Des conséquences économiques du réchauffement

13/06/2024

Parce qu’elle a recours aux énergies fossiles - encore 80% du mix énergétique dans le monde - l’activité économique produit des gaz à effet de serre - principalement du dioxyde de carbone - qui contribuent à réchauffer l’atmosphère.

Ce phénomène, théorisé par le mathématicien français Joseph Fourier il y a tout juste deux-cents ans et sur lequel le GIEC - le Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat - alerte depuis plus de trente ans n’est plus contesté scientifiquement

Transcription

De l'impact des activités économiques sur l'évolution du climat :

Parce qu'elle a recours aux énergies fossiles, encore 80 % du mix énergétique dans le monde, l'activité économique émet des gaz à effet de serre, principalement du dioxyde de carbone, qui contribue à réchauffer l'atmosphère. Ce phénomène, théorisé il y a tout juste 200 ans par le mathématicien français Joseph Fourier, et sur lequel le GIEC, le groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat, alerte depuis 30 ans, n'est plus guère contesté scientifiquement.

Depuis l'ère préindustrielle, par convention de la période 1850-1900, la hausse moyenne des températures à la surface du globe atteint 1,3 degré, ce qui est extrêmement rapide à l'échelle des temps géologiques et sans précédent dans toute l'histoire de l'humanité.

Le réchauffement accéléré de l'atmosphère met déjà en péril les écosystèmes les plus fragiles, comme les récifs coralliens ou les glaciers de montagne. Il est également responsable de l'intensification des événements climatiques extrêmes, comme les vagues de chaleur, sécheresse, incendies de forêt, ouragans, inondations ou submersions.

Quant aux conséquences socio-économiques du réchauffement climatique, elles sont déjà en bonne place sur la liste des principaux motifs de préoccupation du GIEC, pour reprendre la terminologie consacrée. Elles sont aussi au coeur de l'argumentation pour une limitation à moins de 2 degrés du réchauffement climatique.

Au voisinage de cette limite, à fortiori au-delà, les conflits autour du partage des ressources, les déplacements de population ou le creusement des inégalités font peser un risque encore plus important qu'aujourd'hui sur la stabilité politique et économique mondiale.

De l'impact de l'évolution du climat sur les activités économiques

Paradoxalement, toutes les études qui ont tenté de chiffrer les impacts macroéconomiques du réchauffement climatique ont conclu, jusqu'ici, à des pertes assez limitées en termes de PIB. Il se trouve toutefois que le National Bureau of Economic Research, un institut indépendant de recherche américain, réputé pour son sérieux, puisque c'est lui qui, par exemple, fait la datation officielle des cycles aux Etats-Unis, a fait une étude* qui est venue rebattre les cartes.

Les auteurs de l'étude adoptent une approche assez originale consistant à relier les événements climatiques extrêmes et les pertes économiques associées dans tous les pays depuis une soixantaine d'années, non pas, aux variations de température locale, mais aux variations de température globale.

Un exemple simple peut permettre de comprendre la démarche.

Aux Etats-Unis, l'intensité des ouragans qui touchent la Floride ou la Louisiane n'est pas tant due aux variations de température sur le sol américain qu'à la surface de l'océan Atlantique, là où se forme le phénomène.

Selon cette nouvelle approche globale, le coût économique du réchauffement climatique apparaît bien plus élevé qu'initialement estimé.

Dans un scénario de réchauffement à plus 3°C, le PIB mondial par tête se verrait amputé de l'ordre de 50 % à l'horizon 2100, ce qui constitue un choc extrêmement sévère, équivalent, nous disent les auteurs de l'étude, à un conflit armé sans fin.

Précision importante, il s'agit d'une perte, non pas en valeur absolue, mais relative, c'est-à-dire estimée par rapport à un scénario sans réchauffement climatique.

Il n'y a pas à proprement parler et nécessairement appauvrissement au sens strict du terme, mais simplement un manque à gagner considérable à laisser se poursuivre le réchauffement climatique.

De fait, les auteurs de l'étude concluent leur papier sur un chiffre évocateur. Le coût social du carbone, autrement dit, la somme des dommages actualisés causés par une tonne de CO2 émise, est évaluée à un peu plus de 1 000 $ par tonne. À ce prix, beaucoup plus important que ce qui était estimé jusqu'à présent, l'opportunité d'investir dans des énergies alternatives aux fossiles est justifiée non seulement, d'un point de vue écologique, mais aussi financier.

*The Macroeconomic Impact of Climate Change: Global vs. Local Temperature | NBER

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE