Hors Série

Économie mondiale : Rétrospective 2025, Perspectives 2026

12/12/2025
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Deux fois par an, les Études Économiques de BNP Paribas vous proposent de faire le point sur la situation économique mondiale lors d'une conférence dédiée. Pour l'édition de décembre 2025, l'équipe a choisi de faire un bilan de l'année écoulée et de présenter ses perspectives pour l'année 2026 avec Jean Lemierre, Président du Conseil d'administration de BNP Paribas. Nous vous en proposons ici la retransmission.

Retrouvez ici l'intégralité de la dernière Conférence des Études Économiques et les réponses aux questions posées

Les mesures prises par l'UE sont-elles suffisantes pour renforcer sa compétitivité et sa souveraineté économique ?

Les mesures ne sont certainement pas suffisantes à ce stade, mais 2025 a permis de faire émerger une position européenne beaucoup plus offensive sur ces sujets. L’UE a commencé à déployer une partie des recommandations du rapport Draghi, au travers de son « compas de compétitivité » dévoilé en février dernier. Celui-ci a débouché sur la déclinaison de plusieurs plans, destinés à la fois à bâtir de nouvelles industries (AI Continent Action Plan), à mieux protéger la compétitivité de certains secteurs industriels particulièrement affectés par la concurrence chinoise (plans de soutien à l’acier/aluminium, chimie, automobile), et à alléger les charges réglementaires pour les entreprises (avec les paquets de simplification dits « Omnibus »). La mise en action de ces plans peut prendre du temps, mais l’élan impulsé par le rapport Draghi est là.

Comment au niveau Européen accélérer le financement de l’innovation dans les domaines de souveraineté stratégique ?

La difficulté du financement de l’innovation, y compris dans les domaines de la souveraineté stratégique, réside dans le fait que la recherche nécessite des investissements importants et ne procure pas de rendement immédiat. L’épargne et l’investissement de long terme sont donc indispensables pour soutenir des projets dont la rentabilité est différée, notamment pour apporter suffisamment de fonds propres aux secteurs innovants et leur permettre de lever ensuite de la dette bancaire ou de marché. Les initiatives de la Commission européenne (Savings and investments Union) visant à faire circuler et à canaliser l’épargne dans l’Union européenne plutôt qu’à l’extérieur vont dans le bon sens. Plus tôt l’essai sera transformé en mesures concrètes déclinées dans chaque Etat membre, mieux ce sera.

Il importe également d’alléger - ou au moins de ne pas alourdir - les exigences en fonds propres susceptibles de pénaliser le financement de l’innovation par les banques, d’encourager davantage le equity financing par les assureurs et les ménages en complément des financements bancaires, de soutenir la titrisation au-delà de la proposition de la Commission européenne de juin 2025 afin de libérer davantage d’espace dans les bilans bancaires pour le financement de l’économie, et notamment les projets innovants. Enfin, il conviendrait également d’articuler de manière plus efficace les aides publiques à l’innovation entre les Etats membres et l’Union européenne afin d’éviter le morcellement et la déperdition et de concentrer l’effort collectif sur les axes prioritaires (un peu sur le modèle de la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) aux Etats-Unis dans le domaine de la défense).

Comment concilier la nécessaire souveraineté stratégique de l’Europe (alimentation, santé, armement, énergie) et la volonté chinoise de maximiser sa pénétration sur le marché européen ?

C’est tout l’équilibre recherché par l’Europe, qui, a contrario des politiques protectionnistes américaines, a choisi de poursuivre une politique de « dérisquage » face à la Chine : réduire les dépendances critiques tout en préservant les bénéfices du libre-échange, sur des secteurs moins stratégiques. Début décembre, la Commission européenne a présenté de nouvelles mesures pour renforcer la sécurité économique des 27 (durcissement des contrôles des investissements directs étrangers en Europe, renforcement des exigences en termes de transfert de technologie pour les IDE et validation du plan RESourceEU destiné à réduire la dépendance de l’Europe sur les matériaux critiques et les semi-conducteurs). Ainsi, plutôt que d’exclure la Chine, l’Europe cherche à rééquilibrer le rapport de force avec elle, ce qui n’est pas contradictoire avec un renforcement des investissements chinois en Europe.

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