Basée à Paris, la Direction des Études Économiques de BNP Paribas est composée d’économistes et de statisticiens :
Les Études économiques ont pour mission de répondre aux besoins des clients, des lignes de métiers et des fonctions de BNP Paribas en matière de recherche économique. Notre équipe d’économistes et de statisticiens couvre un nombre important de pays avancés, en développement et émergents, l’économie réelle, les marchés financiers et l’économie bancaire. Ce site, qui présente nos analyses, nos vidéos et nos podcasts, permet de partager le résultat de nos recherches avec tous ceux qui souhaitent mieux comprendre le contexte économique ou qui s’intéressent à des problématiques spécifiques.
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L’actualité conjoncturelle a été particulièrement riche la semaine dernière. Le premier résultat important, si l’on regarde dans le rétroviseur, est la publication des premières estimations de la croissance au T4 2021 en France, en Allemagne et en Espagne. Les performances sont contrastées : baisse de 0,7% t/t du PIB allemand, nouvelle forte progression de 2% t/t du PIB espagnol et hausse de 0,7% t/t du PIB français.
L’euro fiduciaire a fêté ses 20 ans le 1er janvier 2022, plutôt en bonne forme. Les chantiers pour améliorer et renforcer la construction et l’intégration européennes restent toutefois nombreux. Les sujets au menu de la présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE), au cours des six prochains mois, en attestent. Parmi les priorités, la réforme des règles budgétaires européennes sera un débat majeur de 2022. La discussion est lancée et doit aboutir cette année. Le défi est que « la montagne n’accouche pas d’une souris »
La recrudescence de la pandémie de Covid-19 et l’apparition du nouveau variant Omicron compliquent plus encore la tâche de la Banque centrale européenne. La modération attendue de la croissance, qui reste élevée, risque de s’accentuer, du moins à court terme. En parallèle, l’inflation poursuit son envolée tout en se renforçant. Face à une incertitude accrue, la BCE tient un discours de prudence et de constance tout en se disant prête à réagir. D’après notre scénario, qui conserve un certain optimisme du côté de la croissance et entrevoit à une certaine persistance de l’inflation, la BCE mettrait fin au PEPP en mars 2022 et commencerait à remonter le taux de dépôt à la mi-2023.
Les freins à la croissance à court terme - contraintes d’offre, poussée de l’inflation, recrudescence de l’épidémie de Covid-19 - ont forci. Mais la bonne tenue du climat des affaires jusqu’en novembre et les nombreuses mesures ciblées de soutien au pouvoir d’achat aident à tempérer les inquiétudes. Notre prévision de croissance pour le T4 (0,6%) est toutefois assortie d’un risque baissier. En moyenne sur 2021, la croissance atteindrait 6,7%. En 2022, elle resterait soutenue (4,2%), portée par le policy mix accommodant, le déblocage de l’excès d’épargne, le rattrapage des services et les besoins d’investissements et de restockage.
La réunion du 16 décembre de la BCE est très attendue, en premier lieu pour les nouvelles prévisions de croissance et d’inflation de la banque centrale. Du côté de la croissance, en septembre, la BCE prévoyait 5% en 2021 en moyenne annuelle, 4,6% en 2022 et 2,1% en 2023. Elle pourrait laisser inchangée sa prévision pour 2021, les chiffres positifs du T3 étant contrebalancés par une vision moins positive des perspectives pour le T4 (sous l’effet de la hausse des contraintes d’offre, des pressions inflationnistes et de la recrudescence de l’épidémie). La croissance en 2022 devrait s’en ressentir. L’ampleur de la révision en baisse sera indicative de son degré de préoccupation
Les premières indications pour le 4e trimestre rendent compte du maintien des principaux indicateurs de confiance à un bon niveau, en particulier du côté des entreprises, ainsi que de la poursuite de l’amélioration perceptible depuis plusieurs mois sur le marché du travail. Ainsi, la croissance, qui a été récemment confirmée à 3% t/t au 3e trimestre, devrait aisément atteindre 6,7% sur l’année 2021. La croissance pourrait néanmoins ralentir, comme le suggère notre baromètre, en raison de plusieurs dynamiques. La première tient au décalage entre les carnets de commande et la capacité des entreprises à y répondre rapidement
D’après notre baromètre, la situation conjoncturelle de la zone euro s’est dégradée au cours des trois derniers mois. Si cette dégradation ressort très nettement dans les indicateurs d’activité, elle est moins perceptible au niveau des enquêtes sur le climat des affaires.
La première estimation de la croissance française au T3 2021 a réservé une bonne surprise : le rebond du PIB a atteint 3 % t/t, dépassant nettement nos attentes (2,2 %) ainsi que celles de la Banque de France (2,3 %) et de l’INSEE (2,7 %). De plus, la croissance du T2 a été rehaussée de 0,2 point, à 1,3 %. Avec un trimestre d’avance, le PIB français retrouve ainsi quasiment son niveau d’avant crise du T4 2019. Et l’acquis de croissance s’élève à 6,6 %. En moyenne sur 2021, la croissance sera donc très certainement supérieure aux prévisions (6,25% pour le gouvernement, 6,3 % pour la nôtre).
