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2023, année électrique

12/01/2023

Dans la course à la transition écologique et à l’électrification du parc automobile, l’Europe, bien que pénalisée par la hausse du coût de son énergie, conserve des atouts.

Transcription

Avec le déclenchement de la guerre en Ukraine, il y a près d’un an, l’Union européenne s’est brusquement retrouvée confrontée à sa dépendance aux combustibles fossiles, qu’elle importe en quasi-totalité et qui représentent près de 70% de son mix énergétique.

Des mots que l’on pensait appartenir au passé tels que « pénurie », « sobriété » ou encore « stagflation » - une combinaison de prix galopants et de croissance anémique - ont fait leur retour dans le débat public.

L'électricité au cœur de la compétition internationale

Indexé sur celui du gaz, le prix de marché de l’électricité a bondi : +150% en moyenne sur 2022.

Pour de nombreux ménages et entreprises qui doivent renouveler leur contrat, cela aboutit à une facture énergétique qui flambe, bien souvent de manière inédite ; pour l’Union européenne, c’est une perte de compétitivité, notamment vis-à-vis des Etats-Unis où le prix de l’électricité converti en euros reste très inférieur.

Pour ne rien faciliter, le président Joe Biden a fait voter, en août dernier, l’Inflation Reduction Act, une loi à caractère protectionniste destinée, notamment, à subventionner de manière exclusive l’industrie Nord-Américaine des véhicules électriques.

Le grand rival chinois est bien sûr visé, sachant qu’il occupe sur ce terrain une position très dominante : 75% des batteries lithium-ion livrées dans le monde, une forte emprise sur toute la filière des intrants en métaux.

Mais les constructeurs européens sont aussi concernés, non seulement parce que l’épicentre de leur production n’est pas aux Etats-Unis, mais aussi parce qu’ils ont noué des partenariats avec l’Asie pour produire leurs véhicules électriques qui, de facto, se trouveront exclus des aides de Washington.

L'Europe conserve des atouts importants

Le choc est rude pour l’Union européenne, mais il n’est pas insurmontable.

D’abord parce que celle-ci possède, en matière de transition énergétique, plusieurs longueurs d’avance sur les Etats-Unis, qui lui donnent un avantage comparatif « hors coût » non négligeable.

Très interconnecté, son marché de l’électricité est nettement moins émetteur de CO2. Ses réseaux de transports ou d’énergie ne souffrent pas de la même obsolescence. Quant au déploiement des bornes de recharge, s’il doit être accéléré, il va déjà beaucoup plus loin.

Encouragés par les gouvernements, les automobilistes européens sont nettement plus nombreux à se convertir aux véhicules électriques que leurs homologues Américains, dont la plupart restent à convaincre. En terme de volume de ventes, le marché européen est trois fois plus important que celui des Etats-Unis.

Notons enfin que les autorités de Bruxelles savent, elles aussi, soutenir leur marché via des aides publiques. On peut citer l’initiative d’alliance européenne pour les batteries, lancée en 2021 et qui porte sur près de 9 milliards d’euros. Quant au mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, sur lequel l’Union vient de s’accorder, il vise précisément à rééquilibrer le jeu de la concurrence vis-à-vis des productions étrangères les plus polluantes.

En conclusion, tout se passe comme si la guerre d’Ukraine, mais aussi la prise de conscience du dérèglement climatique, avait partout accéléré la course à la transition énergétique, une course où, désormais, la compétition fait rage.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE