Après la catharsis du printemps, qui a vu le vaccin contre la Covid-19 se déployer en même temps que les milliards du plan « Biden », le climat des affaires se tempère légèrement aux États-Unis. En juin, l’indice des directeurs d’achat de l’Institute for Supply Management (ISM) a été mesuré à 60,6 dans le secteur manufacturier, ce qui reste élevé dans l’absolu (la moyenne de long terme se situe plutôt vers 53) mais s’inscrit en retrait par rapport aux mois précédents, notamment mars, qui marquait un record.
Dans les services, la même correction modeste était observée. Comme indiqué dans notre précédent baromètre, la fièvre acheteuse des Américains retombe un peu. En juin et pour le troisième mois consécutif, les ventes d’automobiles ont reculé ; les indices de mobilité fournis par le moteur de recherche Google marquaient, par ailleurs, une forme de statu quo dans le commerce de détail.
L’assagissement de la conjoncture, au demeurant relatif (loin de freiner, la construction résidentielle peine, par exemple, à satisfaire la demande), n’aura pas d’impact sur la croissance économique du deuxième trimestre, portée par l’élan du printemps et promise à un record (peut-être 10% de hausse du PIB en rythme annualisé). L’inflation, qui a culminé à 5% en mai, pourrait entamer un reflux en juin, marginal selon nous (chiffre attendu à 4,8%). Dans ses minutes publiées la semaine dernière, la Réserve fédérale a laissé transparaître une certaine surprise de ses membres face à la remontée récente des prix, plus rapide que prévu. Au-delà du discours officiel, apaisant, la tendance inflationniste risque d’être surveillée de près dans les mois à venir.
Si, à l’approche de l’été 2021, le déficit d’activité lié à la Covid-19 se trouve comblé, le rétablissement demeure incomplet sur le marché du travail. Bien qu’accélérant (850 000 postes ont été créés en juin), la reprise des embauches est encore loin d’effacer les pertes causées par la pandémie, qui représentent toujours 7 millions d’emplois ; à 5,9% en juin, le taux de chômage reste, par ailleurs, élevé pour les standards américains.
Les secteurs ayant le plus souffert, comme le tourisme et les loisirs, sont toutefois ceux qui, aujourd’hui, ont les plus forts besoins en personnel et peinent à recruter. Selon les chiffres du Bureau of Labor Statistics, le taux des emplois vacants dans l’hôtellerie restauration était encore récemment proche de 10% (moyenne d’avril et mai), record absolu. Le sous-emploi encore observable aux États-Unis ne traduit finalement pas tant une mollesse particulière de la reprise que la difficulté des entreprises à recruter en sortie de crise.