Alors que l’épidémie de Covid-19 n’a jamais fait autant de victimes aux États-Unis, l’espoir d’en sortir n’a jamais été aussi réel. Avec près de 3 000 décès par jour en moyenne depuis le 15 janvier, soit 50% de plus que lors du pic d’avril 2020, la situation sanitaire reste objectivement mauvaise. Au 12 février, le bilan s’établit à 470 000 morts, toujours un record dans le monde.
Parallèlement, la campagne vaccinale s’accélère. Avec près de 45 millions de doses déjà administrées et un nombre de contaminations en baisse (100 000 nouveaux cas par jour contre près du double il y a un mois), les États-Unis entrevoient le bout du tunnel. Sauf propagation d’un variant incontrôlable, l’obtention d’une immunité collective pour le début de l’automne 2021 devient envisageable, une hypothèse dans laquelle s’inscrit prudemment le conseiller en chef de la Maison Blanche pour les questions sanitaires, le docteur Anthony Fauci. L’économie américaine récupérerait alors l’essentiel du terrain perdu depuis 2019, aidée en cela par un plan de soutien budgétaire massif de USD 1 900 milliards (9 points de PIB), toujours en discussion au Congrès.
En attendant, l’activité restera sous perfusion monétaire. Dans une allocution devant le Club économique de New-York, le président de la Réserve fédérale, Jérôme Powell, a justifié le biais « patiemment accommodant » de sa politique aux vues de la situation sur le marché de l’emploi, loin d’être satisfaisante. En janvier, les créations de postes dans le secteur non agricole ont été modestes (+49 000) et trop peu nombreuses pour compenser les pertes de décembre (-227 000 postes) ; comparés à la situation pré-Covid, les effectifs au travail accusent toujours un déficit de 10 millions, une perte supérieure à celle occasionnée par la crise financière de 2008. Le chiffre du taux de chômage (6,3%) reste quant à lui minoré par un taux d’activité historiquement faible. Mesurée à 1,4% sur un an en janvier, l’inflation n’est pas un sujet. Si J. Powell entrevoit une accélération, dans le sillage de la remontée des prix du pétrole ou à l’occasion de la levée des contraintes pesant sur les déplacements, il la juge transitoire. Le retour au plein emploi et les tensions sur les prix qui peuvent en découler interviendront plus tard.