D’après Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine (Fed), le processus de désinflation est engagé aux États-Unis. En janvier 2023, l’inflation américaine (mesure IPC) a en effet baissé pour le septième mois consécutif, perdant ainsi 2,7 points de pourcentage depuis son pic de 9,1% en juin 2022 (en glissement annuel). L’inflation sous-jacente est également orientée à la baisse mais de manière moins marquée (-1 point depuis son pic, plus tardif, de 6,6% en septembre 2022). Du côté de la zone euro, le processus de désinflation n’est pas encore pleinement engagé. Si l’inflation totale semble avoir passé son pic – elle baisse depuis trois mois et elle a perdu 2,1 points – ce n’est pas le cas de l’inflation sous-jacente, stable à 5,2% en janvier 2023 selon l’estimation préliminaire d’Eurostat.
Plus que le nombre de mois de baisse de l’inflation, c’est l’ampleur de la désinflation et son caractère généralisé (ou non) qui importent. Or, il suffit de regarder l’évolution des deux grands postes de l’inflation sous-jacente (les prix des biens et ceux des services) pour constater que la désinflation actuelle aux États-Unis repose sur une base très étroite. En effet, seuls les prix des biens décélèrent, certes très fortement, mais ils pèsent bien moins lourd dans l’IPC (21%) que les prix des services (58%) qui continuent d’accélérer. Dans la zone euro, aucune des deux métriques ne baisse encore.
Alors que la désinflation sur les biens devrait s’amplifier, voire tourner en déflation, à l’horizon des prochains mois, l’inflation des services devrait faire preuve, en revanche, de plus d’inertie (du fait notamment de celle des loyers), freinant la baisse globale de l’inflation. C’est lorsque l’inflation des services baissera franchement à son tour ou, à tout le moins, en donnera des signes probants (à condition également que les autres composantes de l’IPC (les biens, l’énergie et l’alimentaire) ne repartent pas à la hausse, ce que l’on ne peut exclure), que l’on pourra considérer que la victoire contre l’inflation est proche. Ce n’est pas le cas pour l’heure et cela ne devrait pas l’être avant plusieurs mois. La Fed et la BCE mettront fin à la remontée de leurs taux directeurs lorsqu’elles anticiperont ce moment avec suffisamment de conviction.