Où en est le débat sur l’enclenchement éventuel d’une boucle prix-salaires dans la zone euro ? Il y a 6 mois environ, lorsque ce débat est apparu, on avait des présomptions mais pas de preuves de l’enclenchement d’une telle boucle. Aujourd’hui, on peut considérer qu’un début de boucle est enclenché mais d’une manière somme toute normale et avec un risque limité d’un engrenage problématique.
Du côté des salaires, la tendance est, comme attendu, à l’accélération. Leur rythme de hausse était compris, en fin d’année dernière, entre 3% en glissement annuel pour l’indicateur des salaires négociés de la BCE et 5% pour le nouvel indicateur mensuel développé par la Banque centrale d’Irlande, en passant par 4% pour l’indicateur d’Eurostat de rémunération par tête. A 5%, il s’agit d’un rythme trois fois plus rapide que celui enregistré en 2019. La progression est donc forte, indéniablement. Elle est, de plus, assez généralisée à l’ensemble des professions. Mais elle reste, pour l’heure, inférieure à l’inflation et, sur les derniers mois de 2022, le rythme de hausse a plafonné, voire légèrement ralenti.
Si l’on considère qu’il y a boucle prix-salaires dès lors que les salaires réagissent à la hausse de l’inflation, alors, oui, une telle boucle serait, aujourd’hui, enclenchée dans la zone euro. Et la vraie question serait celle de sa vigueur. Il ne faut toutefois pas seulement considérer les effets de premier tour (ceux de la diffusion de l’inflation sur les salaires) : il faut aussi observer des effets retour, des salaires vers les prix et ainsi de suite. Ce qui n’apparaît pas actuellement dans les chiffres, en tout cas pas de manière systémique.
La dynamique des salaires et des prix ne semble pas prise dans une spirale incontrôlée, où les hausses des uns et des autres s’auto-entretiennent. Si boucle il y a, elle n’est pas vigoureuse. Et le risque d’un emballement futur demeure également limité. La progression attendue des salaires devrait certes alimenter l’inflation en 2023, la désinflation anticipée s’en trouvera freinée mais pas remise en cause. La baisse de l’inflation semble déjà enclenchée et elle devrait se poursuivre à l’horizon des prochains trimestres.
Avec le ralentissement attendu de l’activité économique, cela devrait aider à contenir les futures revendications salariales. L’amorce de baisse des anticipations d’inflation, à 1 an comme à 3 ans, des consommateurs de la zone euro est un autre signal positif. Pour conclure, le scénario qui se dessine pour la fin de l’année est celui d’une configuration plus favorable pour le pouvoir d’achat des salariés, où la progression des salaires serait, de nouveau, supérieure à celle des prix. Merci de votre attention et rendez-vous la semaine prochaine pour une nouvelle édition d’EcoTVweek.