Eco Perspectives

Haut débit

16/12/2021
PDF

Face à l’épidémie de coronavirus, la Norvège a su minimiser ses pertes, humaines autant qu’économiques. En 2021, l’envolée des prix mondiaux du gaz et du pétrole lui a largement profité. L’activité a déjà dépassé son niveau pré-pandémique, l’immobilier s’affole, les comptes publics renouent avec leurs traditionnels excédents. La Banque centrale, qui fut l’une des toutes premières à remonter ses taux d’intérêt directeurs, juge la situation compatible avec une normalisation de la politique monétaire. Sa feuille de route reste néanmoins tributaire de la situation sanitaire, qui, comme partout, se dégrade.

Si la Norvège n’est pas plus épargnée que d’autres par la reprise de l’épidémie de coronavirus, son haut taux de vaccination (78% de l’ensemble de la population) la protège du pire. Début décembre et en dépit d’un nombre record de contaminations, elle parvenait encore à limiter la remontée du nombre des cas graves ainsi que celui des décès. Avec un peu plus d’un millier de victimes au total pour 5,5 millions d’habitants (un ratio sept fois inférieur à celui de la Suède voisine), la Norvège affichait toujours l’une des plus faibles statistiques de mortalité face à la Covid-19.

CROISSANCE ET INFLATION

Économiquement, le pays s’est bien remis, d’abord grâce à l’action de l’État. Selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI), les transferts budgétaires directs (hors prêts garantis) aux entreprises et aux ménages pendant l’épidémie ont atteint 7,4 points de PIB, ce qui représente l’effort le plus important au sein de la zone scandinave. Fait exceptionnel, les comptes publics ont affiché un déficit en 2020, auquel l’explosion des recettes du gaz et du pétrole offshore, qui représentent 18% du PIB et 40% des exportations, a rapidement mis fin (cf. graphique 2).

EXPORTATIONS MENSUELLES DE GAZ NATUREL (EN MILLIARDS DE NOK)

Alimentée comme rarement, l’activité « mainland »[1] s’est inscrite sur une pente à plus de 4% en 2021, dépassant à partir du troisième trimestre son niveau pré-pandémique. Corrigé des variations saisonnières, le taux de chômage est descendu sous la barre des 4%[2], la plupart des secteurs déplorant des pénuries de main d’œuvre. Certains sont déjà proches d’une situation de surchauffe, comme l’immobilier, qui affirme son rôle de valeur refuge et dont les prix remontent sensiblement depuis le début de la pandémie. Au cours des 20 derniers mois, le mètre carré s’est apprécié de près de 15% à Oslo comme, en moyenne, dans tout le pays. Son renchérissement reflète non seulement la pression de la demande, mais aussi la pénurie de matériaux, un phénomène mondial.

En partie grâce à l’appréciation de la couronne, les prix des biens et services n’ont pas connu les mêmes tensions. En dehors de sa composante « énergie », l’inflation a même eu tendance à décélérer dans le courant de l’année 2021, pour s’afficher à 0,9% en octobre, au plus bas depuis 4 ans. Sur la base de tensions salariales naissantes, la Banque centrale de Norvège, ou Norges Bank, anticipe toutefois une remontée. La situation économique s’est, à ses yeux, suffisamment rétablie pour justifier une normalisation de la politique monétaire. Le 24 septembre dernier, elle était parmi les premières à relever ses taux directeurs, de 0% à 0,25% pour le principal d’entre eux. Sa feuille de route pour 2022 prévoit d’autres hausses du policy rate, jusqu’au niveau de 1%, visé pour la fin d’année.

[1] Hors activités gazières et pétrolières.

[2] Seule la série brute est disponible, à une fréquence trimestrielle. La correction de sa composante saisonnière (par ARIMA X 12) permet d’estimer le taux de chômage à 3,9% au troisième trimestre de 2021.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE

Découvrir les autres articles de la publication

Global
2022 : vers la grande normalisation

2022 : vers la grande normalisation

Après la récession soudaine, profonde et atypique de 2020, provoquée par la pandémie de Covid-19, l’année 2021 a également inédite à plusieurs égards [...]

