Après une baisse de 5,8% en mars, le PIB du Royaume-Uni a plongé de plus de 20% en avril – la production industrielle et les ventes au détail ayant chuté de 24,3% et 18,7%, respectivement. C’est sa plus grosse baisse mensuelle depuis le début de la série en 1997. Néanmoins, le retour de la croissance sera sûrement rapide, du fait de la levée progressive des mesures de restriction – la plupart des commerces dits non essentiels ont rouvert cette semaine – et des nombreuses mesures de soutien monétaire et fiscal. À sa réunion du 18 juin, la Banque d’Angleterre a augmenté de £100 milliards sa cible d’achats d’obligations gouvernementales, portant le total de ses achats à £745 milliards.
Cependant, il semble peu probable que la situation économique s’améliore nettement avant le second semestre du fait d’un déconfinement assez tardif comparé au reste de l’Europe. De fait, si les indices des directeurs d’achat (PMI) n’étaient pas aussi bas en mai qu’ils l’étaient en avril, ils sont restés largement inférieurs à 50, indiquant que les conditions se sont encore dégradées le mois dernier. Dans le secteur des services – qui a été le plus durement affecté par les mesures de restriction – l’indice PMI était de 13,4 en avril et il est resté au-dessous 30 en mai. Dans le secteur industriel, l’indice de confiance calculé par la Commission européenne reste inférieur à son plus bas niveau atteint durant la crise financière mondiale en 2009. En outre, alors que la reprise de la consommation sera une des conditions essentielles de la reprise, l’indice de confiance des ménages est tombé encore un peu plus bas le mois dernier.
Les difficultés économiques ne s’arrêteront pas avec le retour de la croissance. C’est du moins ce que suggèrent les derniers chiffres de l’emploi fournis par le Bureau de la statistique nationale (ONS). Si le taux de chômage est resté stable à 3,9% en avril grâce aux mesures de chômage partiel, plus de 600 000 Britanniques ont perdu leur emploi salarié entre mars et mai alors même que le nombre de postes à pourvoir passait d’environ 800 000 à 320 000. Une forte hausse du chômage dans les mois à venir est donc hautement probable. Enfin, le risque d’une crise prolongée est d’autant plus grand que deux menaces majeures assombrissent l’horizon : une seconde vague de la pandémie et l’échec des négociations avec l’UE sur un traité de libre-échange.