Depuis mars 2020, les dispositifs exceptionnels de soutien à la liquidité ont provoqué un élargissement sensible des bilans bancaires. Craignant que les exigences de levier n’entravent la transmission de la politique monétaire et la capacité des banques à prêter à l’économie, les autorités les ont temporairement assouplies aux Etats-Unis (jusqu’au 31 mars prochain), puis en zone euro (jusqu’au 27 juin). Aux États-Unis, si l’exclusion provisoire des réserves en banque centrale et titres du Trésor de l’exposition de levier (dénominateur du ratio de levier bâlois) est automatique dans le cas des grandes holdings bancaires, cette exclusion est optionnelle dans le cas de leurs filiales de dépôt
D’après la littérature académique, certains investisseurs utilisent les actions ou les options d’achat comme s’ils jouaient à la loterie. Ils savent qu’ils peuvent perdre leur mise mais espèrent empocher des gains substantiels. Les événements récents sur le marché actions américain illustrent cette idée. La combinaison d’un comportement grégaire et d’une liquidation forcée des positions courtes a entraîné une grande volatilité. Si ce phénomène devenait récurrent, l’efficacité informationnelle des cours des actions serait moindre, la prime de risque exigée augmenterait et cela influencerait le coût du capital des entreprises.
Ces derniers mois, le dollar US s’est affaibli face à l’euro tandis que l’écart entre les rendements obligataires réels des bons du Trésor américain et du Bund allemand s’est creusé. Parmi les facteurs à l’oeuvre, la politique de la Réserve fédérale est cruciale car elle influence les flux de capitaux à partir des Etats-Unis et le comportement des investisseurs de la zone euro. Le plus grand risque pouvant entraîner un changement de direction serait un nouvel épisode du « taper tantrum » de 2013, lorsque la Réserve fédérale évoquait un début de normalisation de sa politique monétaire. Cependant, il ne faut pas s’attendre de sitôt à un tel changement d’orientation.
Aux États-Unis, la situation sanitaire et économique empirera avant de s’améliorer. Les conditions hivernales ainsi que les déplacements liés aux fêtes de fin d’année ont favorisé la recrudescence de l’épidémie de Covid-19, dont la vitesse de propagation bat des records : 225 000 nouveaux cas par jour le 13 janvier (en moyenne sur 7 jours), soit 68 cas pour 100 000 habitants, un taux de contamination deux fois plus élevé que dans l’Union européenne (UE)...
C’est peu dire que le mandat du 46e président des États-Unis, Joe Biden, s’annonce compliqué. Au moment d’être investi, le 20 janvier prochain, celui-ci héritera d’une économie en rechute, conséquence d’une épidémie de Covid-19 qui s’emballe et promet d’aggraver un bilan humain déjà lourd. Au-delà de l’urgence sanitaire, la nouvelle administration démocrate devra faire face à des antagonismes politiques et sociaux qui n’ont jamais paru aussi profonds qu’à l’aube de cette nouvelle décennie. Réputé homme de dialogue, Joe Biden n’aura pas trop de sa longue expérience politique et de sa science du compromis pour parvenir à apaiser l’Amérique.
Aux États-Unis, le comportement du marché actions, par rapport au niveau d’emploi, au cours de la récession actuelle est très différent que lors des crises précédentes. La récession de 2020 se distingue par sa soudaineté et des pertes d’emplois considérables, rapidement suivies d’un rebond significatif, quoique très incomplet. Après un dévissage massif, le marché actions a rapidement rebondi et enregistré de nouvelles envolées alors même que le rebond des bénéfices – sur la base d’une moyenne mobile de douze mois – se fait toujours attendre. Pour 2021, la croissance bénéficiaire importe plus que tout autre chose.
Le marché hypothécaire américain, qui fut l’épicentre de la crise financière de 2007-2008, n’a, pour l’heure, pas été réformé. Près de la moitié des 10 000 milliards de dollars de prêts à l’habitat sont garantis par l’État fédéral par le biais de deux sociétés privées (GSE), Fannie Mae et Freddie Mac, placées sous la tutelle d’une agence fédérale, la FHFA, depuis leur sauvetage en 2008. Depuis quelques semaines, les rumeurs selon lesquelles la FHFA chercherait à précipiter la fin de la tutelle des deux agences s’intensifient. Cette décision risquerait de restreindre l’accès des ménages au crédit hypothécaire en mettant fin prématurément au GSE Patch
Un vaccin serait-il disponible rapidement qu’il faudra encore de longs mois aux États-Unis et au reste du monde pour surmonter le traumatisme causé par la pandémie de Covid-19. Si l’économie américaine compte parmi celles qui ont le mieux récupéré - la Chine se plaçant hors concours - elle porte encore de nombreux stigmates, certains bien visibles dans notre « baromètre »...
Avec près de 80 millions de voix et 306 grands électeurs obtenus sur un total de 538, le démocrate Joe Biden remporte l’élection présidentielle américaine. Battu, son adversaire Donald Trump est toutefois loin de réaliser le mauvais score que lui promettaient les sondages ; le parti républicain progresse, par ailleurs, à la Chambre des représentants, et pourrait conserver le Sénat. La priorité du futur président Biden sera de combattre une crise sanitaire qui s’aggrave et menace de faire rechuter l’économie. Or sur ce terrain, comme dans d’autres domaines (environnement, fiscalité, politique étrangère), Donald Trump cherchera à marquer son empreinte et ne fera rien pour faciliter la transition
Le 20 octobre, les régulateurs bancaires ont finalisé la traduction américaine de la norme bâloise de liquidité à long terme NSFR (Net Stable Funding Ratio)*. Cette dernière impose aux banques de maintenir un profil de financement stable au regard de la liquidité théorique de leurs expositions à l’horizon d’un an (afin de préserver leur capacité à les maintenir en cas de crise de liquidité). La règle finale se distingue de la norme bâloise, notamment, en associant aux actifs liquides de haute qualité (tels que les titres du Trésor) et aux prêts à court terme garantis par de tels actifs (prises en pension) un besoin en ressources stables nul**
Le démocrate Joe Biden apparaît bien placé dans les sondages pour remporter l’élection présidentielle du 3 novembre 2020 face au républicain Donald Trump. En raison d’un mode de scrutin particulier, le résultat est pourtant loin d’être acquis ; menacé de contestations, il pourrait, en outre, se faire attendre. Le bilan de la présidence Trump, qu’il convient pour plus d’honnêteté d’arrêter avant la crise sanitaire, est mitigé. Si l’économie, l’emploi et, plus encore, la Bourse, ont crû rapidement, les finances publiques ont connu une dérive inédite en temps de paix, tandis que les inégalités se sont creusées. L’inflation des droits de douane a peu fait pour réduire le déficit commercial. La protection de l’environnement a gravement régressé
Cinq mois après leur contraction historique de mars-avril, les indicateurs constituant notre baromètre de l’activité aux États-Unis affichent un redéploiement incomplet...
Les barrières érigées contre la pandémie de Covid-19 ont sévèrement entravé l’économie américaine au deuxième trimestre de 2020, qui a vu le PIB chuter de 9,1%, un record. Si une reprise a suivi, elle est incomplète et, surtout, très inégale, les quelque dix millions d’Américains toujours sans emploi du fait de la crise étant souvent les plus modestes. Le bilan sanitaire s’est, quant à lui, alourdi, plaçant les États-Unis au premier rang des pays les plus endeuillés (près de 200 000 victimes comptabilisées à ce jour). Donald Trump, qui a longtemps minimisé la maladie, doit en gérer les conséquences au moment d’affronter l’élection présidentielle du 3 novembre prochain. Bien que les sondages ne lui soient pas favorables, l’issue du scrutin reste très incertaine.
Depuis dix ans, les gouvernements, les institutions internationales et de plus en plus d’entreprises s’intéressent de près à la promotion d’une croissance inclusive. Sous la présidence de Jerome Powell, la croissance inclusive est devenue un axe de réflexion clé pour la Réserve fédérale, en particulier au regard des disparités entre les différents groupes socio-économiques sur le marché du travail. Il en ressort qu’un taux de chômage en baisse ne peut justifier un resserrement monétaire préventif. Au contraire, cela pourrait freiner l’accès à l’emploi de certaines catégories de travailleurs. Il sera intéressant de voir si d’autres banques centrales suivront l’exemple de la Fed et, en particulier, la BCE dans le cadre de sa revue stratégique.
Aux États-Unis comme presque partout ailleurs, l’économie s’est trouvée partiellement paralysée au printemps 2020, du fait des mesures de protection imposées par la pandémie de Covid-19...
La Réserve fédérale américaine modifie ses objectifs d’inflation à long terme. Désormais, la politique monétaire ciblera le déficit d’emplois pour parvenir au plein emploi, plutôt que les écarts positif ou négatif. Surtout, la Banque centrale américaine vise désormais un taux d’inflation moyen de 2% dans la durée. Cette annonce implique un biais plus accommodant, les premières hausses de taux d’intérêt s’en trouvant repoussées dans le temps. Elle signifie en outre, à terme, une diminution de la lisibilité de la fonction de réaction de la Fed : quand l’inflation moyenne (concept qui reste à définir) justifiera-t-elle un resserrement de la politique monétaire ? Une telle ambiguïté pourrait engendrer un surcroît de volatilité, à moins que la communication ne joue un rôle encore plus central
En partie paralysée par l’épidémie de Covid-19, l’économie américaine aura connu, au printemps 2020, sa pire récession depuis 1946. La perte d’activité, proche de 10% au deuxième trimestre, se réduit toutefois depuis le mois de mai, la principale question étant de savoir ce qui pourra, in fine, être récupéré. À l’approche de l’été, l’amélioration des enquêtes auprès des chefs d’entreprise, tout comme le rebond boursier, témoignaient d’anticipations assez optimistes, peut-être trop. Dopés par les injections de liquidité de la Réserve fédérale, les marchés sous-estimeraient le risque de défaillance d’entreprises, dont la dette s’est beaucoup alourdie. Les dernières statistiques concernant la progression de la maladie étaient, quant à elles, mauvaises.
Le baromètre de l’activité aux Etats-Unis présenté cette semaine intègre les premières statistiques du mois de juin, nettement meilleures. C’est notamment le cas des indices du climat des affaires calculés par l’ISM (Institute for Supply Management), repassés au-dessus de la barre des 50 dans l’ensemble des secteurs (commerce de détail, construction, activités manufacturières) [...]
Avec 50 000 infections recensées chaque jour - deux fois plus qu’au début du mois de juin - et un nombre d’hospitalisations en hausse, l’épidémie de Covid-19 connait une recrudescence inquiétante aux Etats-Unis. Certes, le nombre de cas augmente avec celui des tests, mais l’explication ne s’arrête pas là. La réponse gouvernementale à la crise est aussi en cause. Dans l’Union européenne, où la restriction des mouvements de personnes et la fermeture des commerces ont été à la fois plus précoces et systématiques qu’aux Etats-Unis, la situation apparaît mieux contrôlée. Quant aux pertes économiques, leur évaluation doit forcément rester prudente. Des deux côtés de l’Atlantique, l’activité rebondit, après avoir connu un recul historique de l’ordre de 10% au deuxième trimestre
Les mesures exceptionnelles de soutien à la liquidité des entreprises et des marchés, engagées par les autorités américaines en réponse à la crise liée à la pandémie de Covid-19, ont conduit à un élargissement sensible des bilans bancaires. Or, les régulateurs ont, depuis la grande crise financière de 2007-2008, nettement durci les contraintes de bilan. Craignant que les exigences de levier n’entravent la capacité des banques à financer l’économie et à soutenir le bon fonctionnement des marchés, ils les ont provisoirement assouplies. Toutefois, la Réserve fédérale ne devrait pas engager de cure d’amaigrissement, susceptible d’entraîner à son tour une réduction des bilans bancaires, avant plusieurs années (et sans doute pas avant la fin de la période d’assouplissement des normes)
En réponse à la crise liée à la pandémie de Covid-19, le Congrès américain a mis en place, en avril dernier, un programme de prêts aux petites et moyennes entreprises (Paycheck Protection Program, PPP) garantis par l’État fédéral. L’enveloppe globale atteint près de USD 650 mds. Sous certaines conditions, ces prêts seront convertibles en subventions dans la limite de la masse salariale, des intérêts sur prêts hypothécaires, des loyers et frais de fonctionnement supportés durant les 24 semaines suivant l’obtention du crédit. L’annulation partielle ou complète des créances sera conditionnée au maintien de l’emploi et des salaires d’ici la fin de l’année. Au 22 juin, 4,6 millions de PME avaient emprunté plus de USD 515 mds par ce biais, un niveau quasi-atteint dès la mi-mai
Il n’y a pas eu d’exception. Comme attendu, le baromètre de l’activité américaine, qui couvre tout ou partie des données disponibles jusqu’au mois de mai 2020, témoigne de la pire récession jamais traversée par les Etats-Unis depuis 1946...
Les commentaires de Jerome Powell sur ce qu’il adviendrait si la récession venait à se prolonger ont considérablement pesé sur les marchés actions américains. Historiquement, les récessions s’accompagnent de fortes baisses des cours boursiers. Le recul observé depuis le début de l’année, relativement limité, est sans commune mesure avec l’effondrement de l’activité. Le soutien monétaire et budgétaire massif a induit une réévaluation de la distribution des risques, expliquant dans une large mesure le rebond des marchés actions. L’attention se concentre désormais sur les perspectives de résultats des entreprises, d’où l’importance du débat sur la configuration de la reprise.
Aux États-Unis comme ailleurs, la paralysie de l’activité provoquée par la pandémie de Covid-19 affecte la production des statistiques, devenues plus ou moins interprétables. Le rebond des revenus horaires au mois d’avril, indiqué par notre baromètre, fait partie de ces quelques faux signaux dont il convient de se méfier : il s’explique par la chute du temps de travail face à laquelle les salaires marquent toujours une certaine inertie. Outre que l’information collectée auprès des entreprises est incomplète, un décalage a pu exister entre le moment où l’activité a dû s’interrompre et celui où les rémunérations ont cessé d’être versées ...
Le stress sur la disponibilité de liquidités en dollar a rendu urgente l’intervention de la Réserve fédérale américaine (Fed). Endossant le rôle de prêteur en dernier ressort global que lui confère son statut d’émetteur de la monnaie d’échange et de réserve internationale, la Fed a réactivé les accords de swap, permanents ou temporaires, conclus en 2008 avec 14 autres banques centrales. Afin d’étendre la portée de son offre de dollar, la Fed a, par ailleurs, ouvert un dispositif de prise en pension de titres, à l’intention des nombreux pays dépourvus d’accords de swap en dollar. Sa tarification élevée en limite toutefois l’usage, et prive ainsi les marchés d’un outil d’apaisement potentiellement important.