Basée à Paris, la Direction des Études Économiques de BNP Paribas est composée d’économistes et de statisticiens :
« Les Études économiques ont pour mission de répondre aux besoins des clients, des lignes de métiers et des fonctions de BNP Paribas en matière de recherche économique. Notre équipe d’économistes et de statisticiens couvre un nombre important de pays avancés, en développement et émergents, l’économie réelle, les marchés financiers et l’économie bancaire. Ce site, qui présente nos analyses, nos vidéos et nos podcasts, permet de partager le résultat de nos recherches avec tous ceux qui souhaitent mieux comprendre le contexte économique ou qui s’intéressent à des problématiques spécifiques. »
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Plusieurs éléments ont marqué l'année 2023 et ces éléments sont pertinents dans l'analyse que nous ferons pour les perspectives de 2024. 2023 est l'année de la grande résilience du marché du travail face à la hausse des taux d'intérêt. C'est l'année de la résilience de l'économie américaine qui a connu une performance en termes de croissance absolument impressionnante. C’est également l'année de la stagnation en zone euro ou encore l'année de la désinflation. Mais le fait qui a le plus marqué 2023 est le pic des taux d'intérêt officiels qui a été atteint aux États-Unis et en zone euro. En conséquence, on a terminé l'année sur une note positive, une note d'espoir que 2024 devrait être marquée par un début d'assouplissement monétaire.
La poursuite de la désinflation et la marge de manœuvre que cela crée pour les banques centrales en faveur d’un assouplissement de leur politique monétaire semblent être les seules « certitudes » économiques pour cette année 2024. Une liste de questions importantes demeure néanmoins, auxquelles une réponse devrait être apportée dans le courant de l’année
Il y a près d’un an, nous avions qualifié 2023 d’« année de transition, mais vers quoi? », car nous étions d’avis que l’inflation baisserait, que les taux d’intérêt officiels atteindraient leur pic et que le processus de désinflation pourrait être chaotique. 2023 a été pleine de surprises : la résilience du marché du travail aux États-Unis et dans la zone euro, l’ampleur du resserrement monétaire, l’appétit pour le risque des investisseurs. La performance de croissance de l’économie américaine s’est révélée la plus grande surprise
La dernière déclaration de la Réserve Fédérale – les projections de taux du FOMC et les commentaires de Jerome Powell, Président de la Fed – confortent l’anticipation d’un atterrissage en douceur pour l’économie américaine. Ces annonces devraient apaiser les craintes potentielles sur les perspectives de cash-flow des entreprises et du revenu des ménages. On a assisté à un fort rally des marchés tant obligataires, qu’actions, suscitant l’euphorie chez les investisseurs en cette fin d’année. Toutefois, le scénario d’un atterrissage en douceur devrait maintenant entrer dans une phase plus critique : les investisseurs ne tarderont pas à s’interroger sur le calendrier et l’ampleur des baisses de taux
Comme d'habitude, la fin de l'année invite les analystes et les journalistes à faire le bilan de l'année des 12 mois qui viennent de s'écouler. Pour les économistes, le moment est venu de faire le bilan de leur prévision, de regarder dans quelle mesure l'année a été surprenante ou plutôt en ligne avec ce qu'on attendait.Lorsqu'on regarde 2023, ça a été une année qui, dans une certaine mesure, a été conforme aux attentes, mais qui, au global, a quand même été une année particulièrement surprenante jusqu'à la fin.
Lorsque les besoins de financement d’une transformation économique dépassent les capacités de marchés financiers fragmentés, l’union des marchés de capitaux devient indispensable, a déclaré Christine Lagarde, présidente de la BCE, dans un discours récent. L’UE se trouve aujourd’hui face à cet enjeu. Selon des estimations de la Commission européenne, il faudra plus de 700 milliards d’euros par an pour financer la transition énergétique et numérique. L’un des moyens de réduire la fragmentation des marchés de capitaux consiste à abaisser le coût de la collecte d’informations pour les investisseurs, notamment grâce à l’harmonisation et, si possible, la simplification des normes et réglementations
Les enquêtes récentes auprès des entreprises indiquent une stabilisation de la conjoncture dans la zone euro, en Allemagne et en France, mais il serait prématuré de conclure que le point de retournement a été atteint. Une telle évolution positive semble peu probable à court terme. La politique monétaire devrait rester restrictive pendant un certain temps et l’effet des relèvements de taux antérieurs ne s’est pas encore pleinement fait sentir. La politique de crédit des banques devrait rester prudente en raison de l’accroissement du risque de crédit dans un contexte de stagnation de l’économie face à des taux d’intérêt élevés et la demande de prêts de la part des entreprises et des ménages est faible
