Avec la remontée des taux d’intérêt souverains en Europe, les inquiétudes autour de la dette publique italienne refont surface. L’écart, entre les taux italiens et le Bund allemand s’est nettement élargi en février. L’endettement de l’Etat italien a bondi en raison de la crise de la Covid-19, une hausse de l’ordre de 20 points de PIB au cours des deux dernières années, portant le ratio d’endettement à 150% aujourd’hui. L’Italie reste le second pays le plus endettée de la zone euro après la Grèce.
Peut-on pour autant faire un lien avec la situation de l’Italie en 2010/2011, lors de la crise des dettes souveraines qui a secoué la zone euro ?
La situation est différente, pour plusieurs raisons :
Tout d’abord, le facteur derrière la hausse des taux n’est pas le même qu’il y a 10 ans. Les tensions sur les marchés obligataires sont aujourd’hui liées à la hausse de l‘inflation et aux perspectives d’un début de normalisation de la politique de la BCE. Durant la crise de 2011, l’augmentation des taux souverains italiens reflétait surtout les craintes d’une fragmentation possible de la zone euro, voire un départ de l’Italie de l’union monétaire. Ce risque est largement écarté aujourd’hui.
Ensuite, même si la pandémie est venue bousculer les équilibres budgétaires du pays, ses effets vont s’atténuer et il faut noter que l’Italie était parvenue pendant les 5 années qui a précédé la pandémie, soit entre 2014 et 2019, à stabiliser son ratio d’endettement. Les emprunts nets du secteur public s’étaient notamment réduits progressivement et le pays avait conservé un surplus primaire assez confortable durant de ces années. Il y avait donc une tendance à l’amélioration des comptes publics, ce qui n’était pas le cas en 2011, l’impact de la crise financière mondiale se faisant encore vivement ressentir.
Enfin, le contexte politique dans le pays a changé. En 2011, le gouvernement de Mario Monti était confronté à des tensions politiques très importantes, qui ont vu notamment l’émergence ou le renforcement de courants radicaux, tels que le mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo ou la Ligue du Nord de Matteo Salvini. Depuis l’arrivée de Mario Draghi à la tête du pays en février 2021, les tensions persistent mais l’ancien chef de la BCE a su bâtir une coalition crédible et amorcer plusieurs réformes structurelles nécessaires au pays, ce qui a permis de redonner de la confiance sur les perspectives économique du pays.
En résumé, même si la dette italienne reste bien entendu une source de fragilité importante pour le pays dans ce contexte de remontée de taux qui pourrait se poursuivre, il semble néanmoins difficile de trouver des points communs valide avec la situation dans laquelle était celui-ci il y a près de 10 ans.