Quel est le lien entre liquidité et solvabilité bancaires ?
Tout d’abord, rappelons que la solvabilité est assurée par les fonds propres, qui figurent au passif et que la liquidité est assurée par des disponibilités, qui figurent à l’actif.
Il y a une différence importante d’horizon temporel entre liquidité et solvabilité bancaires.
Une banque peut être tout à fait solvable, c’est-à-dire que la cession étalée dans le temps de tous ses actifs lui permettrait de rembourser toutes ses dettes, et illiquide, c’est-à-dire que ses actifs les plus liquides ne suffisent pas à rembourser les dettes immédiatement exigibles, pour couvrir les sorties de trésorerie, qui peuvent être provoquées par des retraits de dépôts ou le non-renouvellement d’emprunts interbancaires.
Il n’y a rien de surprenant à ce qu’une banque insolvable devienne illiquide mais l’insolvabilité n’est absolument pas une condition nécessaire. Le plus souvent, une banque initialement solvable, mais victime de rumeurs ou de craintes plus ou moins fondées, peut devenir illiquide, voire même insolvable. Pour des raisons de stabilité financière, il a été décidé de comptabiliser au coût amorti une grande partie des actifs bancaires, les prêts à la clientèle mais aussi une fraction importante du portefeuille titres. Lorsque la banque a l’intention de conserver des actifs jusqu’à leur échéance, une comptabilisation en valeur de marché introduirait en effet une sensibilité de la valeur des actifs aux taux d’intérêt qui n’a pas lieu d’être, qui serait en quelque sorte artificielle, puisque, encore une fois, la banque n’a pas l’intention de céder ses titres avant leur échéance. Dans ce cas, la valeur de marché est purement « virtuelle ».
Mais que se passe-t-il si la banque doit céder rapidement ses titres ?
En cas de « ruée bancaire, elle peut être contrainte de céder très rapidement un portefeuille d’obligations dont la valeur de marché a diminué du fait de la remontée des taux d’intérêt. Or, si la valeur de cession devient inférieure à la valeur comptable, la banque réalise des moins-values et subit une érosion de ses capitaux propres qui accélère encore les retraits de dépôts et la pression pour céder les titres. Une spirale illiquidité-insolvabilité s’installe.
Comment briser cette spirale ?
La première solution préventive repose sur la garantie des dépôts. Le plafond de garantie est de 100 000 euros par banque et par déposant dans l’Union européenne.
La banque centrale peut également, pour circonscrire le problème de liquidité, mettre des lignes de liquidités supplémentaires à disposition du système bancaire, comme l’a fait la Fed le 12 mars, à hauteur de 300 milliards de dollars.
Et pour les banques déjà illiquides ?
Si la banque subit déjà des retraits massifs, la question est de savoir si elle était solvable avant de devenir illiquide. Si la banque était bien solvable, et à cette condition seulement, lui apporter la liquidité nécessaire permet de temporiser, et permet à la banque de conserver ses titres et de ne pas devenir insolvable. Cette liquidité peut être apportée dans le cadre d’une solidarité de place comme ce fut le cas, aux Etats-Unis, pour la banque First Republic qui bénéficie de 30 milliards de dollars de dépôts apportés par 11 autres banques. Plus généralement, la liquidité peut être fournie par la banque centrale dans le cadre de son rôle de prêteur en dernier ressort.