La guerre en Ukraine affecte l’économie mondiale de diverses façons : hausse des prix des matières premières, commerce international, marchés financiers ainsi que montée de l’incertitude géopolitique, qui est un canal de transmission clé. Cela influe sur les décisions prises par les ménages et les entreprises parce que le plein effet de la hausse des prix du pétrole et du gaz n’est pas encore perceptible et en raison de la crainte de nouvelles augmentations sur les matières premières. En conséquence, la relation entre ce qui motive les dépenses de consommation et les investissements des entreprises et les décisions qui seront finalement prises par les ménages et les entreprises change et devient plus difficile à prévoir. Cela complique les choses pour la Réserve fédérale et la BCE : l’incertitude pèse sur l’efficacité de la transmission monétaire, et la hausse des prix des matières premières entraînera une hausse de l’inflation, qui était déjà bien au-dessus de la cible. L’incertitude géopolitique n’empêchera pas la Réserve fédérale d’augmenter son taux directeur ; toutefois, nous devons nous attendre à ce que cette dernière insiste encore sur le fait que ses décisions seront fondées sur l’évolution des données économiques. Le Conseil des gouverneurs de la BCE, qui se réunit la semaine prochaine, insistera sur l’optionalité de sa politique. Cela signifie attendre d’avoir une image plus claire de la situation avant d’agir. Sur le court terme, la politique budgétaire entrera en jeu pour amortir le choc pour les ménages et les entreprises, alors que sur le long terme, les efforts seront intensifiés pour accroître l’autonomie stratégique de l’UE, et comme c’est le cas en Allemagne, pour augmenter les dépenses liées à la défense. L’assainissement budgétaire et la réduction des déficits deviennent, de fait, moins prioritaires.