Il y a deux manières d’accueillir la toute dernière livraison des comptes nationaux aux États-Unis. La première, chaleureuse, applaudira le chiffre élevé de la croissance du quatrième trimestre de 2021 (6,7% en rythme annualisé, r.a.) et l’effacement quasi complet des séquelles économiques de la Covid, le niveau d’activité ayant d’ores et déjà rejoint sa trajectoire pré-pandémique1. La seconde, plus circonspecte, relèvera que l’investissement a continué de faire du sur-place et que la performance eût été moindre (ramenée à 1,6% r.a.) sans la contribution exceptionnelle des stocks. Associé à la reprise du commerce extérieur – les exportations et importations américaines ont terminé l’année en forte hausse – leur gonflement n’est certes pas péjoratif en soi. Il indique que, à défaut d’être totalement résolus, les problèmes d’approvisionnement se font moins prégnants, ce qu’indiquent au demeurant les enquêtes auprès des directeurs d’achats.
Le stockage est toutefois tel que son absorption par la demande finale ne sera pas immédiate, ce qui pourrait peser sur les statistiques de production du début d’année 2022. La consommation des ménages perd, en outre, quelques soutiens. Non reconduit, le « quoi qu’il en coûte » a montré ses limites en favorisant une reprise de l’inflation (7% en décembre) qui rogne aujourd’hui le pouvoir d’achat des salaires. Avec le retournement à la baisse des indices boursiers (le S&P 500 a perdu 9% de sa valeur depuis le début d’année, le Nasdaq, 15%2) les effets de richesse s’estompent. La Covid, enfin, n’a pas fini d’endeuiller le pays, qui voit la courbe de ses décès remonter depuis trois semaines.
Pour autant, la Réserve fédérale, pour qui calmer la hausse des prix est devenu une priorité, n’hésitera pas à durcir sa politique monétaire. Une première hausse (d’un quart, voire, d’un demi-point) du taux objectif des fonds fédéraux devrait intervenir dès mars, une hypothèse pratiquement admise par le Comité de l’Open Market à l’occasion de sa réunion du 26 janvier3.