Eco Perspectives

Avis d'accalmie

16/12/2021
PDF

Aux États-Unis, le dérapage des prix n’en finit plus et cesse d’être regardé avec complaisance par la Réserve fédérale, qui pourrait précipiter la fin de son assouplissement quantitatif. L’inflation concerne aussi les prix des actifs, immobiliers ou boursiers, qui atteignent des sommets. À moins que l’émergence du variant Omicron du coronavirus ne change radicalement la donne, tout concourt au relèvement des taux d’intérêt directeurs en 2022, peut-être dès l’été.

Ce qui n’a longtemps été vu que comme un épiphénomène aux États-Unis devient un véritable sujet de préoccupation. En octobre 2021, et pour la première fois depuis trente-et-un an, l’inflation américaine a dépassé la barre des 6%. Mesurée à 4,6% hors énergie et alimentation - là aussi, un record - elle s’installe très au-dessus de l’objectif de 2% assigné à la Réserve fédérale (Fed), qui finit par réagir.

CROISSANCE ET INFLATION

La Fed calme le jeu

D’abord, en haussant le ton. À l’occasion de son traditionnel témoignage devant le Congrès, le président de la Fed, Jerome Powell, a indiqué fin novembre que le dérapage des prix ne pouvait plus être qualifié de « transitoire ». Il a aussi accrédité l’option d’une interruption plus rapide du quantitative easing, ouvrant la voie à une possible hausse des taux d’intérêt, peut-être dès l’été 2022.

À moins que l’émergence du variant « Omicron » du coronavirus ne change la donne, tout se prête au resserrement de la politique monétaire aux États-Unis. Outre le fait qu’elle accélère, l’inflation se généralise et rattrape désormais les loyers, l’un des postes les plus importants de l’indice des prix. Leur renchérissement, qui atteint déjà 3,5% sur un an, a toutes les chances de s’accentuer dans le sillage de la hausse des prix de l’immobilier, elle-même sous-tendue par l’explosion des prêts hypothécaires (graphique 2).

FRÉNÉSIE IMMOBILIÈRE

Le climat des affaires est euphorique. Un peu moins dans l’industrie, dont la production reste entravée par la pénurie mondiale de composants, mais plus que jamais dans les services, qui opèrent un retour à la normale et dont les perspectives d’activité comme d’embauches n’ont, jusqu’à présent, pas fléchi.

Le marché du travail a retrouvé de la tonicité. En 2021, plus de 6 millions d’emplois auront été récupérés sur les 9,4 millions perdus en 2020 ; tombé à 4,2% de la population active en novembre, le chômage a baissé au-delà des espérances de la Fed. Reste un taux de participation encore assez faible, qu’un phénomène de découragement parmi les actifs les plus exposés à la pandémie peut expliquer, mais que la démographie influence aussi. Non biaisée par le vieillissement de la population, la part des Américains de 20 à 64 ans présents sur le marché du travail (possédant ou recherchant un emploi) remonte tout de même ; chiffrable à 77% au dernier pointage, elle n’est plus très éloignée de sa moyenne de 2019 (77,6%).

Avec la succession de records boursiers et la compression sans précédent des spreads de crédit observés en 2021, la stabilité financière, devient, enfin, un sujet. Les rapports que la Fed lui consacre indiquent régulièrement que les niveaux de valorisation atteints par les marchés d’actions ou de dette d’entreprises sont historiquement élevés et puisent, au moins en partie, leur source dans la faiblesse des taux d’intérêt. Un discours qui résonne comme une reconnaissance de responsabilité, désormais doublée d’une intention de calmer le jeu.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE

Découvrir les autres articles de la publication

Global
2022 : vers la grande normalisation

2022 : vers la grande normalisation

Après la récession soudaine, profonde et atypique de 2020, provoquée par la pandémie de Covid-19, l’année 2021 a également inédite à plusieurs égards [...]

LIRE L'ARTICLE
Chine
Gérer les risques qui pèsent sur la croissance

Gérer les risques qui pèsent sur la croissance

La crise de l’immobilier, le maintien de la stratégie zéro covid face aux résurgences de l’épidémie, et la fragilité persistante de la consommation des ménages sont parmi les principaux facteurs de risque pesant sur la croissance chinoise [...]

LIRE L'ARTICLE
Japon
Le gouvernement ouvre les vannes budgétaires

Le gouvernement ouvre les vannes budgétaires

Après la victoire du Parti libéral-démocrate aux élections législatives d’octobre dernier, le Premier ministre, Fumio Kishida, a toute latitude pour dérouler son programme [...]

LIRE L'ARTICLE
Zone euro
Envolée (de l'inflation), recrudescence (de l'épidémie), modération (de la croissance)

Envolée (de l'inflation), recrudescence (de l'épidémie), modération (de la croissance)

La recrudescence de la pandémie de Covid-19 et l’apparition du nouveau variant Omicron compliquent plus encore la tâche de la Banque centrale européenne [...]

LIRE L'ARTICLE
Allemagne
Alternance en période de turbulences

Alternance en période de turbulences

Après une croissance robuste au T2 et au T3, le climat des affaires s’est détérioré. En cause : les difficultés d’approvisionnement, la hausse des prix et la flambée des cas de Covid-19. La production va probablement stagner vers la fin de l’année [...]

LIRE L'ARTICLE
France
Face aux vents contraires, la croissance devrait  tenir bon

Face aux vents contraires, la croissance devrait tenir bon

Les freins à la croissance à court terme - contraintes d’offre, poussée de l’inflation, recrudescence de l’épidémie de Covid-19 - ont forci [...]

LIRE L'ARTICLE
Italie
Une croissance stable et soutenue

Une croissance stable et soutenue

Le rythme de la reprise économique italienne est comparable à celui des autres pays de la zone euro. Après une légère expansion au T1, le PIB réel a crû de plus de 2,5 % au T2 comme au T3. La reprise s’appuie sur l’ensemble des composantes du PIB [...]

LIRE L'ARTICLE
Espagne
Soutenir l'économie avant tout

Soutenir l'économie avant tout

Malgré le rétablissement poussif de son PIB, l’Espagne s’est montrée plus que résiliente sur le front de l’emploi en 2021. L’emploi (en novembre) et le taux de participation (T3) sont à des niveaux records [...]

LIRE L'ARTICLE
Belgique
Après le sprint de la reprise, le marathon de la consolidation budgétaire

Après le sprint de la reprise, le marathon de la consolidation budgétaire

Le PIB belge a crû de 2 % t/t au T3, un résultat nettement meilleur que les attentes du consensus. Le PIB dépasse ainsi son niveau pré-Covid pour la première fois depuis le début de la pandémie [...]

LIRE L'ARTICLE
Autriche
Atmosphère de crise

Atmosphère de crise

Une fois les restrictions liées au Covid-19 levées, l’économie devrait fortement rebondir en 2022, portée en premier lieu par la consommation des ménages [...]

LIRE L'ARTICLE
Finlande
Bonne élève

Bonne élève

Confrontée comme tous les pays d’Europe a une reprise des contaminations à la Covid-19, la Finlande réinstaure des mesures de protection sanitaire qui pourraient freiner temporairement sa reprise [...]

LIRE L'ARTICLE
Grèce
Un début d'année 2022 sur des bases plus solides

Un début d'année 2022 sur des bases plus solides

Avec un rebond possible du PIB de plus de 7% en 2021, la Grèce a favorablement surpris. Le taux de chômage a, par ailleurs, reflué à 13% en septembre [...]

LIRE L'ARTICLE
Royaume-Uni
La vieille dame hésite

La vieille dame hésite

Augmenter ou ne pas augmenter les taux d’intérêt ? Telle est la question qui se pose la Banque d’Angleterre, alors que l’inflation accélère en même temps que les contaminations à la Covid-19, dont le nouveau variant « Omicron » inquiète [...]

LIRE L'ARTICLE
Norvège
Haut débit

Haut débit

Face à l’épidémie de coronavirus, la Norvège a su minimiser ses pertes, humaines autant qu’économiques. En 2021, l’envolée des prix mondiaux du gaz et du pétrole lui a largement profité [...]

LIRE L'ARTICLE