Basée à Paris, la Direction des Études Économiques de BNP Paribas est composée d’économistes et de statisticiens :
Les Études économiques ont pour mission de répondre aux besoins des clients, des lignes de métiers et des fonctions de BNP Paribas en matière de recherche économique. Notre équipe d’économistes et de statisticiens couvre un nombre important de pays avancés, en développement et émergents, l’économie réelle, les marchés financiers et l’économie bancaire. Ce site, qui présente nos analyses, nos vidéos et nos podcasts, permet de partager le résultat de nos recherches avec tous ceux qui souhaitent mieux comprendre le contexte économique ou qui s’intéressent à des problématiques spécifiques.
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La croissance française a surpris à la hausse au 2e trimestre 2023. Dans le même temps, les marges des entreprises se sont redressées et leurs trésoreries sont restées favorables. Elles ont ainsi pu continuer à faire croître leur investissement, nonobstant des taux d’intérêt plus élevés. A contrario, la consommation et l’investissement des ménages se sont contractés. Pourtant, le revenu disponible brut des ménages a progressé et leur pouvoir d’achat est supérieur à il y a un an. Ces derniers ont préféré augmenter leur épargne financière, alors que la hausse des taux a pesé sur leurs investissements et leurs achats de biens durables : une épée de Damoclès qui pèse sur la croissance française, que nous anticipons à 0,5% en 2024.
À Jackson Hole le 25 août 2023, Jerome Powell a livré une analyse détaillée de l’inflation américaine. Il a notamment mis l’accent sur les trois grandes composantes de l’inflation sous-jacente qui permettront de suivre les progrès réalisés sur le chemin de la désinflation. On y voit deux tendances encourageantes – la baisse importante de l’inflation des biens (hors énergie et alimentation) et le début de reflux de l’inflation des services liés au logement – mais aussi, et surtout, une troisième tendance, préoccupante : l’absence de baisse dans les autres services.
Le 2e trimestre a été marqué par une nette réduction des créations d’emploi. Cette baisse peut sembler naturelle dans un marché du travail qui a rapidement effacé le choc lié à la Covid-19 et dans le contexte d’une croissance du PIB plus modérée (outre quelques exceptions, comme au 2nd trimestre 2023). Elle reflète toutefois la détérioration de certaines dynamiques sectorielles (dont le bâtiment) même si des évolutions plus favorables s’observent dans d’autres secteurs, l’industrie, notamment.
Le mois d’août 2023 marque un rebond de l’inflation en France qui tranche avec la désinflation observée lors des mois précédents. L’énergie est la première cause de ce rebond lié à la hausse du tarif réglementé de l’électricité et à l’augmentation des prix du carburant. A moyen-terme, la perspective du maintien d’une inflation énergétique positive devrait retarder la baisse de l’inflation en-deçà du seuil des 2%.
Au mois de juillet, la divergence est restée de mise entre les principales économies de l’OCDE. Les enquêtes de conjoncture ont montré des signes de ralentissement plus marqués en Europe qu’aux Etats-Unis, où divers indicateurs (ISM non manufacturier, enquêtes auprès des ménages) se sont même améliorés.
Les enquêtes de conjoncture se sont de nouveau détériorées, qu’il s’agisse de l’IFO (88,5 en juin contre 93,4 en avril) ou du ZEW (-14,7 en juillet contre 28,1 en février). La dynamique erratique des nouvelles commandes à destination de l’industrie, qui ont rebondi de 6,4% en mai (après un plus bas en avril 2023 depuis mai 2013), souligne l’une des contraintes à l’œuvre : l’irrégularité de l’activité dans les matériels de transport qui reste soumise à l’instabilité de ses approvisionnements.
La détérioration des enquêtes de conjoncture souligne une diminution de la demande (contraction des soldes d’opinion sur les carnets de commande globaux et à l’export), singulièrement dans l’industrie. Les secteurs les plus sensibles à la conjoncture (chimie, plastiques, métaux, emballage, commerce de gros, transport) subissent tous un repli marqué de leur indice synthétique de confiance.
