Basée à Paris, la Direction des Études Économiques de BNP Paribas est composée d’économistes et de statisticiens :
« Les Études économiques ont pour mission de répondre aux besoins des clients, des lignes de métiers et des fonctions de BNP Paribas en matière de recherche économique. Notre équipe d’économistes et de statisticiens couvre un nombre important de pays avancés, en développement et émergents, l’économie réelle, les marchés financiers et l’économie bancaire. Ce site, qui présente nos analyses, nos vidéos et nos podcasts, permet de partager le résultat de nos recherches avec tous ceux qui souhaitent mieux comprendre le contexte économique ou qui s’intéressent à des problématiques spécifiques. »
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A Sintra, Mario Draghi, le président de la BCE, a évoqué un possible nouvel assouplissement de la politique monétaire européenne. Même message de la part du FOMC : il faut s’attendre à de prochaines baisses des taux aux Etats-Unis. Cette synchronisation des politiques monétaires s’explique par des problèmes communs (une inflation trop faible par rapport à l’objectif) et des préoccupations partagées, en particulier la montée des incertitudes au niveau mondial. Si la situation persiste, l’orientation accommodante des politiques monétaires finira par perdre de son efficacité.
Selon Mario Draghi, la question-clé est de savoir combien de temps les autres secteurs de l’économie seront épargnés par le ralentissement de l’industrie manufacturière. L’indice des directeurs d’achat du secteur manufacturier et celui des services sont historiquement très corrélés, signe, entre autres choses, du rôle important de ces derniers dans la chaîne de valeur de l’industrie manufacturière. La résilience du secteur des services dans la zone euro dépendra en très grande partie de l’évolution de la situation en Allemagne où l’écart entre les PMI des deux secteurs est anormalement élevé.
La BCE a légèrement assoupli sa politique monétaire en prolongeant sa forward guidance sur les taux directeurs. Par ailleurs, les conditions de la troisième campagne de TLTRO III sont un peu moins généreuses que les précédentes. Un débat s’est ouvert au sein du Conseil des gouverneurs sur la manière de réagir en cas d’aggravation de la situation. Au vu des fondamentaux de la zone euro, la BCE n’est pas pressée, pour le moment, de réagir à la prolongation des incertitudes. Une manière de ne pas brûler trop vite ses cartouches.
D’après une enquête réalisée auprès des directeurs financiers de 469 entreprises américaines, 84 % d’entre eux s’attendent à une récession aux États-Unis au premier trimestre 2021. Cela fait craindre des anticipations baissières autoréalisatrices. Une corrélation positive entre la confiance et les décisions des entreprises reflèterait (leur anticipation) de fondamentaux forts, ou bien l’effet d’esprits animaux. La recherche empirique menée par CESifo auprès d’entreprises allemandes confirme le rôle de ces derniers. En agrégé, les esprits animaux optimistes ont un effet plus important que les esprits pessimistes.
Les résultats des enquêtes de conjoncture publiés cette semaine envoient des signaux contrastés : amélioration de la confiance des consommateurs, fléchissement de l’indice Ifo du climat des affaires en Allemagne et stabilisation de l’indice Insee en France. Les indices PMI IHS Markit indiquent une stabilisation au cours de ces derniers mois de l’industrie manufacturière, à un niveau très faible à faible, et des services à un niveau plus satisfaisant. Plusieurs facteurs continuent de soutenir la demande intérieure. Un malaise persiste toutefois, principalement pour des raisons sur lesquelles la zone euro n’a aucun contrôle. Le risque d’une hausse des droits de douane est en haut de la liste des préoccupations.
Dans un contexte de tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, l’incertitude quant à la politique économique reste très élevée. Au regard de la dispersion des opinions concernant le climat des affaires, elle n’augmente pas mais reste forte parmi les entreprises allemandes. Du côté des entreprises américaines, elle a baissé en début d’année mais remonte désormais légèrement. Le risque géopolitique, mesuré par la couverture médiatique de l’incertitude, est sur une tendance haussière depuis début 2013 bien que celle-ci ralentisse dernièrement. Quant à l’incertitude basée sur la dispersion des performances des entreprises sur les marchés d’actions, elle a fléchi depuis le début de l’année
Une hausse des droits de douane a des conséquences négatives sur le pays ciblé. Celui à l’origine de la hausse en subira à son tour l’impact, même en l'absence de représailles. Les dépenses des ménages souffriront ainsi d'une perte de pouvoir d'achat, l’inflation augmentant en raison de la hausse des prix à l'importation et/ou du remplacement des produits importés par des produits locaux. Pour la même raison, à un niveau agrégé, les bénéfices des entreprises peuvent en souffrir, et ces dernières peuvent décider de réduire leurs investissements en raison d'une incertitude accrue. Des recherches empiriques viennent confirmer ces analyses.
