Le spectre des premières estimations de la croissance du 3e trimestre est assez large, entre un chiffre très positif aux États-Unis (1,2% t/t) et un retour à la stagnation en Europe (-0,1% t/t en zone euro et 0% t/t au Royaume-Uni), après une accélération passagère au 2e trimestre. Dans le même temps, la croissance japonaise a enregistré une nette correction (-0,5% t/t) après deux trimestres très positifs. Les données de conjoncture, d’inflation et de marché du travail publiées au mois d’octobre font toutes état, plus ou moins, d’un refroidissement
Sans décrocher, les indices de confiance pour la zone euro confirment la phase actuelle de stagnation qui devrait se prolonger au 4e trimestre 2023. Selon l’estimation flash, l’indice PMI composite progresse de 0,6 point en novembre, à 47,1, tandis que l’indicateur du sentiment économique de la Commission européenne a légèrement baissé en octobre, de 0,1 point à 93,3 (son plus bas niveau en trois ans). Malgré la décélération actuelle de l’inflation (de 4,3% a/a en septembre à 2,9% en octobre en mesure harmonisée) et un taux de chômage quasiment au plus bas (6,5% en septembre), la confiance des ménages ne se redresse pas, dans un contexte encore difficile en termes de pouvoir d’achat
L’Allemagne vient d’accumuler 4 trimestres de stagnation ou de croissance négative et les indicateurs de climat des affaires suggèrent que l’activité serait restée largement déprimée au début du 4e trimestre : les conditions contemporaines d’activité restent proches de leurs plus bas tant dans l’enquête IFO que dans l’enquête ZEW (-80 pour ce dernier en novembre). En ligne avec cet environnement déprimé, la production dans des secteurs clés (automobile, chimie et métallurgie) a de nouveau fléchi en septembre (au T3, elle est désormais près de 15% inférieure au pic atteint fin 2017 pour chacun de ces secteurs). Les exportations n’offrent pas de relais de croissance (-6% a/a au T3, chiffres en valeur de balance commerciale, source Destatis).
L’économie française est marquée par des signes croissants de refroidissement, en termes d’activité, d’emploi et d’inflation. Si la croissance est restée jusqu’ici en territoire positif, le climat des affaires de l’Insee, en repli à 97 en novembre (contre 100 entre juillet et septembre), signale une détérioration. La baisse d’activité déjà présente dans une partie de l’économie (logement, commerce alimentaire) a gagné, selon cette enquête, l’industrie, la construction neuve (hors logement) et le commerce automobile.
Les enquêtes de conjoncture restent très dégradées. Les indices PMI indiquent une contraction de l’activité désormais plus étendue, même si elle reste plus significative dans le secteur manufacturier : pour ce dernier, le PMI a baissé de 1,9 point à 44,9 en octobre, tandis que celui des services passe plus franchement sous la barre des 50, après avoir enregistré un recul de 2,2 points à 47,7. L’indice de confiance des ménages transalpins se décorrèle des anticipations d’inflation (stables depuis le printemps) et baisse désormais sous l’effet de perspectives économiques et d’emploi plus moroses. La chute sur un mois (-2,4 points) de cet indicateur de confiance est d’ailleurs la plus prononcée de ces quinze derniers mois
La progression de l’indice des prix à la consommation harmonisé (HIPC) se renforce à nouveau à +3,5% a/a au mois d’octobre (+0,21 pp). L’inflation alimentaire reste importante, bien que son augmentation ait ralenti par rapport à septembre (+9,5% a/a en octobre, -1pp). Toutefois, l’envolée des prix de l’huile d’olive persiste (+73,5% a/a, +6,5 pp), apportant une contribution de 0,37 point à l’inflation totale. De son côté, la déflation énergétique se résorbe mais reste importante (-10,1% a/a, -3,7pp). L’inflation sous-jacente a quant à elle reflué à +3,8% sur un an.
Selon la première estimation du BEA (Bureau of Economic Analysis), l’économie américaine a franchement accéléré au T3, la croissance du PIB s’élevant à +1,2% t/t (+0,7 pp). Cette progression, la plus importante depuis sept trimestres, s’appuie sur le dynamisme de la consommation des ménages (+1,0% t/t) et sur la contribution significative des stocks (+0,3 pp). En revanche, l’investissement des entreprises a marqué le pas, après deux trimestres très soutenus, sous l’effet conjoint du resserrement monétaire et de l’effritement de l’impulsion apportée par l’IRA et le CHIPS Act.
L'inflation des prix à la consommation a enregistré un très net repli en octobre, passant de 6,6% en glissement annuel en septembre, à 4,6%. Ce reflux reste néanmoins freiné par les fortes augmentations de salaires qui maintiennent une pression à la hausse sur les prix des services. Une augmentation de 5% des prix de l’électricité et du gaz a également été annoncée à compter du 1er janvier. En outre, la transmission des taux d’intérêt aux charges d’emprunts immobiliers reste significative (+50% entre octobre 2022 et octobre 2023, selon l’indice des prix au détail, RPI), ce qui pèse lourdement sur la situation financière des ménages.
L’estimation préliminaire du PIB pour le T3 montre une contraction de -0,5% t/t, tandis que les dernières enquêtes de conjoncture confirment le ralentissement de l’activité. Le PMI composite baisse de 1,6 pt en octobre mais se maintient en zone d’expansion, à 50,5. Ce repli s’explique par celui du PMI des services qui chute de 2,2 pts (51,6 contre 53,8 en septembre). Le PMI manufacturier se stabilise en zone de contraction, à 48,7.