Le redressement du climat des affaires signale un risque à la hausse sur notre prévision actuelle d'une contraction du PIB espagnol au T1 2023. L’indicateur composite PMI est repassé au-dessus de la barre des 50 en janvier (51,6), cinq mois après avoir basculé sous ce seuil. Ce rebond est attribuable aux services (52,7), tandis que l‘activité manufacturière demeure en zone de contraction (48,4). Si la production industrielle a progressé de 0,8% m/m en décembre et de 2,8% en 2022, elle a tout juste comblé son déficit par rapport à 2019.
La confiance des ménages espagnols a également rebondi avec des perspectives d’inflation moins moroses, sans pour autant présager d’un rebond de la consommation : les intentions d’achat de biens durables sont peu ou prou au même niveau que durant les périodes de confinement de 2020. Par ailleurs, le taux d’épargne des ménages – 5,8% au T3 2022 – est rapidement descendu, avec le choc inflationniste, des sommets atteints lors des confinements, s’établissant largement en dessous de sa moyenne des vingt dernières années (8,9%). Un dégonflement que l’on n’observe pas en France ou en Allemagne par exemple.
L’inflation est repartie à la hausse en janvier, passant de 5,7% à 5,9% en g.a., malgré la déflation plus importante des prix énergétiques. L’inflation sous-jacente progresse encore de façon significative, de 7,0% à 7,5%, alimentée principalement par les produits alimentaires (15,7% a/a en janvier), qui contribuent pour moitié à l’inflation. La suppression en janvier de la TVA sur une liste de produits de première nécessité, constituée principalement de biens alimentaires (pain, lait, farine, œufs, etc.), ne porte pas encore ses fruits. En réaction, le gouvernement a ouvert, le 20 février dernier, un observatoire de la chaîne alimentaire (Observatorio de la Cadena Alimentaria) afin d’évaluer, avec les acteurs du secteur, l’impact de cette suppression de TVA, et d’envisager d’éventuels ajustements.
Nous anticipons un net ralentissement de l‘activité économique en 2023, qui devrait s’accompagner d’une baisse également marquée du rythme des embauches. Les recrutements ont déjà marqué le pas, avec deux légères baisses consécutives en décembre (-8 300) 2022 et janvier 2023 (-12 200) et, les premières depuis avril 2021.
Guillaume Derrien