Dans l’Union européenne, les émissions de CO2 liées à la combustion d’énergies fossiles ont diminué de 2,5 % en 2018 par rapport à l’année précédente. Compte tenu de la croissance du PIB, cette baisse s’explique par une réduction de l’intensité énergétique, confirmant ainsi une tendance de long terme. Cependant, les différences sont grandes au niveau européen, bon nombre de pays ayant enregistré une hausse des émissions. De même, on note des écarts considérables en termes d’émissions par habitant selon le niveau de développement économique, même s’il ne s’agit que d’un facteur parmi d’autres.
Selon Jerome Powell, les fondamentaux de l’économie américaine demeurent solides. La croissance a été robuste au premier trimestre, mais sa qualité ne laisse pas d’interroger. L’investissement résidentiel freine la croissance qui a, par ailleurs, bénéficié d’une baisse des importations et de l’augmentation des stocks. Dans les prochains mois, un rebond des importations et une diminution des stocks sont à prévoir. La croissance devra alors compter sur les dépenses de consommation et les investissements des entreprises.
Les relations entre la dette publique, la croissance économique et les taux d’intérêt sont complexes et variées. En général, une récession entraîne un accroissement de la dette publique et une réduction du coût des emprunts publics. Une longue période de détente monétaire en phase de retournement conjoncturel peut se traduire par un repli du taux d’intérêt nominal de la dette publique en dessous du taux de croissance nominale. Selon le niveau du solde budgétaire primaire, une telle situation peut, dans certaines conditions, générer une marge d’expansion budgétaire pour soutenir la croissance.
Au premier trimestre l’économie américaine s’est avérée particulièrement performante. La première estimation de la croissance trimestrielle du PIB au T1 2019 qui vient d’être publiée est de +3,2%, bien au-delà du chiffre du consensus (+2,3%) et de celui du trimestre précédent (+2,2%). Les statistiques pour le mois de mars, publiées plus tôt ce mois-ci, avaient été bonnes, sans plus.
Plus l’inflation est élevée au moment de l’accélération de la croissance des salaires, plus la répercussion de cette dernière sur la hausse des prix est forte et rapide. Dans la zone euro, la faiblesse de l’inflation a freiné le mécanisme de transmission. Le ralentissement prononcé de la croissance, sur fond de baisse de la demande extérieure et de chocs d’incertitude, vient compliquer le processus. La pression sur la BCE se fait d’autant plus sentir que l’inflation sous-jacente reste bloquée à un niveau bien inférieur à son objectif.
Les différentes mesures de l’incertitude envoient des messages contradictoires. L’indice Economic Policy Uncertainty, qui suit la couverture médiatique du sujet, n’augmente plus mais ne décroit pas encore.
Les données récentes sur la Chine et la zone euro indiquant une stabilisation de la croissance ont été accueillies avec soulagement. Aux États-Unis, la croissance devrait rester à un niveau satisfaisant à court terme malgré le ralentissement. Des inquiétudes persistent néanmoins sur la vigueur sous-jacente de l’économie mondiale. Le FMI, qui a de nouveau révisé à la baisse ses prévisions, table sur un léger rebond au second semestre, sans plus. L’aplatissement de la courbe de taux US alimente les craintes d’une croissance décevante. La Fed, confiante dans les perspectives, se montre toutefois patiente dans sa politique, un ton accommodant que les bourses ont salué. Cependant, les marchés des actions et des obligations envoient des signaux très différents concernant la croissance future
Le Président Trump a affirmé que l’économie décollerait si la Réserve fédérale décidait d'abaisser les taux directeurs. D’après les minutes de la réunion du FOMC, les membres du Comité ont confiance dans les perspectives économiques, et celles d’inflation les autorisent à faire preuve de patience compte tenu des nombreuses incertitudes au niveau mondial. Dans son dernier rapport sur la stabilité financière dans le monde, le FMI s’inquiète du niveau élevé d’endettement qui pèse sur la capacité des entreprises à faire face à un fort ralentissement de la croissance ou à une hausse des coûts de financement. La Fed devra donc combiner patience et prudence.
Le rebond en mars des créations d’emplois aux Etats-Unis constitue un soulagement après la déception du mois de février. Les indices manufacturiers chinois se sont ressaisis et dépassent les 50 points. Dans la zone euro, le secteur manufacturier reste sous pression mais l’indice PMI des services progresse, et les ventes au détail dépassent les attentes. L’évolution de l’incertitude sera décisive pour le secteur manufacturier, or on voit quelques signes encourageants : la probabilité d’un accord entre les Etats-Unis et la Chine augmente, tandis qu’au Royaume-Uni des négociations entre les partis politiques visent à éviter un Brexit sans accord.