Comme l’ont martelé récemment plusieurs banquiers centraux, le «?dernier kilomètre?» vers l’objectif d’inflation pourrait être le plus difficile à parcourir. Après une première phase de baisse rapide de l’inflation totale, due à des effets de base favorables liés à la chute des prix de l’énergie, la poursuite de la désinflation pourrait prendre plus de temps. Le pouvoir de fixation des prix (pricing power) des entreprises, les anticipations d’inflation et la croissance des salaires jouent à cet égard un rôle clé. En insistant sur les mètres qu’il reste à parcourir, les banquiers centraux semblent vouloir éviter de paraître trop optimistes. Les marchés financiers pourraient, autrement, intégrer des baisses de taux prématurées
La très forte désynchronisation entre la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine et celle de la Banque du Japon a entraîné un affaiblissement significatif du yen. La remontée des rendements américains a également exercé des pressions à la hausse sur ceux des obligations d’État japonaises. Il s’est ensuivi un ajustement progressif de la politique de contrôle de la courbe des taux de la BoJ. L’évolution de l’inflation renforce la probabilité d’un relèvement des taux directeurs au Japon. Toutefois, la normalisation de la politique monétaire reste une tâche délicate du fait de ses possibles répercussions au plan domestique comme au plan international. La BoJ a opté pour la prudence et une approche progressive mais la devise nippone a entre-temps poursuivi son repli
Au troisième trimestre, l'économie américaine a réalisé l’équivalent d’un sprint en montée : une croissance impressionnante malgré le niveau élevé des taux d'intérêt. La consommation des ménages a été un facteur clé de cette performance, mais les dépenses publiques, la reconstitution des stocks et le rebond de la construction résidentielle ont également soutenu la croissance. Cependant il faut s'attendre à ce qu'elle ralentisse à l'avenir.Des taux hypothécaires élevés pèseront sur l'activité de construction, si elles s'attendent à une demande plus faible, il y a un risque que les entreprises préfèrent réduire leurs stocks. Par ailleurs, on ne sait pas dans quelle mesure les ménages continueront à réduire leur taux d'épargne ainsi que l'excédent d'épargne accumulé pendant la pandémie.
L'indice de risque géopolitique, basé sur le nombre d'articles de journaux évoquant des bouleversements géopolitiques, a enregistré une forte hausse en octobre. Savoir si cela influence les décisions des ménages et des entreprises dépend, entre autres, de la réversibilité de ces décisions. Si l’on se fonde sur les recherches empiriques relatives aux conséquences d'une augmentation significative de l'incertitude, le récent bond de l'incertitude géopolitique fait craindre un impact direct et indirect - par l'incertitude des prix de l'énergie (pétrole, gaz) - sur les dépenses discrétionnaires des ménages et les décisions d'embauche des entreprises. Ces deux réactions pouvant se renforcer mutuellement
Comme le montrent les données de septembre, la désinflation se poursuit dans la zone euro. Cette évolution est, en outre, généralisée : pour plus de la moitié des postes de l’IPCH (indice harmonisé des prix à la consommation), le taux d’inflation sur trois mois est inférieur à l’objectif de la BCE, exprimé sur une base équivalente. Cette tendance renforce la probabilité que la baisse de l’inflation s’étende à l’ensemble de l’économie de la zone euro. Cependant, malgré les progrès enregistrés, l’inflation se maintient bien au-dessus de sa cible
Aux États-Unis et dans plusieurs pays européens, les besoins bruts de financement du secteur public devraient rester importants alors que la réduction de la taille des bilans des banques centrales – le resserrement quantitatif - complique les choses. L'impact sur les rendements obligataires dépendra de la capacité des investisseurs à prendre des risques
Dans ce nouveau podcast consacré à la lutte des banques centrales contre l’inflation, Andrew Craig, co-responsable de l'Investments Insight Center de BNP Paribas Asset Management, échange avec William De Vijlder, chef économiste du groupe BNP Paribas. Les banques centrales ont pratiqué ces derniers trimestres une politique de resserrement monétaire pour lutter contre les poussées inflationnistes, alors qu’aujourd’hui on distingue une baisse de l’inflation, peut-on dire qu’elles ont achevé leur mission ?
Les rendements des obligations d’État américaines ont sensiblement augmenté depuis la fin du mois de juillet, une dynamique qui s’est accélérée au cours des trois dernières semaines. La hausse de la prime de terme semble déterminante même si les causes sous-jacentes ne sont pas clairement identifiées. En revanche, les conséquences ne font aucun doute : elles sont négatives pour l’économie. L’un des principaux canaux de transmission est le marché immobilier, et la demande de crédit en général devrait en pâtir. L’autre facteur à surveiller est le marché actions, le rendement des bénéfices (earnings yield) du S&P500 étant à présent inférieur à celui des obligations d’État à 10 ans
Confrontées à une inflation qui dépassait largement leurs objectifs, plusieurs banques centrales du monde développé ont été obligées de remonter agressivement leurs taux officiels. Malgré ces actions, l’activité est restée assez résiliente.