Si la trajectoire du climat des affaires pouvait en mai laisser augurer une récession à venir, celle de juin est plus ambivalente. Certes, la nouvelle baisse de l’ISM manufacturier, à 46 en juin, a porté ce dernier à son plus bas niveau depuis la crise de 2008 (hors période de Covid). Le message de l’ISM non-manufacturier est toutefois clairement divergent avec un rebond à 53,9 en juin contre 50,3 en mai.
L’Allemagne a enregistré une récession technique au 4e trimestre 2022 (-0,5% t/t) et au 1er trimestre 2023 (-0,3% t/t) sous le poids notamment d’une contraction de la consommation des ménages (-1,7% puis -1,2%). Si cette récession n’a pas eu pour principale origine le cœur industriel de l’économie allemande, ce dernier a toutefois montré des signes de faiblesse qui l’ont empêché de croître davantage. Alors que la désinflation devrait permettre un rebond de la consommation des ménages au 2e trimestre, les enquêtes de conjoncture augurent toutefois d’une nouvelle détérioration au-delà, qui expose à nouveau l’économie allemande à un risque de récession au 2nd semestre.
Après un second semestre 2022 au cours duquel la croissance s’est singulièrement affaiblie, le 1er trimestre 2023 a marqué un rebond relatif, qui devrait se confirmer au 2e trimestre : un rebond plutôt concentré sur certains secteurs, principalement les matériels de transport et le tourisme. Toutefois, les enquêtes de conjoncture se sont dégradées depuis mars, pour atteindre des niveaux relativement bas, notamment dans l’industrie. Le logement résidentiel, les services aux entreprises ou les exportations sont autant de points de vigilance qui, cumulés, devraient avoir un impact négatif plus marqué au second semestre 2023 tant en termes de croissance que de créations d’emplois, qui persistent pour le moment.
Alors que l’on pouvait espérer que le reflux en cours de l’inflation soutiendrait plus nettement la confiance des ménages, celle-ci, et par voie de conséquence la consommation, reste contrainte. En cause : l’impact de la remontée des taux d’intérêt sur les intentions d’achats en France comme en Allemagne.
Au mois de juin, les principales économies de l’OCDE ont connu des évolutions divergentes qui posent la question du point de bascule entre une situation où la croissance se poursuit - avec des tensions inflationnistes qui nécessitent de poursuivre le resserrement monétaire - et une autre où elle ralentit davantage et où le reflux de l’inflation permet d’envisager la fin de la hausse des taux.
Les indicateurs du climat des affaires en Allemagne se sont dégradés ces derniers mois, que ce soit l’enquête IFO ou l’indice ZEW. Ce dernier se redresse légèrement en juin mais reste très négatif.
Les indicateurs de conjoncture français soulignent un essoufflement de la croissance. Ainsi, le climat des affaires de l’Insee dans l’industrie manufacturière (99) est passé en mai en deçà de sa moyenne de long terme rejoignant ainsi le commerce de gros (94) et le commerce de détail hors automobile (94).
L’activité économique britannique a rebondi de 0,2% m/m en avril. Ce redressement succède à une contraction de 0,3% m/m en mars. Il est à relativiser puisque le PIB mensuel reste inférieur de 0,1% au niveau atteint en janvier et février.
L'économie allemande a enregistré une récession avec un recul du PIB au 4e trimestre 2022 et au 1er trimestre 2023. Si la consommation des ménages a expliqué en majeure partie ce repli, la sous-performance de la croissance économique du pays depuis plus de 5 ans s’explique largement par celle de son industrie. Celle-ci subit davantage de contraintes qu’ailleurs en Europe, tant et si bien que - phénomène relativement nouveau dans l’histoire récente allemande - la taille de ce secteur s’est réduite. Une difficulté dont le pays n’est pas encore sorti et qui pourrait contribuer à entraîner une rechute de la croissance au 2nd semestre.
