L’on pouvait supposer que, dans le monde de l’après-confinement, le rebond de l’activité entraînerait une amélioration des données sur la confiance. Ce processus a déjà commencé, les chiffres du mois de mai étant moins mauvais que ceux d’avril. Mais, à en juger par le niveau toujours très faible du sentiment économique, la croissance des dépenses sera loin d’être dynamique, d’autant plus que de grandes entreprises européennes ont annoncé récemment d’importantes suppressions d’emplois. Le chômage est un indicateur retardé, comme l’annonce de ces mesures est venue le rappeler. Les entreprises peuvent, dans un premier temps, préférer conserver leur personnel et recourir aux dispositifs de chômage partiel, mais si elles estiment que les perspectives restent sombres et très incertaines, elles finiront par supprimer des emplois. Cela pèse non seulement sur les décisions de consommation de ceux qui perdent leur travail, mais aussi sur celles des autres. En Espagne, les ménages dont le premier apporteur de revenu a toujours un emploi réduisent, néanmoins, leur consommation de 0,7 % par point d’augmentation du taux de chômage. « Ce comportement n’est pas dû à la baisse du revenu actuel des ménages, mais plutôt au chômage agrégé, qui jette une ombre sur les anticipations de revenu futur »[5]. Cela montre l’importance primordiale de la psychologie dans les décisions économiques, les entreprises et les ménages s’influençant réciproquement.
La hausse du chômage risque de conduire les personnes ayant toujours un emploi à réviser leurs anticipations de revenu et à réduire leurs dépenses.