L’estimation préliminaire du PIB pour le T3 montre une contraction de -0,5% t/t, tandis que les dernières enquêtes de conjoncture confirment le ralentissement de l’activité. Le PMI composite baisse de 1,6 pt en octobre mais se maintient en zone d’expansion, à 50,5. Ce repli s’explique par celui du PMI des services qui chute de 2,2 pts (51,6 contre 53,8 en septembre). Le PMI manufacturier se stabilise en zone de contraction, à 48,7.
Si la confiance des ménages s’est légèrement améliorée au mois d’octobre (+0,5 pt selon l’indice du Cabinet Office), les dépenses de consommation restent très dégradées. Elles reculent pour le 7e mois consécutif en glissement annuel, à -2,8% en septembre, selon l’enquête mensuelle du bureau des statistiques. La demande privée ôte 0,4 pp à la croissance trimestrielle au T3, en raison notamment d’un fort déstockage. Cette faible demande intérieure s’explique aussi par une transmission limitée des profits vers les salaires, malgré un taux de chômage très faible, à 2,6% en septembre. Les salaires réels sont ainsi en baisse de 2,4% a/a en septembre. En réaction à la perte de pouvoir d’achat des ménages, le gouvernement japonais a annoncé de nouvelles mesures budgétaires, pour un montant supérieur à USD 112 mds. Celles-ci incluent notamment des baisses d’impôt sur le revenu et la prolongation, jusqu’au printemps, des subventions sur l’énergie.
L’inflation poursuit l’inflexion observée depuis le mois de juin. Elle s’élevait en septembre à 3,0% a/a, contre 3,3% trois mois auparavant. Toutefois, la Banque du Japon, qui anticipait une diminution plus importante, a révisé à la hausse ses prévisions pour 2023 (de 2,5% à 2,8%) et 2024 (de 1,9% à 2,8%). Le gouverneur de la BoJ, Kazuo Ueda, a annoncé en parallèle des mesures de flexibilité vis-à-vis de la politique de contrôle des taux d’intérêt1 . Cette décision a conduit à une nouvelle dépréciation du yen par rapport au dollar américain, le taux de change USD/JPY dépassant la barre symbolique de 150, avant un inversement de tendance depuis la mi-novembre.
Dans ce contexte, nous anticipons un rebond de l’activité au T4 2023 (croissance de 0,4% t/t), permettant ainsi, grâce aussi à un acquis très favorable à l’issue du premier semestre, de maintenir une croissance élevée de 1,8% en moyenne annuelle en 2023.
Guillaume Derrien (avec l’aide de Nassim Khelifi, stagiaire ; achevé de rédiger le 21/11/2023 )