LIRE L'ARTICLE
États-Unis
Avis d'accalmie

Avis d'accalmie

Aux États-Unis, le dérapage des prix n’en finit plus et cesse d’être regardé avec complaisance par la Réserve fédérale, qui pourrait précipiter la fin de son assouplissement quantitatif [...]

LIRE L'ARTICLE
Chine
Gérer les risques qui pèsent sur la croissance

Gérer les risques qui pèsent sur la croissance

La crise de l’immobilier, le maintien de la stratégie zéro covid face aux résurgences de l’épidémie, et la fragilité persistante de la consommation des ménages sont parmi les principaux facteurs de risque pesant sur la croissance chinoise [...]

LIRE L'ARTICLE
Japon
Le gouvernement ouvre les vannes budgétaires

Le gouvernement ouvre les vannes budgétaires

Après la victoire du Parti libéral-démocrate aux élections législatives d’octobre dernier, le Premier ministre, Fumio Kishida, a toute latitude pour dérouler son programme [...]

LIRE L'ARTICLE
Zone euro
Envolée (de l'inflation), recrudescence (de l'épidémie), modération (de la croissance)

Envolée (de l'inflation), recrudescence (de l'épidémie), modération (de la croissance)

La recrudescence de la pandémie de Covid-19 et l’apparition du nouveau variant Omicron compliquent plus encore la tâche de la Banque centrale européenne [...]

LIRE L'ARTICLE
Allemagne
Alternance en période de turbulences

Alternance en période de turbulences

Après une croissance robuste au T2 et au T3, le climat des affaires s’est détérioré. En cause : les difficultés d’approvisionnement, la hausse des prix et la flambée des cas de Covid-19. La production va probablement stagner vers la fin de l’année [...]

LIRE L'ARTICLE
France
Face aux vents contraires, la croissance devrait  tenir bon

Face aux vents contraires, la croissance devrait tenir bon

Les freins à la croissance à court terme - contraintes d’offre, poussée de l’inflation, recrudescence de l’épidémie de Covid-19 - ont forci [...]

LIRE L'ARTICLE
Italie
Une croissance stable et soutenue

Une croissance stable et soutenue

Le rythme de la reprise économique italienne est comparable à celui des autres pays de la zone euro. Après une légère expansion au T1, le PIB réel a crû de plus de 2,5 % au T2 comme au T3. La reprise s’appuie sur l’ensemble des composantes du PIB [...]

LIRE L'ARTICLE
Espagne
Soutenir l'économie avant tout

Soutenir l'économie avant tout

Malgré le rétablissement poussif de son PIB, l’Espagne s’est montrée plus que résiliente sur le front de l’emploi en 2021. L’emploi (en novembre) et le taux de participation (T3) sont à des niveaux records [...]

LIRE L'ARTICLE
Belgique
Après le sprint de la reprise, le marathon de la consolidation budgétaire

Après le sprint de la reprise, le marathon de la consolidation budgétaire

Le PIB belge a crû de 2 % t/t au T3, un résultat nettement meilleur que les attentes du consensus. Le PIB dépasse ainsi son niveau pré-Covid pour la première fois depuis le début de la pandémie [...]

LIRE L'ARTICLE
Autriche
Atmosphère de crise

Atmosphère de crise

Une fois les restrictions liées au Covid-19 levées, l’économie devrait fortement rebondir en 2022, portée en premier lieu par la consommation des ménages [...]

LIRE L'ARTICLE
Finlande
Bonne élève

Bonne élève

Confrontée comme tous les pays d’Europe a une reprise des contaminations à la Covid-19, la Finlande réinstaure des mesures de protection sanitaire qui pourraient freiner temporairement sa reprise [...]

LIRE L'ARTICLE
Grèce
Un début d'année 2022 sur des bases plus solides

Un début d'année 2022 sur des bases plus solides

Avec un rebond possible du PIB de plus de 7% en 2021, la Grèce a favorablement surpris. Le taux de chômage a, par ailleurs, reflué à 13% en septembre [...]

LIRE L'ARTICLE
Royaume-Uni
La vieille dame hésite

La vieille dame hésite

Augmenter ou ne pas augmenter les taux d’intérêt ? Telle est la question qui se pose la Banque d’Angleterre, alors que l’inflation accélère en même temps que les contaminations à la Covid-19, dont le nouveau variant « Omicron » inquiète [...]

LIRE L'ARTICLE