Au 1er trimestre 2023, la croissance américaine s’est établie à +0,3% t/t. Ce résultat est nettement en-deçà des attentes : le chiffre est deux fois moindre que l’estimation GDPNow de la Réserve fédérale d’Atlanta et que notre prévision (0,6%). La croissance ne serait donc pas si imperméable que cela au choc inflationniste et au resserrement monétaire.
Si l’analyse détaillée de ce chiffre permet d’en relativiser la faiblesse (essentiellement due à la contribution très négative des variations de stocks) et si les traces de la récession attendue sont encore réduites - voire totalement absentes au niveau du marché du travail - l’inquiétude grandit néanmoins. Pour le moment, les perspectives de croissance au 2e trimestre restent positives : modérément selon nous (+0,2% t/t), plus nettement selon l’estimation GDPNow (+0,7% t/t).
Le signal donné par les enquêtes de confiance pour le mois d’avril est lui aussi assez positif. Trois des quatre principales enquêtes suivies se sont légèrement redressées : l’indice ISM du secteur manufacturier (+0,8 point, à 47,1), l’indice ISM du secteur non-manufacturier (+0,7 point, à 51,9, après sa chute de près de 4 points en mars), l’enquête de l’Université du Michigan sur la confiance des ménages (+1,5 point, à 63,5, ce qui reste un niveau très bas). L’enquête du Conference Board sur la confiance des ménages se distingue par une baisse importante (-2,7 points, à 101,3), qui ramène l’indice à son niveau de novembre 2022 et efface entièrement le redressement des premiers mois de 2023. L’enquête de l’Université du Michigan a aussi franchement baissé en mai selon l’estimation préliminaire.
Le signal de l’indicateur composite avancé du Conference Board reste également très négatif : 13e baisse consécutive en avril ; recul significatif de 0,7% m/m en moyenne ; baisse de près de 9% en glissement annualisé sur 6 mois, tout aussi marqué ; baisse généralisée avec un indice de diffusion de 20 seulement. En outre, la hausse du nombre de faillites d’entreprises de grande taille est un nouveau point à surveiller[1].
Sur le front de l'inflation, la situation semble prendre une meilleure tournure. L’inflation headline (mesure CPI) a, de nouveau, légèrement baissé en avril (-0,1 point, à 4,9% en g.a.), retrouvant son plus bas niveau depuis mai 2021. L’inflation sous-jacente a également reculé (-0,1 point, à 5,5%) à la faveur d’une décélération un peu plus nette des prix des services, ce qui constitue une évolution encourageante. Si l’inflation demeure très élevée, elle semble bien prendre le chemin de la baisse. D’après nous, la Fed pourrait donc en avoir fini avec les hausses de taux. Les minutes de mai indiquent toutefois des avis partagés sur la question au sein du FOMC.
Hélène Baudchon (achevé de rédiger le 26/05/2023)