Publié huit fois par an par la Réserve fédérale américaine (Fed), le Livre beige sur l’état de la conjoncture outre-Atlantique apporte, en ce mois d’avril 2021, un certain plaisir de lecture. Sans exception, les douze districts couverts par les enquêtes de la Fed enregistrent une amélioration du climat des affaires, qui confine même à l’euphorie dans les régions les plus riches et productives du nord-est des ÉtatsUnis, comme celle de Philadelphie. Avec l’accélération de la campagne vaccinale (déjà près de 200 millions de doses administrées) et le relâchement des freins aux déplacements, la consommation reprend de la vigueur. Elle bénéficie aussi des premiers chèques distribués au titre de l’American Rescue Plan, qui, au total, vont tout de même représenter USD 400 milliards, soit 2,3 points de revenu disponible.
À l’abord du printemps, la demande des ménages américains pour les biens durables (automobile, équipement du foyer…) ou encore les voyages a été forte, contribuant à mettre les prix sous tension. En mars, l’inflation est remontée à 2,6%, aussi (et surtout) en raison du renchérissement de la facture énergétique ; elle pourrait se rapprocher des 3% en avril, lorsque les prix se compareront à leurs niveaux particulièrement bas de l’année précédente.
Les recrutements s’intensifient : 1,6 million d’emplois créés au premier trimestre 2021 dans le secteur non agricole, dont 916 000 au cours du seul mois de mars, qui a dépassé les attentes. Pour l’avenir, le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, tout comme la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, se montrent raisonnablement confiants. À mesure que les États-Unis se rapprocheront de l’immunité collective, les secteurs encore paralysés par la pandémie (hôtellerie, restauration, spectacles, etc.) réembaucheront. Récemment, M. Powell s’est inscrit dans le scénario optimiste d’une poursuite au rythme mensuel d’1 million des créations de postes. À l’horizon 2022, Mme Yellen juge le retour au plein emploi possible. Elle n’est pas vraiment démentie par la Fed, qui, dans ses projections économiques de mars, envisage pour la fin d’année prochaine un retour du chômage dans la zone des 4,5% de la population active.