En janvier, les enquêtes ISM sur le climat des affaires ont envoyé des signaux contrastés : l’indice du secteur manufacturier a continué de se dégrader, s’enfonçant en zone de contraction (47,4), tandis que celui du secteur non-manufacturier a fortement rebondi (à 55,2), effaçant quasiment entièrement sa chute de décembre. L’indicateur composite avancé du Conference Board a reculé en janvier pour le dixième mois consécutif mais plus modérément (-0,3% m/m après -0,9% en moyenne les trois mois précédents). Si le signal récessif de cet indicateur est clair, il n’a pas encore gagné l’indicateur coïncident , qui frôle toutefois la stabilisation.
Du côté du consommateur américain, les signaux sont positifs. Selon l’enquête du Conference Board, la confiance des ménages est certes repartie à la baisse en janvier mais après un bond en décembre 2022, une remontée qui s’est poursuivie jusqu’en février selon l’enquête de l’Université du Michigan. Au T4 2022, la consommation de biens a renoué avec la hausse après deux trimestres de baisse, tandis que la progression de la consommation de services est restée relativement soutenue. Les ventes au détail (en valeur) ont surpris très favorablement en janvier, avec une hausse de 3% m/m. La morsure de l’inflation est visible sur le pouvoir d’achat des ménages (en baisse de 1,7% en g.a. en décembre), moins sur leur consommation (en hausse de 2,2%).
Ce chiffre très favorable des ventes au détail fait écho à celui des créations d’emplois salariés non agricoles en janvier, également très positif (+517k). À noter que les statistiques de janvier ont pu être biaisées à la hausse par une météo clémente après l’épisode glacial de décembre. Il reste toutefois un secteur où les nouvelles sont négatives, celui de l’immobilier.
La désinflation s’est poursuivie en janvier mais beaucoup moins vite que lors des trois mois précédents, rappelant le risque d’un processus lent. Ce tableau conjoncturel plaide en faveur d’au moins deux autres hausses de taux de la Fed (de 25 pb chacune en mars et en mai 2023 selon nos prévisions).
Après un creux à 0,6% en rythme trimestriel annualisé, l’estimation GDPNow de la Réserve fédérale d’Atlanta de la croissance au T1 2023 s’élève, à la mi-février, à 2,5% ; ce rythme inférieur mais proche de celui du T4 2022 (2,9%) souligne les risques à la hausse entourant notre propre prévision (1%).
Hélène Baudchon