La croissance de la zone euro au 1er trimestre 2023 s’est établie à +0,1% t/t selon les données disponibles[1]. Ce résultat en deçà de notre prévision (+0,3% t/t) déçoit donc, même s’il dépasse notre estimation nowcast (-0,0%). Cette croissance faible vient aussi relativiser l’impression de résistance du PIB signalée par la plupart des données d’enquêtes et d’activité au cours du 1er trimestre.
Au 2e trimestre, compte tenu de l’orientation désormais plus mitigée des enquêtes sur le climat des affaires, la problématique de la faiblesse de la croissance pourrait bien prendre le pas sur celle de sa résistance. Si notre prévision de croissance table encore sur un chiffre légèrement positif (+0,2% t/t), notre estimation nowcast est plus pessimiste (-0,1% t/t).
L’indice PMI composite de S&P Global a, certes, poursuivi son redressement en avril mais de manière nettement moins importante qu’au cours des quatre mois précédents. L’amélioration du climat des affaires dans les services – elle-même de moindre ampleur – est aussi contrebalancée par une détérioration significative dans le secteur manufacturier.
En outre, pour la première fois depuis octobre 2022, le PMI composite a fléchi au mois de mai (-0,8 point, à 53,3). Quant à l’indicateur du sentiment économique de la Commission européenne, il est sur une tendance étale, voire légèrement déclinante, depuis février. La perte progressive de dynamisme de la conjoncture économique est visible sur la carte thermique ci-contre (moins de rouge, plus de rose pâle et de bleu).
Deux indicateurs se distinguent favorablement dans ce panorama plus mitigé : la confiance des consommateurs (qui se redresse depuis octobre 2022, mais à partir d’un bas niveau) et le taux de chômage (toujours orienté à la baisse avec 6,5% de la population active en mars).
L’inflation demeure un point noir car la désinflation reste très lente et limitée. Néanmoins, les prochains mois pourraient marquer une inflexion plus nette à en croire certaines évolutions récentes et les indicateurs avancés de l’inflation. En avril, l’inflation headline a légèrement augmenté (+0,1 point, à 7% en g.a.), les effets de base favorables du mois précédent sur la composante énergie ayant disparu. Mais cette hausse peut être relativisée par le reflux de l’inflation alimentaire et de l’inflation sous-jacente. Ce recul est modeste mais il est le premier depuis la mi-2021. S’ils existent, les signes de modération de l’inflation restent trop timides et l’inflation bien trop élevée pour que la BCE ne décide pas d’une nouvelle hausse de taux lors de sa prochaine réunion le 15 juin (+25 pb d’après nos prévisions).
Hélène Baudchon (achevé de rédiger le 25/05/2023)