La Réserve fédérale américaine (Fed) a injecté, au cours des trois derniers mois, plus de USD 360 mds de monnaie centrale par le biais d’opérations de prise en pension de titres publics et d’achats fermes de T-bills. Afin d’écarter le risque que les besoins spécifiques des participants, à l’approche de la clôture de leurs comptes annuels, ne lui fassent perdre, à nouveau, le contrôle des taux courts, ses interventions vont encore monter en puissance d’ici le 31 décembre. D’ici la fin d’année, en supposant un tirage complet des ressources offertes, USD 650 mds de liquidités centrales auront été injectées. Ce soutien colossal pourrait néanmoins se révéler insuffisant
Les derniers chiffres du chômage et des créations d'emploi ont agréablement surpris. Ils continuent à dépasser la moyenne de long-terme. Un marché du travail en bonne santé renforce la confiance des ménages qui reste bien au-dessus de la moyenne de long-terme, ainsi que les ventes de détail dont les chiffres étaient supérieurs aux attentes. Plusieurs indices ont toutefois déçu les attentes et se positionnent en dessous des moyennes historiques. Cela est le signe d'un ralentissement économique en dépit des chiffres satisfaisants du PIB pour le troisième trimestre. C’est le message donné par les deux indices ISM. Il faut noter, par ailleurs, qu'à l'instar de nombreux autres pays, la production industrielle est sous pression.
La réforme des fonds monétaires américains de 2014 avait conduit à une réallocation massive des liquidités placées auprès des fonds investis en dette privée (prime funds) vers les fonds investis en dette publique (government funds)*. Les banques étrangères, emprunteuses traditionnelles auprès des prime funds, avaient ainsi été privées d’un accès au dollar, tandis que le Trésor américain, les agences fédérales et les banques américaines avaient bénéficié d’un afflux de ressources**. Au cours des deux dernières années, à la faveur d’une amélioration des rendements offerts, l’épargne collectée, tant par les government funds que par les prime funds, s’est nettement accrue (+ USD 450 mds et + USD 430 mds, respectivement)
Ces dernières semaines, les marchés actions ont affiché de solides performances. Aux États-Unis en particulier, il est difficile d’y voir une amélioration des anticipations de bénéfices ou la perspective de baisses du taux officiel supérieures aux anticipations. L’évolution des marchés actions serait, alors, principalement due au repli de la prime de risque demandée. Les rendements des Treasuries ont aussi bondi, ce qui serait largement imputable à l’augmentation de la prime de terme
Le 10 octobre dernier, les régulateurs bancaires américains relevaient les seuils d’application des exigences de capital et de liquidité imposées aux grandes banques. Si le nouveau cadre ne modifie pas les exigences prudentielles des huit principaux groupes bancaires, il allège en revanche celui des grandes banques régionales. Le nombre de banques soumises à la contrainte de liquidité bâloise LCR va être réduit et la définition des fonds propres durs sera en partie assouplie. De manière générale, les règles finalisées au cours des deux derniers mois vont sensiblement resserrer le périmètre d’application de Bâle 3 aux Etats-Unis
Les chocs d’incertitude ont-ils des effets symétriques ou asymétriques? Cette question est centrale car, depuis 2018, l’incertitude agit comme un vent contraire sur la croissance mondiale. Par ailleurs, sur la base des dernières informations concernant l’avancée des négociations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine et de celles sur le Brexit, le pic d’incertitude est peut-être derrière nous. La recherche empirique montre que les phases d’augmentation de l’incertitude ont un plus grand impact sur l’économie que les phases de baisse, en particulier quand la croissance est déjà lente. La reprise de la croissance ne pourra donc qu’être progressive.
Les États-Unis restent la première économie mondiale en termes de PIB nominal et affichent l’un des PIB par habitant (PPA) les plus élevés au monde. Le pays, qui a été à l’origine de la crise financière mondiale (2008-2009), s’est rapidement redressé au cours de la décennie écoulée, en partie grâce à l’essor de l’industrie de l’huile et du gaz de schiste. Cependant, les États-Unis ont perdu du terrain dans certains autres secteurs industriels clés, principalement vis-à-vis de la Chine. Celle-ci est devenue un leader mondial dans les équipements d’information et de télécommunications et, par conséquent, l’un des plus grands fournisseurs des entreprises américaines. Cette dépendance accrue, ainsi que des déficits commerciaux toujours plus importants ont conduit à un changement radical de la politique américaine du commerce extérieur et à une hausse notable des droits de douane américains sur les importations.
Après la crise du Covid-19, l’économie américaine s’est contractée de 3,4% en 2020. La récession – la plus grave depuis 1946 – a néanmoins été suivie, en 2021, d’un rapide et solide rebond, les États-Unis ayant été l’un des premiers pays à vacciner sa population et à connaître un redressement économique après les pertes dues à la pandémie. Sous l’effet des mesures adoptées par les pouvoirs publics pour limiter les conséquences de la crise, la dette publique et les déficits se sont envolés.