Dans son projet de loi de finances pour 2022, le gouvernement français prévoit un déficit de 8,4% du PIB en 2021 et de 4,8% en 2022 (après 9,1% en 2020). Le ratio de dette publique s’élèverait à 115,6% du PIB en 2021 (après 115% en 2020), avant de refluer légèrement à 114% en 2022. La réduction importante du déficit entre 2021 et 2022 est de nature mécanique. L’amélioration du déficit conjoncturel y contribue pour 1,6 point, tandis que la diminution de 2,1 points du déficit structurel est imputable à l’arrêt de l’essentiel des mesures d’urgence
D’après notre baromètre, la situation conjoncturelle de la zone euro reste bonne et s’avère relativement stable par rapport au trois mois précédents, à l’exception notable des ventes au détail.
Le rebond vigoureux au T2 (2,2% t/t) devrait se poursuivre au T3. Les contraintes d’offre viennent amputer la croissance de quelques dixièmes de point de pourcentage par rapport à ce que nous anticipions en juin. Les enquêtes sur le climat des affaires de septembre en portent plus nettement la trace, en particulier dans l’industrie et en Allemagne. Mais ces enquêtes restent à un niveau élevé et la croissance dans la zone euro peut compter sur le soutien de l’important stimulus monétaire et budgétaire, du déblocage de l’épargne forcée, de la bonne orientation du marché du travail et des besoins d’investissement. La croissance en 2022 devrait ainsi dépasser de peu celle de 2021 (5,2% en moyenne annuelle, après 5%)
Le PIB français a progressé de façon significative de 1,1% t/t au T2 2021. L’impact négatif du confinement d’avril a été très limité et l’activité s’est nettement redressée en juin. La croissance au T3 atteindrait 2,2% t/t, portée par l’élan hérité du T2 mais freinée par les contraintes d’offre à l’œuvre. Dans les enquêtes sur le climat des affaires, l’optimisme reste de mise mais il s’est tempéré depuis juin. Au T4, le PIB comblerait quasiment le dernier point de pourcentage manquant pour revenir à 100% de son niveau d’avant-crise. En moyenne annuelle, la croissance s’élèverait à 6,3% en 2021. En 2022, elle se normaliserait mais resterait soutenue par l’impulsion budgétaire
Depuis la fin 2020, l’inflation dans la zone euro remonte de façon quasi verticale. Il y a un an, elle était légèrement négative en glissement annuel ; en septembre 2021, selon l’estimation préliminaire d’Eurostat, elle s’élevait à 3,4%, un plus haut depuis septembre 2008. Cette remontada est particulièrement vive en Allemagne, suivie de l’Espagne, et, dans une moindre mesure, de l’Italie et de la France. En Allemagne, l’évolution de l’inflation porte la trace de l’abaissement temporaire de la TVA au second semestre 2020. En Espagne, la hausse des prix de l’énergie est notamment accentuée par un niveau de TVA sur l’électricité plus élevé que dans la plupart des autres pays européens
Cela faisait quelques mois que ce n’était pas arrivé : en septembre, les enquêtes sur le climat des affaires de l’INSEE et de Markit n’ont pas évolué dans le même sens. L’indice composite de l’INSEE s’est légèrement redressé (de 1 point, à 111) tandis que le PMI composite a poursuivi son effritement (en perdant un nouveau point, à 55). La baisse du PMI manufacturier se fait plus nette.
Après deux trimestres en légère contraction (-0,4% t/t au T4 2020, -0,3% au T1 2021), marqués par les reconfinements dans différents pays de la zone, la croissance a vigoureusement rebondi au T2 2021 (+2,2% t/t, +14,3% en glissement annuel). L’acquis de croissance s’élève à près de 4% et l’écart par rapport au niveau d’avant-crise du T4 2019 n’est plus que de 2,5%. La vigueur du rebond était déjà visible dans le redressement des enquêtes de confiance entre avril et juin, que ce soit les PMI de Markit ou l’indice du sentiment économique de la Commission européenne (ESI).
D’après la première estimation de l’INSEE, le PIB français a progressé de 0,9% t/t au T2 2021. Ce résultat est légèrement meilleur qu’attendu : nous tablions sur 0,8% et l’INSEE sur 0,7%. La croissance française est, certes, nettement moins élevée que celle de la zone euro (2% t/t) ou des États-Unis (1,6% t/t) mais il s’agit tout de même d’un bon chiffre compte tenu des circonstances. Il est, en effet, significativement positif malgré le troisième confinement d’avril.
