Basée à Paris, la Direction des Études Économiques de BNP Paribas est composée d’économistes et de statisticiens :
Les Études économiques ont pour mission de répondre aux besoins des clients, des lignes de métiers et des fonctions de BNP Paribas en matière de recherche économique. Notre équipe d’économistes et de statisticiens couvre un nombre important de pays avancés, en développement et émergents, l’économie réelle, les marchés financiers et l’économie bancaire. Ce site, qui présente nos analyses, nos vidéos et nos podcasts, permet de partager le résultat de nos recherches avec tous ceux qui souhaitent mieux comprendre le contexte économique ou qui s’intéressent à des problématiques spécifiques.
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Le taux d’épargne des ménages français a encore augmenté, passant de 17,6% de leur revenu disponible brut (RDB) au 1er trimestre 2024 à 17,9% au 2e trimestre 2024 selon l’Insee, soit 1 point de plus en un an. Un signal précurseur d’une tendance à la hausse en cours également dans la zone euro. Si les chiffres pour le T2 ne sont pas encore disponibles, ceux du T1 ont souligné un taux d’épargne supérieur de 3 points (à 15,4%) à son niveau d’avant-Covid.
En août 2024, l’inflation française devrait revenir pour la première fois depuis trois ans (août 2021) sous les 2% en glissement annuel. Cette désinflation est principalement liée aux prix de l’énergie et devrait encore se renforcer début 2025 pour les mêmes raisons (baisse attendue du prix de l’électricité). L’inflation dans les services, notamment affectée par un effet Jeux Olympiques, devrait, en revanche, rester élevée à court terme, sans empêcher toutefois la poursuite de la désinflation.
La croissance des exportations vers les États-Unis (premier client à l’exportation pour l’Allemagne) a continué de porter le commerce extérieur allemand ces dernières années alors que les échanges avec la zone euro et la Chine étaient en relative stagnation. Depuis 4 mois, toutefois, le PMI allemand des conditions à l’export est supérieur au seuil de 50 (bien que plus bas en juin à 50,8 qu’en mai à 51,9) suggérant une dynamique plus globale.
La conjoncture française subit de nouveau le poids des aléas conjoncturels, comme en témoigne le rebond de l’indicateur d’incertitude de la Banque de France qui atteint en juillet un plus haut depuis l’automne 2022 (crise énergétique). Ceci pourrait fragiliser un climat des affaires déjà un peu moins favorable en France (PMI composite à 48,8 en juin) qu’en zone euro (PMI supérieur à 50 depuis 4 mois).
Si l’expression jamais deux sans trois devait se vérifier, alors la France serait opposée à l’Allemagne pour la 3e fois d’affilée lors du championnat d’Europe de football et remporterait un 3e succès consécutif. Sur le terrain économique, depuis 5 ans, les performances françaises ont dépassé celles de l’Allemagne dans trois domaines importants : les créations d’emploi, la croissance de l’investissement et la transition vers les services. En conséquence, il n’est pas surprenant que la France ait généré un supplément de croissance de 0,5 point par an par rapport à son voisin d’outre-Rhin.
La croissance allemande devrait être soutenue, à court terme, par le rebond de son industrie qui comblerait une partie de la perte de production liée à la hausse du coût de l’énergie consécutive au déclenchement de la guerre en Ukraine. L’Allemagne devrait également, en tant qu’économie ouverte, bénéficier du rebond de la croissance en zone euro depuis début 2024. Toutefois, à plus moyen terme, le potentiel de croissance allemand devrait continuer de pâtir des pénuries de main d’œuvre, du poids de son industrie (fragilisée par la transition bas-carbone), ainsi que des conséquences d’un investissement insuffisant dans un contexte de montée en puissance de nouveaux concurrents.
L’économie française est caractérisée par une croissance modeste mais positive. Le passage de la comptabilité nationale en base 2020 et la publication des comptes annuels 2023, qui ont conduit l’Insee à relever son estimation du PIB 2023 de près de EUR 20 mds, en attestent. Cette croissance fait toutefois des gagnants et des perdants. En 2024, elle devrait être soutenue principalement par les services marchands, qui représentent l’essentiel des créations d’emploi et de la croissance de la demande. Toutefois ce développement des services se fait en partie en substitution des biens, tandis que les chocs d’inflation et de taux d’intérêt continuent de peser sur l’investissement.
