportations de la zone euro progressent plus modérément (+0,8% m/m). À l’inverse, celles depuis le Japon reculent nettement (-6,1% m/m).
La dernière enquête PMI de S&P Global laisse présager une poursuite du plafonnement des échanges mondiaux au cours des derniers mois de l’année 2023. L’indice global pour le secteur manufacturier est, certes, légèrement remonté en septembre (de 0,1 point à 49,1), mais il se maintient sous la barre d’expansion pour le treizième mois consécutif. Le sous-indicateur pour les nouvelles commandes à l’exportation reste à un niveau plus détérioré, malgré une progression de 0,7 point à 47,7 en septembre. Par ailleurs, les différents indicateurs relatifs aux tensions sur les chaines de valeur mondiales (graphiques 3 et 6) signalent une légère détérioration de la situation depuis cet été, mais l’ampleur des perturbations reste réduite, comparé aux niveaux passés.
En parallèle, les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis commencent à se matérialiser en termes de dynamique des échanges, notamment du côté chinois. Selon les chiffres du FMI, la part des exportations chinoises en direction des États-Unis, dans le total des exportations nationales, est passé sous le seuil des 15% (moyenne mobile sur un an) au deuxième trimestre 2023 pour la première fois depuis trente ans. La seconde économie mondiale maintient, toutefois, sa part dans les exportations mondiales à près de 15% au deuxième trimestre 2023. Pour cela, la Chine a renforcé ses exportations vers plusieurs pays asiatiques (Vietnam, Philippines, Inde, Malaisie), le Moyen-Orient, ainsi que la Russie. La part des exportations chinoises en direction de l’Afrique a également dépassé la barre des 5% pour la première fois depuis plusieurs décennies.
Ce recul de la part des exportations chinoises vers les États-Unis doit toutefois être pris avec recul : il ne traduit pas directement une baisse des relations « fournisseurs » - « consommateurs » entre les deux pays, mais plutôt l’imbrication plus forte d’autres économies, notamment asiatiques, au sein des chaînes de production mondiales.
Ce phénomène d’allongement du processus de production a été mis en évidence par une étude récente de la BRI (voir Mapping the realignment of global value chains, bulletin de la BRI du 3 octobre 2023).