Pour juger du retour à meilleure fortune du marché du travail français, on peut s’appuyer sur les deux indicateurs retenus par le gouvernement dans le cadre de la réforme en cours de l’assurance-chômage : 1/ le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A doit avoir diminué d’au moins 130 000 sur 6 mois ; 2/ les déclarations d’embauche de plus d’un mois (hors intérim) doivent, concomitamment, dépasser les 2,7 millions cumulés sur 4 mois glissants. En juin 2021, le double critère d’amélioration est satisfait. C’est moins une surprise pour les déclarations d’embauche que pour les inscriptions à Pôle emploi, la barre semblant plus facile à franchir pour les premières que pour les secondes. Ce premier signal positif[1] doit encore s’inscrire dans la durée mais cela semble en bonne voie
Au regard des enquêtes sur le climat des affaires en mai et juin, le rebond de l’économie française, au sortir du troisième confinement, est plus vigoureux que prévu. Nous avons rehaussé notre prévision de croissance au T2, d’un chiffre frôlant zéro à presque 1% t/t. Au T3, le rebond mécanique porterait la croissance à environ 3% t/t. Elle refluerait ensuite, l’effet de rattrapage se dissipant, mais resterait élevée, soutenue par l’impulsion budgétaire. Le revers de la médaille du redressement vigoureux de la demande est la mise sous tension de l’offre. Les contraintes d’approvisionnement, la hausse des prix des intrants, les difficultés de recrutement qui en découlent sont autant de points de friction pouvant freiner la reprise
Face à la crise sanitaire, la réponse budgétaire a été rapide, conséquente et multiple. Aux mesures d’urgence, visant à amortir le choc récessif et à faciliter la reprise économique, se sont adjoints des plans de relance pour soutenir et renforcer le redémarrage en cours des économies et la croissance de demain. Les montants engagés et la répartition des mesures varient néanmoins d’un pays à l’autre. D’après notre décompte, toutes mesures confondues, l’Italie a déployé les efforts les plus importants, atteignant au total 71% du PIB. L’Allemagne suit avec 47%, puis l’Espagne avec 31% et la France avec 26%
Notre baromètre continue de faire état d’une nette amélioration de la situation conjoncturelle française ces derniers mois par rapport aux trois mois précédents : la zone en bleu déborde en effet largement celle en pointillés au niveau des indicateurs d’activité, et elle dépasse ou est très proche de l’hendécagone gris délimitant la valeur moyenne de long terme au niveau des enquêtes de confiance. S’agissant des données d’activité, comme il y a un mois, l’amélioration repose toutefois sur un effet de base très favorable.
Notre baromètre fait état d’une nette amélioration de la situation conjoncturelle française ces derniers mois par rapport aux trois mois précédents. L’amélioration repose toutefois sur un effet de base très favorable. En avril, l’effet de base devrait être encore favorable, malgré le nouveau confinement.
La hausse des difficultés d’offre signalées par les enquêtes de conjoncture de l’INSEE en avril 2021 a suscité l’attention. Il ne s’agirait pas, en effet, qu’elles viennent freiner la reprise, à peine entrevue. Cette hausse est particulièrement marquée dans l’industrie et principalement imputable à des contraintes d’approvisionnement, dont l’ampleur dépasse nettement le niveau moyen des années précédentes. Dans le bâtiment, l’insuffisance de main d’œuvre est le problème dominant (comme avant la crise) mais les difficultés d’approvisionnement sont également en forte hausse. Dans les services, les contraintes d’offre sont avant tout liées aux restrictions sanitaires. Dans ce secteur, les problèmes de demande concernent cependant un plus grand nombre d’entreprises
En 2021, une hausse de l’emploi et du taux de chômage est attendue mais l’incertitude quant à son ampleur est grande. Le risque est que cette remontée soit limitée pour l’emploi et importante pour le taux de chômage.La croissance de l’emploi sera soutenue par le plan France Relance. L’ampleur de son redressement est néanmoins pour partie liée à la vigueur de la reprise. Mais elle restera aussi, et surtout, contrainte par l’effet retardé de la chute massive de l’activité en 2020, l’augmentation des défaillances d’entreprises, l’hétérogénéité sectorielle, le retour en activité des personnes en chômage partiel et les efforts de reconstitution des gains de productivité et des marges des entreprises
Notre baromètre fait état d’une amélioration de la situation conjoncturelle française ces derniers mois par rapport aux trois mois précédents : la zone en bleu s’est en effet élargie par rapport à celle en pointillés. Le détail des évolutions mensuelles des différents indicateurs laisse toutefois une impression plus mitigée, due à leur mouvement de yo-yo.
Contrairement à ce que laissait espérer fin 2020 la découverte des vaccins, à savoir la fin du stop-and-go, on reste, début 2021, sur une trajectoire de sortie de crise en accordéon du fait de l’apparition des variants et de lenteurs dans la vaccination. Elle s’est rapprochée (baisse moins forte qu’attendu du PIB au T4 2020, rechute en récession technique a priori évitée au T1 2021 avec une croissance faible mais positive attendue) avant de s’éloigner à nouveau (report du rebond attendu au T3 après une croissance au T2 qui frôle le zéro, un chiffre négatif ne pouvant être écarté). Le net rebond des enquêtes de confiance en mars est une bonne nouvelle mais éphémère car il n’intègre pas le durcissement récent des mesures de confinement