Les enquêtes auprès des entreprise japonaises évoluant dans les services (PMI services, Economy Watchers survey) offrent peu de visibilité, oscillant depuis plusieurs mois entre hausse et baisse. Les indices dans le secteur manufacturier fournissent une tendance plus claire : l‘activité se dégrade progressivement, malgré la baisse notable des tensions sur les chaînes de production auxquelles sont fortement liés les industriels nippons. L’indice PMI manufacturier est resté en janvier dernier sous le seuil d’expansion, à 48,9, en baisse quasi-constante depuis 10 mois.
La confiance des ménages et leur comportement s’ajustent à des perspectives d’inflation de plus en plus détériorées. Selon l‘enquête du Cabinet Office, plus de 6 ménages sur 10 anticipaient en janvier une inflation supérieure ou égale à 5% d’ici un an. Ils n’étaient que 3 sur 10 avant le début de la guerre en Ukraine et moins de 2 sur 10 avant la crise sanitaire. Les intentions d’achat de biens durables, qui ont touché un nouveau point bas en novembre dernier, ne sont remontées que très légèrement depuis. Elles reflètent parfaitement les arbitrages de consommation des ménages, contraints par la baisse de leur pouvoir d’achat.
L’inflation ne montre aucun signe d’essoufflement cet hiver. L’indice des prix à la consommation (IPC) a progressé plus rapidement en décembre, atteignant la barre des 4% a/a, tandis que la mesure suivie par la Banque du Japon (IPC hors aliments périssables) a crû davantage, à 4,1% a/a. L’envolée des prix dans l’alimentation, qui pèse pour un quart du panier de consommation des ménages, s’établit à 6,9% a/a et constitue de loin le plus gros contributeur à l’inflation (1,8 point de pourcentage en décembre). Alors que la dépréciation du yen s’est estompée, la hausse des coûts de l’énergie (encore extrêmement importante en janvier, avec des prix à la production dans le secteur en hausse de 49,7% a/a) continue de générer une forte pression sur les prix.
Le taux de chômage est resté stable à un très bas niveau, à 2,5%, en décembre dernier. Le marché du travail ne s’est pourtant pas totalement remis du choc de la Covid-19, les nouvelles ouvertures de postes et le niveau d‘emploi étant toujours inférieurs à ceux de la fin 2019. Dans ce contexte, la croissance resterait modérément positive à l’horizon des prochains trimestres.
Guillaume Derrien