Sur l’air du « quoiqu’il en coûte », les États-Unis mènent allègrement la danse. Selon les estimations du Fonds monétaire international, ils sont de loin le pays où l’État en fait le plus pour contrer les effets dépressifs de l’épidémie de Covid-19 : près de 3 700 milliards de dollars ou 17 points de PIB engagés en 2020 (hors garanties, prêts et injections de capitaux), soit le double de l’effort budgétaire consenti dans l’Union européenne. Alors que, avec le déploiement des vaccins, un rétablissement aussi spectaculaire qu’inespéré est à portée de main, l’économie continue d’être considérablement stimulée. La nouvelle administration démocrate s’apprête à y transférer 1 900 milliards de dollars supplémentaires, peut-être beaucoup plus si son projet de modernisation des infrastructures voit le jour. 
1 , ces mesures couvrent un champ qui dépasse largement celui des victimes économiques de la pandémie. 
 
Inflation, prix des actifs : risque modéré à fort L’AMERICAN RESCUE PLAN (USD MILLIARDS) La remontée du cours des matières premières aidant (le pétrole s’est renchéri de quelque 150% depuis un an, les métaux de 60%) la mise sous tension de l’économie américaine ranime les anticipations d’inflation, notamment sur les marchés où le taux des swaps indexés à dix ans est remonté (il est actuellement proche de 2,5%). Les prix à la consommation progressent, de facto, plus vite, ne serait-ce qu’en raison d’une facture énergétique et alimentaire qui s’alourdit. Ils témoignent aussi d’un effet de rattrapage. Avec moins de contaminations et des freins aux déplacements qui se relâchent, un certain nombre d’achats jusqu’ici différés reprennent. La demande des ménages pour les biens durables (automobiles, équipements du foyer) est forte et participe au rebond des prix. À partir d’avril et dans les mois suivants, lorsque les chiffres se compareront à ceux, déprimés, du printemps 2020, l’inflation se situera nettement au-dessus de l’objectif de 2% fixé par la Réserve fédérale (Fed), la barre des 3% pouvant même être atteinte. 2 . Aux États-Unis comme ailleurs, les salaires et les prix restent objets d’arbitrages mondiaux contraignants, peut-être plus encore depuis que la crise accélère la révolution digitale dans les services. Ils ne réagissent plus comme jadis aux tensions qui s’exercent sur les capacités, un phénomène connu sous le terme d’aplatissement de la courbe de Phillips.