La croissance espagnole s’est légèrement renforcée au T1 2023, à +0,5% t/t, selon les chiffres préliminaires de l’INE. Toutefois, cette accélération, soutenue par l’investissement et la demande extérieure, ne permet pas au PIB réel de franchir le seuil de l’avant-Covid. Il affiche en effet encore un léger déficit de 0,2% par rapport au T4 2019. La consommation des ménages sur les deux derniers trimestres (-1,3% au T1 2023 et -1,7% t/t au T4 2022) est en baisse. Nous prévoyons un ralentissement de l’activité au cours des prochains mois, mais pas de décrochage : le PIB progresserait de 0,3% t/t au deuxième trimestre, avant de se stabiliser le trimestre suivant.
L’inflation est repartie à la hausse en avril, passant de 3,0% en mars à 3,8% en glissement annuel, en raison d’effets de base défavorables sur le poste énergie. Si cette dynamique a toutes les chances de s’inverser en mai, le processus de désinflation devrait s’inscrire dans la durée, le choc sur les coûts de production se propageant à la plupart des postes de la consommation, et notamment les services : la hausse des prix dans ce secteur reste importante, à 4,4% en glissement annuel en avril.
La confiance des ménages a été jusqu’ici peu affectée par l’augmentation des taux d’intérêt. Elle s’est même rétablie grâce au net reflux de l’inflation depuis l’été dernier et à la très bonne tenue de l’emploi. Même s’il reste inférieur à sa moyenne de long terme, l’indice de confiance des consommateurs de la Commission européenne a rebondi de 3,7 points en avril, retrouvant ainsi son meilleur niveau depuis quatorze mois. Le climat des affaires s’est également amélioré en avril dans l’ensemble des secteurs (industrie, construction, services, ventes au détail). La demande extérieure reste néanmoins fragile : l’indicateur PMI pour les nouvelles commandes à l’exportation s’est replié de 48,7 en mars à 47,0 en avril.
Le marché du travail ne montre toujours aucun signe de ralentissement. Selon l’agence espagnole pour l’emploi (SEPE), près de 129 000 emplois nets ont été créés en avril, soit une progression de 362 600 sur les trois derniers mois. C’est la hausse trimestrielle la plus importante depuis 2005, si on exclut les évolutions de 2020 liées aux phases de déconfinement. Le taux de chômage – 12,8% en mars – est resté globalement stable au cours des douze derniers mois, en raison de l’expansion concomitante de la population active.
Guillaume Derrien, achevé de rédiger le 24/05/2023