Dans cet Audiobrief Stéphane Colliac discute du travail indépendant en France. Celui-ci se développe de nouveau depuis près de 20 ans, notamment dans les services à la personne, mais également dans les services aux entreprises. Dans une France qui a créé près de 420000 emplois par an sur les 5 dernières années, l’emploi indépendant a ainsi représenté près d’une création d’emploi sur 5.
En mai 2024, le cumul des défaillances d’entreprises sur 12 mois a dépassé le chiffre de 60 000 pour la première fois depuis août 2016, selon les données de la Banque de France. Un seuil qui n’a été franchi que quatre fois par le passé. Toutefois, le dynamisme des créations d’entreprises et le caractère particulier de la normalisation post-Covid permettent de différencier assez clairement le pic de défaillances récent des précédents.
Après une longue phase de déclin de la fin des années 1940 jusqu’au début des années 2000, l’emploi indépendant se développe de nouveau en France depuis près de 20 ans. Ce renouveau de l’emploi indépendant, initié par des incitations fiscales en faveur de l’emploi à domicile ou de l’artisanat (services non marchands, services aux ménages, artisanat du bâtiment), a également été alimenté par l’externalisation par les entreprises de certaines tâches (à des fins de maîtrise des coûts sur des activités non essentielles, d’incubation de l’innovation) et l’apparition de nouveaux besoins (notamment en termes d’entretien-rénovation dans le bâtiment)
L’Europe connaît des pertes de parts de marché tendancielles, subies en raison de la montée en puissance d’autres producteurs (le Japon dans les années 1980, la Chine ensuite). En Allemagne, elles se sont même accrues après la pandémie de Covid-19 (-0,7 point en 2023 par rapport à 2019). L’industrie chimique allemande a subi de plein fouet la hausse des prix de l’énergie, renforçant la concurrence de la Chine et des États-Unis. Son industrie automobile (qui comptait pour 17% de ses exportations en 2023) souffre quant à elle directement de la concurrence chinoise.
Le 1er trimestre 2024 a marqué une progression du taux d’épargne des ménages à 17,6% (contre 17,2% au 4e trimestre 2023), en raison d’une croissance mesurée de la consommation (+0,1% t/t en volume) au 1er trimestre et d’une progression plus élevée du pouvoir d’achat (+ 0,6% t/t). Alors que le taux d’épargne a fluctué autour d’un chiffre supérieur de 2,5 points en moyenne à son niveau pré-Covid (15% en 2019), depuis la mi-2021, nous nous attendons à ce qu’il baisse désormais pour se rapprocher de ce niveau d’ici à la fin 2025. Un soutien notable pour la consommation des ménages.
La sous-performance de la croissance allemande sur ces dernières années s’est poursuivie en 2023. Toutefois, si elle n’est plus motrice, il semble que l’économie allemande bénéficie du rebond observé par ailleurs en zone euro et qui pourrait doper sa croissance dans les prochains trimestres. En témoigne, une relative bonne performance (0,2% t/t) au 1er trimestre, comme en zone euro (0,3% t/t). Le climat des affaires (IFO) souligne une amélioration, même si elle reste encore partielle, avec un indice à 89,3 en mai comme en avril, les deux meilleurs mois depuis mai 2023.
La croissance française a surpris à la hausse au 1er trimestre, atteignant 0,2% t/t en 1re estimation, soutenue par la consommation des ménages et l’investissement des entreprises dans les services. Notre prévision pour le 2e trimestre est du même ordre (notre nowcast, à 0,3% t/t, suggère même un risque à la hausse), confirmant le retour à une croissance un peu plus forte, après un 2e semestre 2023 à + 0,1% par trimestre.
Le mois d’avril pourrait marquer le retour de l’inflation sous-jacente (selon la définition de l’Insee) vers le seuil des 2%. La désinflation se diffuse progressivement à davantage de postes (au premier rang desquels se trouvent les biens manufacturés et l’alimentation) : sur les 3 premiers mois de l’année, seule la moitié de ces postes témoignait toujours d’une inflation supérieure à 2% en glissement annuel.
Ces dernières années ont vu une substitution s’opérer entre la consommation de biens et celle de services. Cette substitution s’est même accélérée après le Covid, avec la montée de l’inflation et devrait perdurer dans les années qui viennent. Ainsi, si la consommation de biens a reculé depuis début 2022, ce mouvement résulte en partie de cet effet substitution et pas d’une réduction de la dépense des ménages, puisque leur consommation totale est supérieure à son niveau pré-inflation (fin 2021).
