Les enquêtes sur le climat des affaires de l’Insee se sont détériorées en avril et en mai, faisant craindre que le rebond de l’activité observé au 1er trimestre (+0,2% t/t, après 0% t/t au T4) ait été en partie temporaire. Les effets exceptionnels, liés à la réaccélération de la production manufacturière en tout début d’année et à ses effets induits favorables sur la production de services et sur l’emploi, semblent donc s’être rapidement évaporés. Selon l’indice composite du climat des affaires, la perte de dynamisme observée en avril s’est renforcée en mai et la confiance dans les services, à 101, a même atteint son plus bas niveau depuis novembre 2016 (hors période de Covid).
La confiance des ménages marque, en revanche, un léger rebond au mois d’avril (à 83 en avril contre 82 en mars). Néanmoins, ce dernier reste trop timide pour contrecarrer la confiance amoindrie des entreprises. En conséquence, la consommation des ménages devrait rester proche de son point bas atteint au 4e trimestre ; elle avait alors diminué de -1% t/t avant de stagner au 1er trimestre 2023.
La baisse de l’inflation est trop récente pour affecter les dépenses des ménages : elle a culminé à 7,3% a/a en février (indice harmonisé), le reflux de l’inflation alimentaire reste relativement mineur au regard de son pic (15% a/a en avril contre 15,9% a/a en mars) et l’inflation sous-jacente a encore augmenté (4,7% a/a en avril). Divers éléments annoncent cependant une désinflation : amorce de repli du prix des produits frais (après une hausse de 11% entre décembre et mars, réversible car liée à la culture sous serres en hiver, une première baisse de 2,9% m/m étant enregistrée en avril), décrue du solde d’opinion sur la hausse prévue des prix de vente dans le secteur manufacturier (de 47 points en décembre 2022 à 3 en mai 2023).
Le marché du travail témoigne encore d’un relatif dynamisme, avec 42 000 créations de postes nettes au 1er trimestre 2023 selon l’Insee, un niveau voisin de celui du 4e trimestre. Toutefois, sa composition montre le rôle joué par les services marchands hors intérim (58 000 créations), qui apparaît temporaire (le climat de l’emploi de l’Insee s’est replié de 110 en mars à 106 en mai). Dans le même temps, les destructions nettes observées dans le travail intérimaire (21 000 emplois) et dans la construction (3 000 emplois, pour la première fois depuis le T4 2016) suggèrent un début de détérioration.
Nous prévoyons une croissance de 0,2% t/t au 2e trimestre 2023, soit le même rythme qu’au 1er trimestre, avant un ralentissement net attendu au 2nd semestre : toutefois, notre nowcast (0% t/t) indique que le ralentissement pourrait être intervenu dès le T2, un élément à surveiller dans les prochaines enquêtes de conjoncture.
Stéphane Colliac (achevé de rédiger le 25/05/2023)