L’exposition du système bancaire américain à la zone euro s’est nettement élargie depuis 2016, année du référendum en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Entre le 31 mars 2016 et le 30 juin 2021, les créances des huit plus grandes banques américaines1 sur les résidents (hors secteur public) de la zone euro2 ont même progressé davantage (+USD 125,6 mds) que le recul de leurs créances sur l’économie britannique (-USD 56,3 mds). Parmi les principales économies bénéficiaires de ces arbitrages, figurent la France (+USD 66,3 mds, soit +47%), le Luxembourg (+36,5 mds, +97%), l’Irlande (+28,6 mds, +46%) et l’Allemagne (+5,8 mds, +7%). Les banques Goldman Sachs et JP Morgan concentrent l’essentiel de ce surcroît d’exposition.
Les expositions transfrontières des banques américaines à la zone euro (i.e. détenues par des entités juridiques établies aux États-Unis) prévalent encore sur les expositions locales de leurs filiales et via leurs succursales implantées sur le continent (89% vs 11%). Le Brexit s’est toutefois accompagné d’une intensification de leurs activités sur place. Les créances locales des grandes banques américaines dans la zone euro ont ainsi été multipliées par trois sur la période (+USD 44,5 mds) aux dépens du Royaume-Uni (-USD 58,8 mds, soit -20%). Globalement, les créances transfrontières à destination de la zone euro se sont en revanche plus modestement accrues (+18% contre +4% vers le Royaume-Uni).
1 La ventilation des expositions étrangères du système bancaire américain, considéré dans son ensemble, est incomplète avant le T3 2016. Au 30 juin 2021, les 8 grandes banques (JP Morgan, Bank of America, Citigroup, Wells Fargo, Goldman Sachs, Morgan Stanley, Bank of New York Mellon, State Street) concentraient 74% de l’exposition américaine à l’économie britannique et 83% de l’exposition américaine à la zone euro.
2 Les créances d’un système bancaire sur l’étranger englobent ses créances transfrontières et les créances locales de ses filiales et succursales implantées à l’étranger en devises et en monnaie locale. En sont exclues les créances résultant de positions sur des contrats dérivés, les garanties accordées ou lignes de crédit. Les données sont exprimées ici en critère de risque ultime, c’est-à-dire qu’elles sont affectées au pays sur lequel repose le risque final (pays de résidence du garant d’une créance et/ou du siège de la maison mère du débiteur).