L’économie britannique a crû de 0,1% t/t au T1 2023, soit au même rythme qu’au T4 2022. La croissance a connu des hauts et des bas au cours du premier trimestre. Le PIB réel a d’abord rebondi en janvier (+0,5% m/m) après un mois de décembre difficile (-0,5% m/m), porté par le secteur des services (+0,8% m/m). L’économie a ensuite stagné en février, la progression de l’activité dans le secteur de la construction (+2,6% m/m) s’étant accompagnée d’un recul dans les services (-0,2% m/m). Enfin, le PIB a fléchi en mars (-0,2% m/m), tiré une nouvelle fois vers le bas par les services (-0,5% m/m). Par rapport au début de la guerre en Ukraine au T1 2022, le PIB du Royaume-Uni a quasiment stagné, avec une hausse de seulement 0,2%.
L’indice de confiance des consommateurs a toutefois poursuivi son redressement en mai (-27 contre -45 en janvier), retrouvant les niveaux antérieurs à la guerre en Ukraine. Néanmoins, cette amélioration doit encore se traduire dans une consommation plus dynamique : les dépenses des ménages ont, en effet, stagné au T1, après une hausse de 0,2% t/t au T4 2022.
La désinflation s’est poursuivie en avril (8,7% a/a), les effets de base sur les prix de l’énergie disparaissant de l’équation. La surprise est venue de l’inflation sous-jacente qui a nettement augmenté (+6,8% a/a en avril contre +6,2% a/a en mars). La Banque d’Angleterre a décidé d’une nouvelle hausse de 25 points de base de son taux directeur en mai. Si cette augmentation était attendue, la tonalité du rapport de la réunion sur les prévisions d’inflation, qui serait plus persistante, et celles de croissance, plus forte en 2023, ainsi que les données d’inflation devraient l’inciter à une nouvelle hausse de taux en juin, puis en août.
Le marché du travail semble, de son côté, s’essouffler. Selon la 1ère estimation de l’ONS, 136 000 emplois ont été détruits en avril, la première baisse depuis février 2021. Par ailleurs, la croissance des salaires du secteur privé sur les 3 mois précédant mars s’est stabilisée à un niveau élevé (+7,0% a/a), laissant espérer un début de ralentissement de la boucle prix-salaires.
L’économie britannique a donc résisté au T1 et devrait échapper à la récession en 2023. Nous prévoyons toutefois une croissance faible de 0,4% cette année. Le resserrement monétaire continuera d’affaiblir les intentions d’investissement et l’inflation de rogner le pouvoir d’achat des ménages.
Guillaume Derrien et Louis Morillon (stagiaire). Achevé de rédiger le 25/05/2023.