Après la morosité des PMI flash de la semaine dernière, les dernières données reflètent une situation contrastée. L’indice du sentiment économique (ESI) de la Commission européenne continue de se replier dans beaucoup de pays et pour la zone euro dans son ensemble. Les données IFO pour l’Allemagne indiquent une amélioration du climat économique global malgré la poursuite du repli dans l’industrie manufacturière. D’après l’Insee, la situation se stabilise en France, voire s’améliore légèrement. Dans l’ensemble, les signes sont encourageants mais il serait prématuré de conclure à une fin prochaine du ralentissement de la croissance. Les données du mois d’avril seront à cet égard particulièrement importantes.
Les projections de croissance des membres du FOMC ont été revues à la baisse, celles sur le chômage à la hausse. Les projections du taux cible des Fonds fédéraux ( « dots »), quant à elles, ont reculé de 50 points de base. Selon le président de la Fed, les perspectives restent favorables et c’est le moment de faire preuve de patience. Les marchés sont moins optimistes. Ils voient dans cette invitation à la patience le signe d’une préoccupation sous-jacente liée à des risques à la baisse et anticipent une détente des taux en 2020. Nos prévisions tablent sur un taux inchangé en 2019 et 2020.
Les très nombreuses données publiées cette semaine n’ont pas dissipé les inquiétudes concernant le ralentissement de la croissance chinoise. Compte tenu du biais lié au Nouvel An lunaire et des mesures récentes de relance budgétaire, il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives. La question est centrale pour l’économie mondiale mais, en raison du poids de la Chine, elle l’est aussi pour les principaux pays qui exportent vers l’empire du Milieu, comme l’Allemagne. Dans ce contexte, la conclusion d’un accord commercial avec les États-Unis constitue un enjeu crucial.
La Réserve Fédérale lance une vaste revue de sa politique monétaire. Les conclusions seront rendues publiques au premier semestre 2020. Trois questions seront posées : la politique monétaire doit-elle prendre en compte les écarts par rapport à l’objectif d'inflation ? Ses outils sont-ils adéquats? Comment peut-elle améliorer sa communication? Cette initiative mérite d'être saluée, la Fed montrant sa volonté de se préparer à une prochaine récession. La BCE étant confrontée à des défis comparables, les conclusions des réflexions de la Fed seront suivies de près à Francfort.
Quand les ménages (entreprises) se sentent plus incertains, ils dépenseront (investiront) moins. Après un bond l’année dernière, le nombre d’articles de presse mentionnant l’incertitude a quelque peu diminué (graphique en haut à gauche).
Les dernières données d’enquête montrent une image contrastée. En Chine, la situation semble se stabiliser dans le secteur manufacturier, tandis que l’indice a chuté au Japon. En Allemagne, on a pu noter une nouvelle baisse à un niveau particulièrement bas. Selon le pays ou le secteur, la situation est très variable en zone euro. Si l'on se base sur l'indicateur d'enquête le plus large, on observe une stabilisation. La confirmation dans les prochains mois dépendra beaucoup de l'évolution en Chine et d’une baisse des sources d'incertitude bien connues (commerce, Brexit).
Compte tenu de son poids considérable dans le PIB mondial, le ralentissement de la croissance en Chine impacte le reste du monde. Au cours des 12 derniers mois, les pays les plus exposés à la Chine en termes d'exportations ont enregistré une baisse plus importante de l’évaluation des commandes à l'exportation. En Allemagne, on observe une corrélation étroite entre l'indice des directeurs d'achats chinois et l’évaluation des exportations dans le PMI allemand. Cela montre que l'Allemagne et, par extension, l'Europe dans son ensemble devraient espérer le succès des récentes mesures chinoises de soutien à la croissance.
Depuis début 2018, les indices des directeurs d’achats montrent une érosion des nouvelles commandes à l’exportation dans un grand nombre de pays, plus marquée que la dégradation générale du climat dans l’industrie manufacturière. Les chocs extérieurs de la demande domineraient donc les facteurs domestiques dans le ralentissement global de la croissance. Le décrochement des nouvelles commandes à l’exportation fait écho au freinage des échanges internationaux. Il est sans doute lié au tassement de l’activité chinoise et à celui des dépenses d’investissement (qui nécessitent davantage d’importations que la consommation) constaté dans de nombreux pays. L’incertitude qui règne dans les relations commerciales internationales pourrait également jouer un rôle.
La Commission européenne prévoit désormais 1,3 % de croissance dans la zone euro pour 2019, contre 1,9 % auparavant. Cette révision à la baisse n’est pas une surprise, compte tenu de la tendance au repli de plusieurs indicateurs d’enquête. Les résultats récents de ces indicateurs concernant les estimations de l’évolution du PIB ont néanmoins été contrastés, ce qui rend l’évaluation de la dynamique de croissance actuelle d’autant plus difficile.