La publication du climat des affaires de l’Insee ce jeudi 25 avril confirme la perspective d’une amélioration de la demande, alors que celle-ci est restée anémiée ces derniers mois. En amont de la publication de données importantes à partir du 30 avril, nous anticipons une croissance qui serait restée faible au 1er trimestre, mais qui devrait s’accélérer au 2e, bénéficiant de la désinflation observée. L’amélioration serait toutefois insuffisante pour écarter le risque d’un maintien des défaillances d’entreprises à un niveau élevé.
L’économie allemande sous-performe de façon notable depuis un peu plus de 6 ans par rapport à la moyenne de la zone euro et à ses standards passés. Il se pourrait même que le pays ait de nouveau été en récession au T4 2023 et au T1 2024. L’Allemagne aura-t-elle alors touché le fond ? D’un point de vue conjoncturel c’est probable car l’accès de faiblesse, enregistré cet hiver, résulte pour partie d’effets exceptionnels. D’un point de vue structurel, l’économie allemande devrait continuer d’enregistrer une croissance modérée, qui ne lui permettrait pas de retrouver son statut de moteur de la croissance européenne.
Comme en 2022 et 2023, l’économie française a entamé l’année sur une note faible et devrait voir sa croissance s’accélérer au 2e trimestre. Même s’ils sont différents des précédentes années, des vents contraires ont pesé sur l’économie française au 1er trimestre 2024. Au-delà de ce phénomène purement conjoncturel, pour renouer avec une croissance plus durable il faudra attendre le retour du consommateur français, que nous anticipons également pour le 2e trimestre. Enfin, l’investissement des entreprises devrait redevenir un support à la croissance française, avec notamment la mise en œuvre du plan France industrie verte.
Au 1er trimestre 2024, les défaillances d’entreprises ont atteint près de 15 000 unités. C’est à peine moins qu’au 4e trimestre 2023 qui avait été marqué par une nette remontée. Si la construction et le commerce cumulent le plus de difficultés avec une hausse notable d’entreprises touchées, dans ces secteurs les défaillances restent en deçà des plus hauts historiques. A contrario, des records ont été battus dans les services aux entreprises ou dans les services de transport et d’entreposage.
Notre indice des défaillances d’entreprises dans l’Ouest de l’Europe a dépassé son niveau pré-Covid. Il reste toutefois nettement en deçà des plus hauts atteints après la crise de 2008 et au moment de celle de la zone euro (entre 2011 et 2015). Dans une majorité de pays, le niveau des défaillances d’entreprises est désormais supérieur à celui enregistré avant la pandémie. Cela a été le cas dès 2022 pour le Royaume-Uni et la Suède, rejoints courant 2023 par la France, la Belgique et l’Allemagne. Toutefois, pour cette dernière, ainsi que pour l’Italie et les Pays-Bas, les niveaux de défaillances restent nettement inférieurs à leur pic pré-Covid
Selon notre prévision, l’inflation aurait de nouveau diminué en mars à 2,4% a/a contre 3% en février, en raison de la nette accalmie sur les prix alimentaires. Toutefois, l’inflation française resterait ensuite entre 2 et 2,5% a/a jusqu’à fin août, du fait de l’épuisement des effets favorables liés à la fin de l’inflation sur l’alimentation et les biens manufacturés et du maintien de l’inflation sur les services, avant de probablement passer sous les 2% en septembre.
Les premiers indicateurs disponibles pour le mois de janvier soulignent un début de trimestre encore faible (après une contraction du PIB de -0,3% t/t au T4 2023), d’où notre prévision d’une nouvelle baisse du PIB de -0,1% t/t au 1er trimestre. La production manufacturière (en rebond de 1% m/m en janvier) reste inférieure à celle de novembre de 1,5%, en raison d’une nette baisse de la production automobile (de 10% inférieure en janvier à son niveau de novembre).
Le 1er trimestre a mal commencé, avec la baisse de la production manufacturière en janvier (-1,6% m/m) liée à la mise à l’arrêt pour maintenance de raffineries de pétrole (avec de nouvelles difficultés en mars) et à un retournement dans l’automobile (problèmes d’approvisionnement, puis baisse de la demande affectant la cadence de production). En parallèle, les données de commerce extérieur de janvier ne suggèrent pas de rebond des importations de biens intermédiaires (intrants pour les autres secteurs).
En matière de balance commerciale, 2023 a, dans une large mesure, détricoté l’année 2022 qui, avec son lot de charges et de chocs, avait constitué une annus horribilis pour le commerce extérieur français.