Basée à Paris, la Direction des Études Économiques de BNP Paribas est composée d’économistes et de statisticiens :
« Les Études économiques ont pour mission de répondre aux besoins des clients, des lignes de métiers et des fonctions de BNP Paribas en matière de recherche économique. Notre équipe d’économistes et de statisticiens couvre un nombre important de pays avancés, en développement et émergents, l’économie réelle, les marchés financiers et l’économie bancaire. Ce site, qui présente nos analyses, nos vidéos et nos podcasts, permet de partager le résultat de nos recherches avec tous ceux qui souhaitent mieux comprendre le contexte économique ou qui s’intéressent à des problématiques spécifiques. »
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Bien que contenue sur le plan sanitaire, la pandémie du coronavirus associée au retournement des cours du pétrole aura des conséquences économiques sévères. Sans réelle marge de manœuvre budgétaire, le gouvernement a introduit un plan de soutien à l’économie très modeste, alors que l’érosion rapide des réserves de change provoquée par des sorties importantes de capitaux et la chute des exportations pétrolières met le naira sous pression. La fragilisation des comptes publics et externes, malgré le soutien des bailleurs de fonds, obère ainsi toute perspective de reprise. Seulement quatre ans après sa dernière récession, le PIB devrait de nouveau se contracter significativement en 2020. En l’absence de remontée des cours du pétrole, le rebond sera modeste en 2021.
Les conséquences de la pandémie du coronavirus sur l’économie marocaine seront significatives. L’activité touristique est à l’arrêt depuis mars et le restera jusqu’en mai dans le meilleur des cas. Le secteur de l’automobile ou encore les transferts financiers de la diaspora marocaine seront également affectés par la crise en Europe. Sous réserve que la situation s’améliore au second semestre, le Maroc devrait cependant éviter une récession. Les fondamentaux macroéconomiques sont solides et le pays va bénéficier d’un allègement substantiel de ses importations de produits pétroliers. De plus, les autorités ont réagi rapidement pour amortir le choc.
Le tourisme constitue le principal canal de transmission de la pandémie de Covid-19 à l’économie marocaine. L’activité est à l’arrêt depuis le début du mois de mars et le restera a minima jusqu’en mai. Les pertes seront significatives pour un secteur dont la contribution au PIB dépasse 8%, soit le niveau le plus élevé dans la région. Point positif, les deux tiers de la saison touristique s’effectuent à partir de juin, ce qui pourrait correspondre à la levée des restrictions sur les voyages dans certains pays même si la reprise de l’activité touristique ne sera que graduelle. La contraction de l’activité touristique va peser sur la croissance et les comptes extérieurs. Les revenus générés par le secteur représentent en effet 15% des recettes courantes
L’abandon du franc CFA et son remplacement par l’Eco, prévus en juin prochain, répondent à la volonté légitime des pays membres de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) de gérer leur monnaie commune. La gouvernance du régime de change va changer avec le retrait du Trésor français des instances de l’union, lequel restera malgré tout le prêteur en dernier ressort. La parité par rapport à l’euro demeurera fixe, limitant de fait l’indépendance de la politique monétaire. La principale raison de ce choix est que la stabilité macroéconomique de l’UEMOA reste fragile.
Entre une croissance atone, l’érosion de la rente pétrogazière et des déficits jumeaux significatifs, la situation macroéconomique inquiète. Pour l’instant, les réserves de change restent confortables mais la vitesse et l’amplitude de leur contraction constituent une source de vulnérabilité majeure à court-moyen terme. En outre, si certaines décisions laissent entrevoir un changement d’orientation dans la politique du gouvernement après des années de protectionnisme économique, ces avancées restent encore trop timides au regard des défis à relever et peu efficaces tant que le climat des affaires ne se sera pas stabilisé.
