L’économie française est marquée par des signes croissants de refroidissement, en termes d’activité, d’emploi et d’inflation. Si la croissance est restée jusqu’ici en territoire positif, le climat des affaires de l’Insee, en repli à 97 en novembre (contre 100 entre juillet et septembre), signale une détérioration. La baisse d’activité déjà présente dans une partie de l’économie (logement, commerce alimentaire) a gagné, selon cette enquête, l’industrie, la construction neuve (hors logement) et le commerce automobile.
Tous ces secteurs avaient continué de bénéficier jusqu’à récemment d’un carnet de commandes bien rempli, désormais moins fourni (les anciennes commandes ayant été traitées et les nouvelles étant en nombre plus réduit). Ainsi, les commandes de véhicules particuliers des ménages ont diminué de 12% a/a au cours des 10 premiers mois de l’année (-26% sur les véhicules utilitaires légers) selon la Plateforme automobile. Dans un environnement de taux élevés, la proportion de ménages français prêts à un achat important dans l’immédiat chute vers un nouveau plus bas historique (5,2% en octobre selon la Commission Européenne).
Le ralentissement de la demande participe à la désinflation en cours (4,5% a/a en octobre selon l’indice harmonisé contre 7,3% en février et 5,7% en septembre). Cela se reflète dans les prix des biens manufacturés (stables depuis avril), en parallèle à une baisse sur les composantes volatiles en rythme annuel (avec la stabilisation des prix alimentaires depuis juin). Désormais, la progression des prix des services constitue la première contribution à l’inflation. Leur hausse (3,2% a/a en octobre), soutenue par la progression des salaires, devrait se modérer en 2024 à mesure que les prix à la consommation et les salaires ralentissent.
La détérioration du marché du travail depuis le T2 va en ce sens. D’ailleurs, la décélération des salaires semble déjà avoir débuté : au T3, le salaire mensuel brut n’augmentait plus que de 4,2% a/a contre 4,6% a/a au T2. Toutefois, si l’emploi salarié s’est contracté de 18 000 unités dans le secteur privé au T3 après des créations modérées au T2, cela s’expliquerait en partie par un retournement de tendance sur les contrats d’apprentissage (-100 000 entre mars et août, une baisse supérieure au mouvement saisonnier habituel, -60 000 entre ces mêmes mois en 2022).
Au global, l’économie française semble s’orienter vers une stagnation, ce que traduisent notre prévision de croissance et notre nowcast pour le 4e trimestre (0% t/t).
Stéphane Colliac (achevé de rédiger le 23/11/2023)