L’Allemagne peut-elle échapper à une récession ?
Depuis le début de l’année, l’économie allemande a bien résisté et elle a enregistré une progression de son PIB de 0,3% au 3ème trimestre malgré les multiples chocs qui frappent le pays. Cependant si la fin des effets de rattrapage a soutenu la consommation privée au 3ème trimestre, tous les postes de la demande s’essoufflent et l’entrée en récession de l’Allemagne semble imminente.
Les moteurs de la croissance s'éteignent un à un
On constate en effet que les moteurs de la croissance allemande s’éteignent un à un.
Depuis la fin 2021, les échanges extérieurs contribue négativement à la croissance. Et la détérioration de la balance commerciale se poursuit puisque l’excédent commercial allemand au mois de septembre ne représente plus que 4 Mds d’euros contre 20 Mds d’euros fin 2019.Ce phénomène est à la fois lié à une production industrielle contrainte qui a baissé de plus de 2% depuis le début de l’année, mais aussi à une demande qui s’étiole puisque les nouvelles commandes adressées à l’industrie ont diminué de 12 % depuis le début de l’année.
Du côté des moteurs de la demande intérieure, la consommation des ménages est freinée par une inflation à deux chiffres qui érode le pouvoir d’achat. Cela est notamment visible sur la consommation de biens avec des ventes au détail qui ont baissé de 5% depuis le début de l’année. Pour ce qui est de l’investissement, les entreprises se montrent frileuses dans la réalisation de leur projet d’investissement tant l’incertitude sur l’activité à venir est grande. Cette prudence conduit l’investissement a évolué toujours sous son niveau d’avant-crise et ce sont particulièrement les investissements en machines-outils et équipements lourds qui pâtissent de la morosité du climat des affaires.
En l’absence de moteurs pour tirer la croissance, il semble peu probable que l’Allemagne continue d’afficher une croissance positive au 4ème trimestre.
La récession devrait être limitée grâce au soutien public
La baisse de l’activité devrait toutefois être limitée grâce à la détermination de la puissance publique de ne pas laisser tomber son économie, notamment son secteur industriel.
L’entrée en vigueur de la tarification administrée de l’électricité et du gaz dès janvier 2023 va considérablement aider les ménages et les entreprises. Le gouvernement allemand va subventionner 80% de la consommation habituelle d’énergie des ménages et 70 % de la consommation d’énergie des entreprises. Cela va permettre de soulager significativement les coûts de production des entreprises industrielles et de préserver leur compétitivité à l’export. De plus, les aides aux particuliers vont préserver le pouvoir d’achat des ménages en 2023 dans un contexte où les salaires nominaux Outre-Rhin croissent bien moins vite que les prix à la consommation.
Enfin, le soutien public à l’activité devrait également se traduire par une consommation publique dynamique comme on l’observe depuis le rebond post-Covid. En effet, les dépenses de consommation opérées par les administrations publiques ont progressé de plus de 12% depuis la fin 2019. Sans la forte hausse de la consommation publique, le PIB Allemand se situerait seulement à son niveau de la mi-2017.
Une contraction modérée et limitée dans le temps de l’activité est le scénario le plus crédible
En conclusion, l’Allemagne ne devrait pas pouvoir échapper à une récession économique, mais à ce stade une contraction modérée et limitée dans le temps est le scénario le plus crédible.