Le vaccin tient ses promesses, Joe Biden aussi. Les quelque 400 milliards de dollars de chèques distribués au titre du stimulus bill et l’immunité partielle acquise contre la Covid-19 font que les Américains circulent et dépensent à nouveau beaucoup. Vraiment beaucoup. Au terme d’un mois de mars de tous les records, leur consommation a bondi de plus de 10% au premier trimestre (en rythme annualisé, r.a.). Le PIB a connu une croissance de 6,4% (r.a.), qui va encore accélérer dans les semaines et les mois à venir. À l’été 2021, il aura dépassé son niveau de fin 2019 et effacé ses pertes liées à la pandémie. Au même titre que le renchérissement des matières premières - les cours des métaux industriels tutoient les sommets - et la pénurie de composants électroniques, la mise sous tension de l’économie américaine réveille les anticipations d’inflation. Le taux des swaps indexés à 10 ans a poursuivi sa remontée au cours des derniers jours, jusqu’à dépasser 2,5%, ce qui ne s’était plus vu depuis 2014. De fait, les prix à la consommation s’animent : leur hausse sur un an a été de 2,6% en mars ; il est probable qu’elle dépasse 3% en avril, lorsque les indices se compareront à ceux, anormalement bas, du printemps 2020. Il s’agit là de statistiques économiques qui indiquent un rattrapage, mais disent finalement peu d’autres séquelles de la crise, hélas plus profondes. Au-delà d’un bilan humain tragique - près de 580 000 morts recensés à ce jour - la Covid a eu pour effet d’exclure du marché du travail des millions d’Américains, pour certains de manière durable. Si les créations de postes ont repris (+266 000 dans le secteur non agricole en avril, un chiffre inférieur aux attentes) et permis de ramener le taux chômage aux environs de 6% (6,1% en avril), elles sont loin d’avoir résorbé le déficit d’emplois dû à l’épidémie, encore mesuré à 8,5 millions. Le taux de participation des Américains à la population active reste, quant à lui, historiquement bas (61,7% en avril), signe que le retour à la normale n’est pas encore là.