Basée à Paris, la Direction des Études Économiques de BNP Paribas est composée d’économistes et de statisticiens :
Les Études économiques ont pour mission de répondre aux besoins des clients, des lignes de métiers et des fonctions de BNP Paribas en matière de recherche économique. Notre équipe d’économistes et de statisticiens couvre un nombre important de pays avancés, en développement et émergents, l’économie réelle, les marchés financiers et l’économie bancaire. Ce site, qui présente nos analyses, nos vidéos et nos podcasts, permet de partager le résultat de nos recherches avec tous ceux qui souhaitent mieux comprendre le contexte économique ou qui s’intéressent à des problématiques spécifiques.
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L’économie marocaine s’est illustrée par sa capacité de résistance ces dernières années. Les pertes de PIB induites par la crise du COVID ont été rapidement effacées et le choc inflationniste de 2023 est passé. Tombée en dessous de 1% depuis le début de l’année contre un pic de 10% début 2023, l’inflation n’est plus une source de préoccupation majeure. En juin, la Banque Centrale a décidé d’assouplir sa politique monétaire. La solidité des comptes extérieurs et la consolidation en cours des finances publiques ont également rassuré les autorités monétaires dans leur prise de décision.
Portée par des cours mondiaux de l’énergie relativement élevés et une demande soutenue pour son gaz, l’économie algérienne continue d’enregistrer des performances solides. En 2023, la croissance a été une des plus fortes des pays producteurs d’hydrocarbures de la région, et les perspectives pour 2024 restent favorables. Cependant, l’orientation expansionniste de la politique économique commence à montrer certaines limites, en particulier à cause de la hausse des déséquilibres budgétaires. Si les risques d’instabilité macroéconomique sont largement contenus à court terme, le rééquilibrage des moteurs de la croissance reste un défi d’envergure à moyen terme
Au Maroc, les derniers chiffres de la croissance du PIB et de l’inflation ont été meilleurs qu’attendu, mais le nouvel épisode de sécheresse compromet la reprise économique. L’instabilité régionale constitue un autre risque à prendre en considération. Le pilotage adéquat de la politique économique et les fondamentaux solides du pays restent toutefois des facteurs rassurants de stabilité macroéconomique.
Au moment où le Sénégal s’apprête à lancer sa production de gaz et de pétrole, la reconfiguration du paysage politique soulève un immense espoir auprès de la population. Porté par un projet de rupture, le candidat de l’opposition, Bassirou Diomaye Faye, a remporté les élections présidentielles dès le premier tour. Mais les défis qui l’attendent sont d’envergure, en particulier sur le front de l’emploi. Malgré une décennie de croissance robuste, l’économie s’est, en effet, peu transformée et souffre de faibles gains de productivité que l’effort soutenu d’investissement pourra difficilement continuer de masquer, en raison du niveau désormais élevé de l’endettement.
La Tunisie traverse une grave crise économique. Le PIB réel s’est de nouveau contracté de 0,2% en glissement annuel au T4 après une chute de 0,3% lors du trimestre précédent. Estimée à 0,4% sur l’ensemble de l’année, la croissance n’a jamais été aussi faible depuis plus d’une décennie (hors crise du COVID).
Lourdement affectée par la crise du COVID et les conséquences de la guerre en Ukraine, l’économie tunisienne doit désormais faire face à d’importantes contraintes de financement. Les comptes extérieurs ont plutôt bien résisté en 2023, mais la situation macroéconomique reste très fragile. Les tombées de dette pour cette année sont significatives, et le pays n’est pas à l’abri d’un nouveau choc. Surtout, la perspective d’un rapprochement avec le FMI apparait de moins en moins probable, alimentant des craintes sur la capacité du gouvernement à couvrir l’intégralité de ses besoins de financements. Une crise de la dette n’est pas à écarter.
