Le risque politique pèse moins lourdement qu’attendu sur les récents flux d'investissements étrangers. Malgré le niveau élevé d'incertitude entourant la prochaine présidentielle (1er tour le 29 mai), les investissements étrangers en Colombie résistent bien, soutenus par la forte hausse des prix du pétrole (+50 % de hausse du prix du baril de brut WTI depuis le début de l'année), l'éloignement du pays du conflit ukrainien et le resserrement monétaire plus agressif de la Banque centrale depuis janvier (+300 points de base).
Les investissements directs étrangers (IDE) dans le secteur des hydrocarbures (2/3 du total des IDE en moyenne) ont continué à se redresser assez fortement. Ils ne semblent, pour le moment, pas trop perturbés par l'éventuelle interruption de nouveaux projets pétroliers et gaziers que propose le candidat en tête des sondages, Gustavo Petro. Dans le même temps, les investisseurs de portefeuille – malgré des ventes d’actifs plus soutenues au dernier trimestre 2021 – demeurent acheteurs nets de titres colombiens.
La hausse potentielle des dépenses publiques et des impôts pèse toutefois sur les primes de risque souverain et les sorties de capitaux des ménages. L’écartement du spread CDS à 5 ans– induit, entre autres, par les protestations sociales et la perte du statut d'investment grade du pays en 2021 – peine à se resserrer malgré la forte reprise de l'économie (post-Covid-19) et un cycle de prix des matières premières très favorable. Le spread demeure supérieur d'environ 100 points de base à sa moyenne historique. La promesse de Gustavo Petro de taxer les riches incite également certains ménages à détenir de plus en plus d'actifs à l'étranger. Ainsi, environ USD 1,5 md supplémentaires ont été détenus à l'étranger en 2021 (numéraire et dépôts) par rapport à la moyenne observée sur la période 2016-2020. Cette tendance pourrait s'accentuer en fonction du résultat des élections.