L'inflation reflue en zone euro et les dernières enquêtes de conjoncture indiquent une possible stabilisation de l’activité économique. Toutefois, l'inflation reste très au-dessus du niveau cible, tandis que le climat des affaires a atteint un niveau (très) bas. Sur la base de la relation historique, le niveau actuel du PMI composite S&P Global et l’indice du sentiment économique de la Commission européenne augurent au mieux d'une stagnation de l'activité au cours des prochains mois. La question de savoir si la croissance finira par être supérieure ou inférieure à ces anticipations dépendra en grande partie de l'évolution de l’environnement économique
Le chef économiste de BNP Paribas, William De Vijlder reçoit Hélène Baudchon, responsable de l'équipe OCDE des Études Économiques ; Richard Malle, Responsable mondial de la recherche de BNP Paribas Real Estate et François Faure, Responsable Équipe Pays émergents et Risque Pays. En ce mois de septembre 2023, ils font le point sur la conjoncture mondiale dans un contexte inflationniste, de relèvement des taux d'intérêt et de resserrement monétaire des banques centrales
Dans l’univers des banques centrales, les apparences sont trompeuses. Le dernier relèvement des taux de la Banque centrale européenne a été jugé dovish (accommodant) tandis que la pause décidée par la Réserve fédérale américaine a été qualifiée de hawkish (restrictive). Ces réactions montrent qu’au-delà de la décision sur les taux, le message qui l’accompagne a aussi son importance. Celui de la BCE a été perçu comme indiquant que le taux terminal avait été atteint. Aux États-Unis, les dernières projections de taux d’intérêt (dot plot) des membres du FOMC indiquent une nouvelle hausse avant la fin de l’année, avec un taux des fonds fédéraux qui devrait rester élevé pendant longtemps
Lors de sa dernière réunion, le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne a décidé de resserrer davantage sa politique monétaire, portant le taux de rémunération des dépôts à 4,00 %. D’après lui, maintenir les taux directeurs à leurs niveaux actuels, pendant une durée suffisamment longue, contribuera grandement à ramener au plus tôt l’inflation vers sa cible de 2%. Les marchés financiers se sont redressés, convaincus que le pic du cycle des taux directeurs a été atteint. La question est maintenant de savoir pendant combien de temps ils se maintiendront à ce niveau et quel sera le rythme de la détente à venir
Les chercheurs s’accordent généralement sur un point : le vieillissement de la population est préjudiciable à la croissance économique car la population en âge de travailler diminue. Leurs avis sont plus partagés concernant son impact sur l’inflation qui dépend, entre autres, du comportement de consommation et d’épargne de chaque âge. Les évolutions salariales vont jouer un rôle clé. Une baisse de la population active pourrait créer des goulets d’étranglement structurels sur le marché du travail dans certains secteurs, déclencher une « guerre des talents » et obliger les entreprises à verser des salaires plus élevés et à augmenter leurs prix de vente, avec des répercussions possibles sur le reste de l’économie
Les faits stylisés sont des schémas récurrents existant entre les variables économiques et entre les variables économiques et les marchés financiers. Ils sont conditionnés par l’environnement économique et déterminent les attentes des ménages, des entreprises et des investisseurs. Ils sont également utilisés dans l'élaboration des prévisions économiques. Dans le cycle actuel, la pertinence de certains faits stylisés soulève quelques doutes. Aux États-Unis, l’économie continue de croître malgré une inversion significative de la courbe des taux et des hausses de taux agressives. Dans la zone euro, le marché du travail a jusqu’à présent été résilient malgré les actions de la BCE
Depuis peu, la Réserve fédérale comme la Banque centrale européenne emploient fréquemment le terme « incertitude », une donnée dont elles doivent tenir compte dans leurs décisions de politique monétaire. De même, les ménages, les entreprises et les investisseurs sont confrontés à différents types d’incertitude : l’incertitude entourant l’état exact de l’économie, celle sur la politique économique à venir et la politique monétaire en particulier, celle sur la transmission des chocs passés – i.e. les relèvements de taux d’intérêt – et les risques engendrés par des événements (géopolitiques, climatiques, etc.) susceptibles d’impacter l’économie
Dans les prochains trimestres, la croissance économique devrait ralentir aux États-Unis et dans la zone euro, tandis que l’inflation sous-jacente devrait marquer nettement le pas. Les délais de transmission de la politique monétaire à l’économie étant longs et variables, l’impact de la hausse des taux ne s’est pas encore tout à fait matérialisé. Le processus prend plus de temps que prévu et l’attente se fait longue. Aux États-Unis, l’économie a été particulièrement résiliente malgré le recul récent de certaines données. Dans la zone euro, le marché du travail reste dynamique mais de nombreux chiffres s’inscrivent en repli, y compris dans les services
La dernière enquête trimestrielle de la Commission européenne relative aux facteurs qui limitent la production le montre : les sociétés de services sont peu nombreuses à faire état d’une demande insuffisante. Le poids du facteur financier est en hausse mais il reste inférieur à la moyenne, tandis que les facteurs liés à l’offre se maintiennent à des niveaux exceptionnellement élevés. On pourrait s’attendre a priori à ce qu’une demande forte, combinée à des restrictions de l’offre, influence le comportement des entreprises en matière de fixation des prix. Or, une analyse de régression montre que ces facteurs n’expliquent qu’une infime partie des fluctuations de l’inflation dans les services