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Zone euro : une première moitié d’année positive mais la seconde négative ?

09/09/2022

Si la première moitié d’année a été meilleure que prévu dans la zone euro, les perspectives sont négatives pour la seconde moitié. D’après nos prévisions, la zone euro n’échappera pas à une contraction de son PIB à l’horizon des prochains trimestres. La conjonction actuelle inédite des chocs (inflationniste, sanitaire, géopolitique, énergétique, climatique, monétaire) devrait avoir raison de la résistance observée jusqu’ici.

Transcription

La croissance de la zone euro, au deuxième trimestre 2022, a réservé une bonne surprise : le PIB est, en effet, ressorti en nette hausse alors que nous nous attendions à une baisse. Ce résultat positif, qui fait suite déjà à un premier trimestre également positif, est d’autant plus frappant que la croissance américaine a, elle, surpris négativement, une nouvelle fois, avec une deuxième contraction d’affilée du PIB.

Ce chiffre positif de croissance de la zone euro est à mettre, en partie, sur le compte d’un soutien plus important qu’attendu, à savoir, avec la levée des restrictions sanitaires anti-Covid, le rebond marqué de l’activité dans l’hôtellerie-restauration et le bon début de la saison touristique. Mais on retiendra aussi la grande disparité des taux de croissance au sein de la zone euro, qui vient quelque peu fragiliser, à nos yeux, le résultat agrégé.

Les Pays-Bas (loin devant), l’Irlande et l’Autriche forment le trio de tête, suivis de l’Italie, de l’Espagne et de la Grèce. La France est dans une situation intermédiaire, proche de la zone euro, comme souvent. L’Allemagne s’en sort mieux que prévu mais se situe tout de même dans le bas du tableau avec un taux de croissance tout juste positif. Les trois pays baltes, Lituanie, Lettonie, Estonie, enregistrent, de manière plus attendue, les performances les plus négatives, avec un recul de leur PIB assez marqué.

En termes de composition de la croissance, le message est également disparate. La consommation des ménages a nettement progressé en Allemagne, aux Pays-Bas et plus encore en Italie et en Espagne contre une croissance faiblement positive en France. L’investissement total a reculé en Allemagne mais il a fortement progressé aux Pays-Bas, en Italie et en Espagne et légèrement progressé en France. Le commerce extérieur a contribué positivement à la croissance française et néerlandaise mais négativement en Allemagne, en Italie et en Espagne. Au niveau agrégé de la zone euro, cela donne une croissance soutenue par une hausse nette de la consommation des ménages et de l’investissement et un peu réduite par la contribution légèrement négative du commerce extérieur.

Le regard dans le rétroviseur est donc plutôt favorable, et c’est tant mieux. Cela permet d’avoir un acquis de croissance confortable, légèrement supérieur à 3%. Mais si la première moitié d’année a été meilleure que prévu, les perspectives sont négatives pour la seconde moitié. D’après nos prévisions, la zone euro n’échappera pas à une contraction de son PIB à l’horizon des prochains trimestres.

La conjonction actuelle inédite des chocs (inflationniste, sanitaire, géopolitique, énergétique, climatique, monétaire) devrait avoir raison de la résistance observée jusqu’ici. On en a des signes avant-coureurs dans la détérioration des enquêtes de confiance. La récession devrait / pourrait toutefois rester d’ampleur limitée grâce aux mesures de soutien budgétaire et tant que le marché du travail conserve ses bonnes performances récentes. Merci de votre attention et à la semaine prochaine pour un nouveau numéro d’EcoTV week.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE