Au mois de mars 2023, la masse monétaire M2 s’est, pour le cinquième mois consécutif, contractée aux États-Unis (-4,5% sur un an). L’identification des principales sources de création/destruction monétaire révèle l’incidence du contexte monétaire restrictif et des arbitrages qui en découlent.
D’abord, le canal du crédit (histogramme vert), moteur traditionnel de la création des dépôts, s’affaiblit depuis plusieurs mois (resserrement des critères d’octroi et baisse de la demande de prêts bancaires). Ensuite, les ménages américains souscrivent largement aux nouvelles émissions de titres de dette du Trésor et de titres adossés à des créances hypothécaires. Il en découle que la réduction du bilan de la Fed (Quantitative Tightening, QT) détruit une partie des dépôts bancaires créés par le dernier assouplissement quantitatif (Quantitative Easing, QE) (histogrammes bleu et vert hachuré). Le resserrement de la politique monétaire est, en outre, propice à un élargissement des ressources à long terme des banques commerciales (histogramme gris) : des dépôts à terme et des emprunts sécurisés (advances) auprès des Federal Home Loan Banks (FHLB). Enfin, les mises en pension de titres (Overnight Reverse Repo Facility) réalisées par la Fed auprès des fonds monétaires, en contrepartie d’une rémunération généreuse, continuent de stériliser une partie de la monnaie précédemment créée (histogramme gris). En mars, les craintes quant à la solidité de certaines banques régionales ont provoqué la fuite de USD 400 milliards de cash des comptes de dépôts vers les parts de fonds monétaires, mieux rémunérées. Or, 80% de ces ressources ont été « prêtées » par les fonds à la Fed ou investies en titres de dette des FHLB, et donc in fine stérilisées ou converties en dette bancaire à long terme par le biais des advances, ce qui a réduit la masse monétaire.