À l’occasion de son traditionnel discours de politique monétaire au symposium annuel de Jackson Hole (Wyoming), le président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell, s’est réjoui des dernières statistiques du marché du travail. Non sans raison. Sur les trois derniers mois de juin à août, ce sont plus de 2,2 millions de postes qui ont été créés dans l’ensemble de l’économie (hors activités agricoles), dont plus de 800 000 dans le seul secteur du tourisme (hôtellerie, restauration, loisirs, etc.) en pleine renaissance.
Si la Covid-19 laisse toujours derrière elle un large déficit d’emplois (d’environ 5,5 millions) ainsi qu’un taux de chômage trop haut pour les standards américains (5,2%), la situation se normalise peu à peu. Surtout, elle commence à profiter aux catégories de population les plus modestes, que la crise avait abouti à exclure. A travers la remontée des taux d’activité, c’est au retour à l’emploi des personnes peu diplômées et rémunérées que l’on assiste, de quoi effectivement satisfaire M. Powell. Avec prudence, celui-ci évoque une sortie possible des soins monétaires intensifs pour la fin de l’année, qui passerait par une réduction des achats nets d’actifs de la Fed, actuellement menés au rythme de USD 120 milliards par mois.
Restent quelques ombres au tableau, à commencer par celle que le variant ‘Delta’ du coronavirus fait planer sur la conjoncture, moins euphorique. Hier leader dans la course à la vaccination, la première puissance économique mondiale commence à se faire distancer, notamment par l’Union européenne, dont la population est aujourd’hui mieux couverte (à 58% par deux doses, contre 52% aux États-Unis). Le taux d’incidence remonte (à 480 contaminations par jour pour 100 000 habitants, il est quatre fois plus élevé que lors du pic de la première vague) et avec lui, bien que de manière très atténuée, la courbe des décès.
Avec près de 640 000 victimes officielles de la Covid-19, les États-Unis conservent le triste statut de pays le plus endeuillé de la planète. Si, à quelques exceptions près (Australie, Nouvelle-Zélande…), les résurgences épidémiques n’entrainent plus de mise sous cloche des économies, elles perturbent encore les chaines d’approvisionnement. Les indices ISM (Institute for Supply Management) publiés cette semaine pour le mois d’août témoignent ainsi de tensions persistantes sur l’offre ainsi que sur le prix des intrants, de quoi entretenir pour quelques mois encore des chiffres d’inflation élevés.