Aux États-Unis, le ratio vacance d’emploi-chômage demeure très élevé, signe parmi d’autres d’un marché du travail en grande tension. Ce ratio devrait diminuer avec le ralentissement de l’économie, qui s’accompagne, d’après les données historiques, d’une décélération de la croissance des salaires. Néanmoins, le processus pourrait prendre, cette fois-ci, plus de temps, et ce pour deux raisons : d’une part, la rétention de main-d’œuvre qui devrait limiter la hausse des licenciements et, par conséquent, le taux de chômage, et, d’autre part, le taux élevé de vacance d’emploi, qui devrait soutenir la création d’emplois. Autrement dit, la désinflation risque fort d’être lente.
Le marché du travail américain reste très tendu, comme le montrent la faiblesse du taux de chômage, le rythme mensuel des créations d’emplois — particulièrement impressionnant en janvier — et le taux élevé d’emplois non pourvus (i.e. vacance d’emploi). Le taux de recrutement a bien reculé ces derniers mois, mais il se maintient dans le haut de la fourchette historique qui prévalait avant la pandémie de Covid-19 (graphique 1). De plus, le ratio vacance d’emploi-chômage reste très élevé, autre signe d’un marché du travail en tension (graphique 2).
Avec la poursuite du ralentissement de l’économie, ce ratio devrait baisser sous l’effet d’une diminution du taux de vacance d’emploi et d’une augmentation du taux de chômage. Comme le montrent les données historiques, une telle évolution s’accompagne d’un ralentissement de la croissance des salaires. Ce processus est habituellement très progressif, mais une étude réalisée par la Banque de la Réserve fédérale de Kansas City montre qu’à partir d’un certain point, comme ce fut le cas lors des récessions de 2001 et de 2008, « la croissance des salaires a brusquement chuté alors que le ratio vacance d’emploi-chômage avait peu évolué »[1]. En cas de ralentissement suffisant de la croissance des salaires, l’inflation sous-jacente pourrait également se replier (graphique 3).[2]