Les données relatives à la balance des paiements et à l’emploi des travailleurs étrangers permettent de relativiser l’idée, pourtant communément admise, que le Brexit aurait réduit l’attractivité du Royaume-Uni.Il est vrai qu’encore en mars 2023, une entreprise britannique sur quatre classait le Brexit parmi ses trois principales sources de préoccupation. Ce niveau est certes en baisse depuis 2019, mais il montre néanmoins que l’inquiétude ne s’est pas totalement résorbée
Le PIB néerlandais s’est contracté de -0,7% t/t au 1er trimestre 2023, après une croissance révisée à la baisse de 0,2 point de pourcentage, à +0,4% t/t au 4e trimestre 2022. Les causes de la contraction observée au 1er trimestre sont multiples.
Le taux de marge des sociétés non financières a augmenté au 1er trimestre 2023, atteignant 32,3% après 31,9% au 4e trimestre 2022. Les entreprises françaises continuent de bénéficier d’un pouvoir accru de fixation de leurs prix de vente.
En avril et mai, la conjoncture des principales économies de l’OCDE affiche une relative détérioration dont l’ampleur et le degré d’avancement varient selon les pays. En Europe, la détérioration observée depuis quelques mois dans l’industrie commence à se transmettre aux services, où les indices de confiance ont engagé un mouvement de repli. Aux États-Unis, l’ISM des services a modérément crû en avril a contrario d’un indice ISM en deçà de 50 pour le 6e mois consécutif dans l’industrie.
L’activité industrielle et les nouvelles commandes dans l’industrie ont connu des évolutions marquées au 1er trimestre : un net rebond en janvier-février et un fort repli en mars. Au global, les nouvelles commandes sont toutefois restées stables au 1er trimestre (t/t). L’enquête IFO s’est même dégradée au mois de mai (91,7 contre 93,4 en avril) tout comme l’indice ZEW.
Les enquêtes sur le climat des affaires de l’Insee se sont détériorées en avril et en mai, faisant craindre que le rebond de l’activité observé au 1er trimestre (+0,2% t/t, après 0% t/t au T4) ait été en partie temporaire. Les effets exceptionnels, liés à la réaccélération de la production manufacturière en tout début d’année et à ses effets induits favorables sur la production de services et sur l’emploi, semblent donc s’être rapidement évaporés.
L’économie britannique a crû de 0,1% t/t au T1 2023, soit au même rythme qu’au T4 2022. La croissance a connu des hauts et des bas au cours du premier trimestre. Le PIB réel a d’abord rebondi en janvier (+0,5% m/m) après un mois de décembre difficile (-0,5% m/m), porté par le secteur des services (+0,8% m/m). L’économie a ensuite stagné en février.
Prolongeant une dégradation observée en avril, le climat des affaires de l’Insee s’est de nouveau replié au mois de mai pour s’établir à 100, un plus bas depuis avril 2021. La détérioration concerne tous les secteurs et en particulier l’industrie manufacturière où l’indice de confiance passe même à 99, en deçà de sa moyenne de long-terme (100) pour la première fois depuis mars 2021. En parallèle, les tensions inflationnistes continuent de se modérer.
Le marché du travail français ne cesse de surprendre favorablement avec 42 000 créations nettes d’emplois au 1er trimestre 2023 selon l’Insee, dans une économie qui montre pourtant, depuis plus d’un an, de nombreux signes de refroidissement. Cette résistance du marché du travail n’est pas anormale puisque ce dernier a bénéficié d’effets de rattrapage post-Covid, notamment dans les services marchands. Toutefois, alors que plusieurs dynamiques se sont grippées, notamment dans le bâtiment, une détérioration pourrait intervenir sur le marché du travail.