L’économie du Nigéria est fragile. Malgré la remontée des cours du pétrole en 2021 et 2022, la stabilité macroéconomique a continué de se détériorer. En cause : le niveau trop faible de la production pétrolière, un taux de change artificiellement surévalué et l’envolée des subventions sur l’énergie. Sans une inflexion de la politique économique, la situation ne pouvait donc que se dégrader. Le nouveau président, Bola Tinubu, a décidé d’agir vite et fort. Juste après sa prise de fonction en mai dernier, il a annoncé l’assouplissement du système de change et la fin des subventions sur l’énergie. Sans surprise, la première mesure a attisé l’inflation, qui devrait approcher les 30% d’ici à la fin de l’année
L’économie ghanéenne se relève peu à peu de la grave crise macroéconomique de 2022. La croissance du PIB résiste mieux que prévu et l’inflation a commencé à refluer même si elle demeure trop élevée. Sur le plan des finances publiques, les progrès sont également encourageants. Outre l’exécution budgétaire satisfaisante au cours des six premiers mois de l’année, les autorités ont achevé le processus de restructuration de la dette domestique. Cependant, le pays reste en défaut sur sa dette extérieure. Malgré le soutien apporté par le FMI, il ne dispose pas non plus d’amortisseur suffisant pour le prémunir d’un éventuel nouveau choc externe.
L’économie ivoirienne semble avoir bien résisté aux différents chocs externes depuis 2020. La croissance est restée robuste et l’inflation relativement maîtrisée. Cependant, les mesures mises en place par les autorités pour protéger la population et la poursuite des grands chantiers d’infrastructures publiques ont fortement creusé le déficit budgétaire alors que les conditions de financement se dégradaient. Afin de réduire les pressions sur les finances publiques et les comptes extérieurs, les autorités ont fait appel au FMI. Elles se sont engagées dans un programme de consolidation budgétaire qui pourrait s’avérer délicat à mener à bien.
Le candidat de la majorité sortante, Bola Tinubu, a remporté une victoire serrée aux élections présidentielles du 25 février dernier. Les défis qui l’attendent sont de taille : relancer la première puissance économique africaine et restaurer une stabilité macroéconomique qui s’est détériorée dangereusement malgré l’envol des cours du pétrole.
L’économie algérienne bénéficie d’une conjoncture favorable, quasi inédite depuis une décennie. L’année 2022 a ainsi été marquée par le retour des excédents jumeaux grâce à l’envolée des cours mondiaux des hydrocarbures et une modération inattendue du soutien budgétaire. Malgré un environnement international fragile, les perspectives 2023 sont bien orientées et les risques macroéconomiques sont contenus. Néanmoins, la persistance d’une inflation élevée est un risque à surveiller. Surtout, l’envolée des dépenses publiques prévue dans la loi de finances pourrait alimenter de nouveaux déséquilibres macroéconomiques à moyen terme sans pour autant soutenir fortement l’activité économique.
La situation économique de la Tunisie suscite l'inquiétude. La prime de CDS sur les obligations souveraines à 5 ans est passée de moins de 730 points de base (pb) fin novembre à 1072 pb actuellement. À ce stade, le pays rejoint la catégorie des émetteurs émergents considérés comme proches du défaut par les investisseurs.
L’économie marocaine continuera d’afficher des déséquilibres extérieurs et publics importants malgré le reflux des cours mondiaux des matières premières. La stabilité macroéconomique n’est toutefois pas menacée. Les réserves de change sont confortables et la structure de la dette publique est favorable. De plus, l’économie devrait bénéficier d’un rebond de la production agricole après une chute historique en 2022. Dans un environnement international encore très instable, cependant, la tâche des autorités reste complexe. Elles doivent en effet maintenir une politique économique prudente mais pourraient être amenée, une nouvelle fois, à soutenir l’activité. La décélération de la croissance du PIB hors secteur agricole devrait être prononcée.