Entre les difficultés rencontrées par les pays européens et une mauvaise campagne agricole, les vents contraires sont nombreux. De fait, la croissance économique ralentit en 2019 pour la deuxième année consécutive. Néanmoins, la demande interne reste robuste, soutenue notamment par la faiblesse de l’inflation et une politique monétaire accommodante. Les autorités tablent aussi sur d’importantes recettes de privatisation pour infléchir leur politique budgétaire sans détériorer la dynamique de la dette publique. Surtout, le développement continu de la filière automobile laisse entrevoir un rebond de la croissance en 2020 tandis que la baisse de la facture pétrolière devrait se traduire par une résorption du déficit courant.
Les 3,1% de croissance attendus par le gouvernement lors de l’élaboration du budget 2019 sont clairement hors de portée. Sur les 6 premiers mois de l’année, le PIB n’a en effet progressé que de 1,1% ; hormis le tourisme et, dans une moindre mesure, l’agriculture, la plupart des secteurs sont à l’arrêt, voire se contractent (industrie). Les vents contraires resteront puissants dans les prochains mois, à commencer par l’atonie de la demande européenne. Malgré quelques signes de stabilisation sur le front de l’inflation, l’environnement monétaire restera également restrictif dans un contexte de forte pression sur les comptes extérieurs
La première économie d’Afrique sub-saharienne tourne au ralenti. Si le rééquilibrage des comptes externes affiche quelques progrès, le niveau des importations reste très en deçà de celui d’avant-crise. La reconstitution des réserves de change s’accompagne d’une aggravation de la vulnérabilité financière, qui in fine pèse sur l’orientation de la politique monétaire en raison de la volonté des autorités de maintenir un taux de change stable. La fragilisation des comptes publics constitue une contrainte supplémentaire. A court terme, et malgré son potentiel élevé, la croissance économique prévue restera inférieure à la poussée démographique
L’économie tunisienne commence à montrer des signes de stabilisation. L’inflation baisse, les pressions sur le taux de change se sont allégées, et le gouvernement a enfin réussi à tenir ses engagements de consolidation budgétaire en 2018. Mais les perspectives restent très fragiles. Si le soutien des bailleurs de fonds rassure, la persistance de déséquilibres extérieurs significatifs expose l’économie à des chocs. Le resserrement de la politique monétaire pèse déjà fortement sur la liquidité des banques alors que le niveau élevé de la dette publique impose une rigueur budgétaire qui pourrait être difficilement tenable. Surtout, la croissance économique reste atone.
Le Nigéria se relève difficilement du choc pétrolier de 2014. Si l’économie est sortie de récession, la croissance demeure faible (1,9% en 2018) et ce n’est pas la récente décision de la banque centrale d’abaisser son taux directeur qui devrait changer la donne. Compte tenu de l’inflation élevée, il est encore trop tôt pour anticiper la poursuite de l’assouplissement de la politique monétaire. La défense du peg alors que la stabilité des comptes externes reste encore fragile constitue une contrainte supplémentaire. Entre envolée des intérêts de la dette et faible mobilisation des ressources publiques, les marges de manœuvre budgétaires sont également réduites. Difficile donc d’entrevoir un redressement rapide de l’économie, à moins d’une intensification des réformes.
Les exportations de biens marocains ont progressé de plus de 10% pour la deuxième année consécutive en 2018, portées par la bonne tenue des ventes de phosphates et, surtout, par la croissance rapide de la filière automobile. Depuis le lancement de l’usine de Renault à Tanger en 2012, les exportations de voitures ont doublé. Elles constituent désormais le premier poste d’exportation du pays et les perspectives s’annoncent prometteuses puisque de nombreux projets sont en cours de développement. La montée en gamme des produits exportés améliore ainsi la résilience de l’économie à des chocs exogènes. Cependant, les effets d’entraînement restent limités en raison, notamment, du faible niveau de formation de la main-d’œuvre
Les autorités ont décidé, fin 2017, de recourir au financement direct du Trésor par la banque centrale afin de stabiliser une situation macroéconomique qui s’était détériorée dangereusement. L’injection de monnaie aura ainsi permis de reconstituer la liquidité bancaire par le biais de remboursements de créances auprès des entreprises publiques. En l’absence de réelle impulsion budgétaire et grâce à un pilotage actif de la banque centrale, l’inflation est restée contenue. Sans ajustements structurels, cette situation est néanmoins porteuse de risque.