Deux ans après le choc de la pandémie, la Tunisie est durement frappée par les conséquences du conflit en Ukraine. L’envolée des prix des matières premières conduit à une dégradation dangereuse des comptes extérieurs et des finances publiques. L’inflation atteint des niveaux historiquement élevés, pénalisant un peu plus l’activité économique, qui peine à retrouver de l’allant depuis la crise de 2020. En l’absence de marge de manœuvre financière, la Tunisie espère obtenir l’appui du FMI pour apaiser les tensions macroéconomiques. Il y a urgence.
L’économie algérienne était dans une position délicate au moment du double choc - pandémie et retournement du marché pétrolier - au printemps 2020. La conjoncture s’est améliorée, portée par la hausse des cours du pétrole et celle de la demande européenne en gaz. Pour la première fois depuis 2014, le pays devrait être en mesure de dégager des excédents courants en 2022 et 2023, et donc d’accumuler des réserves de change. Le risque d’une crise de balance de paiements s’éloigne à court terme. Mais la stabilité macroéconomique reste fragile. Les perspectives de reprise sont modestes et les finances publiques sont structurellement déséquilibrées. La mise en place de réformes demeure une priorité pour éviter que l’économie se retrouve en difficulté en cas de nouveau choc pétrolier.
La situation de l’économie nigériane est contrastée. Le niveau faible de la production pétrolière ne lui permet pas de profiter pleinement de la remontée des cours. Le compte courant devrait redevenir excédentaire cette année, mais la persistance d’un régime de change rigide continue de peser sur l’attractivité de l’économie et sur la disponibilité de la liquidité en dollars. Le choc sur les prix des matières premières exacerbe des pressions inflationnistes déjà fortes, et le déficit budgétaire va rester élevé en raison de la poursuite d’une politique de subventions énergétiques devenue trop coûteuse. Pour l’instant, la vigueur de la reprise économique n’est pas compromise
En raison de sa forte dépendance aux importations de pétrole et de blé, le Maroc va souffrir des conséquences de la guerre en Ukraine. Néanmoins, des réserves de change confortables vont permettre d’absorber le choc commercial. De plus, l’orientation expansionniste de la politique budgétaire n’est pas remise en cause par la hausse des subventions énergétiques et alimentaires et la banque centrale compte maintenir son biais accommodant en dépit de pressions inflationnistes fortes. Le soutien de la puissance publique demeure en effet crucial au moment où l’économie doit aussi faire face à une chute significative de la production agricole, et donc de sa croissance. À court terme, la solvabilité budgétaire et la liquidité extérieure ne sont pas menacées
A l’inverse de nombreuses banques centrales dans le monde, les autorités monétaires marocaines ont décidé de maintenir leur taux directeur à 1,5%. Pourtant, l’inflation accélère mais la poussée est récente et encore contenue. En 2021, la hausse des prix à la consommation a atteint seulement 1,4% en moyenne annuelle. Elle est de 3,6% en glissement sur un an en février 2022 et la situation va s’aggraver compte tenu des tensions sur les marchés mondiaux des matières premières et de la chute de la production agricole nationale. Les trois quarts de l’accélération de l’inflation ces derniers mois résultent en effet de la hausse des prix des produits alimentaires (+5,5% en février 2022) et des transports (+6%) dont l’origine est essentiellement externe
Les signaux d’alarme se multiplient. Alors que la croissance résiste plutôt bien, la dégradation importante des finances publiques sur fond de forte poussée inflationniste inquiète les investisseurs et menace les perspectives. Si la Banque centrale a déjà réagi en relevant son taux directeur, les autorités devront avant tout rassurer sur leur capacité à réduire le déficit budgétaire. Pour l’instant, elles n’y sont pas parvenues. Mais la contrainte financière forte et une dette dangereusement élevée pourraient les pousser à faire des ajustements.
L’Algérie n’est pas sortie de la crise mais les voyants ne sont plus rouge vif. La croissance est redevenue positive au T1 2021 et la pression extérieure s’est considérablement allégée. Pour autant, les raisons de ces améliorations sont essentiellement conjoncturelles, à commencer par la remontée des cours du pétrole et la forte demande européenne en gaz. De plus, cela reste encore insuffisant pour rééquilibrer les finances publiques. L’avancée de la campagne de vaccination ne permet pas d’écarter la possibilité d’une nouvelle vague de contamination. C’est dans ce contexte que le Parlement vient d’adopter le plan d’action du nouveau gouvernement
Après la chute de 1,9% de son PIB, le Nigéria ne devrait connaître qu’une reprise modeste en 2021 en raison de la persistance d’importants déséquilibres macroéconomiques. Malgré des premiers signes de stabilisation, l’inflation demeure très élevée, et les multiples ajustements du naira n’ont toujours pas permis de corriger les dysfonctionnements sur le marché des changes. Si la remontée des cours du pétrole devrait alléger quelque peu les tensions sur la liquidité extérieure, il en faudra sans doute plus pour restaurer la confiance des investisseurs. En l’absence de réformes et sans réelle marge de manœuvre budgétaire, l’économie restera vulnérable à des chocs exogènes.
Les répercussions de la pandémie sur l’économie marocaine sont significatives. Après une chute historique de 6,3% de son PIB en 2020, les premiers signaux de reprise restent fragiles en dépit des avancées de la vaccination au Maroc et en Europe, de loin son principal partenaire économique. L’atonie de l’activité touristique en est la principale raison. L’appui des autorités restera donc crucial cette année. Malgré la hausse de la dette publique, l’assainissement des finances publiques ne devrait commencer qu’à partir de 2022. Les agences S&P et Fitch ont relégué le pays en catégorie « spéculative ». Pourtant, la stabilité macroéconomique ne soulève pas pour l’instant d’inquiétudes majeures
L’économie a plutôt bien résisté au choc de la pandémie jusqu’à présent. La croissance a certes fortement décéléré en 2020, mais elle est restée positive. Surtout, elle devrait rebondir fortement cette année, soutenue par la demande domestique et une décrispation du contexte politique après un cycle électoral chargé. Comparé à d’autres pays africains, la situation de la dette soulève également moins d’inquiétudes. Néanmoins, la détérioration marquée des finances publiques en 2020 appelle à une consolidation qui pourrait s’avérer difficile sans une hausse durable des recettes fiscales. Cela risque aussi de peser à terme sur les perspectives de croissance d’une économie de plus en plus dépendante des investissements publics.
L’économie du Nigéria a enregistré une contraction de 1,8% en 2020 en raison de la pandémie et du retournement des cours du pétrole. Les perspectives de rebond sont faibles avec une croissance attendue par le FMI à 2,5% en 2021. L’absence de visibilité sur l’évolution du régime de change constitue l’un des principaux freins à l’activité. Le ministre des Finances a récemment déclaré que le gouvernement allait utiliser le taux Nafex (cours de référence sur le marché), ce qui impliquerait une dévaluation du taux officiel de 7,5%. L’annonce a été démentie par le gouverneur de la Banque centrale mais la pression monte
Avec une contraction de 8,5% du PIB en 2020, l’économie tunisienne a été l’une des plus sévèrement touchées de la région. Les perspectives de reprise sont très incertaines. L’économie est de nouveau menacée par la recrudescence de l’épidémie de Covid-19 et le gouvernement ne dispose pas des mêmes marges de manœuvre qu’en 2020. L’envolée du déficit budgétaire et de la dette publique à des niveaux inquiétants appelle une difficile consolidation des finances publiques. Les réserves de change sont restées stables mais la vulnérabilité extérieure s’accroît. Le choc de la pandémie a aggravé une détérioration tendancielle des fondamentaux. Ses conséquences pourraient être durables.