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France : les défaillances d’entreprises dans la construction rattrapent celles dans le commerce

06/12/2023
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Les défaillances d’entreprises ont poursuivi leur rebond en octobre et sont désormais de 10% supérieures à leur niveau d’avant-Covid (celui de 2019) en cumul sur les trois derniers mois, selon les données de la Banque de France.
Ce rebond s’est accéléré dans le commerce à partir de début 2022, ce secteur faisant partie de ceux (avec l’hébergement-restauration) à avoir davantage subi le choc inflationniste en raison de la hausse des coûts de production et de la baisse de la demande des ménages. Dans le secteur, la somme sur 3 mois des défaillances d’entreprises a même atteint un chiffre plus élevé à fin mai que celui relevé pour la fin octobre. Cette inflexion, encore modérée, suit de quelques mois celle de l’inflation : après avoir culminé à 7,3% a/a en février, cette dernière n’atteint plus que 3,8% en novembre (indice harmonisé), une baisse qui s’est récemment accélérée (l’inflation atteignait encore 5,7% a/a en septembre).
Une autre courbe n’a pas interrompu sa progression : celle des défaillances dans la construction. Celles-ci ont même rattrapé le chiffre observé dans le commerce. Plusieurs facteurs sont à l’œuvre derrière cette hausse :
- La remontée des taux d’intérêt : si la BCE a relevé son taux directeur pour la dernière fois en septembre, on estime que la transmission de cette hausse aux taux sur les crédits immobiliers prendra fin plutôt début 2024 ;
- La baisse de l’activité dans le secteur : le cumul sur 12 mois des mises en chantier de logements a diminué de 23% entre son pic de janvier 2022 et octobre 2023. Les perspectives de mises en chantier sont à un plus bas historique (solde d’opinion dans l’enquête de l’Insee sur la promotion immobilière à -40 en octobre) ;
- La détérioration (encore relative) des comportements de paiement : 34,6% des entreprises faisaient état de retards de paiement au 2e semestre (contre 28,7% au 1er) et de difficultés de trésorerie (solde d’opinion à -11,1 en octobre, contre -7,2 en juillet selon l’enquête de conjoncture dans le bâtiment, source Insee).
Un croisement plus prononcé entre les courbes de défaillances du commerce et de la construction pourrait apparaitre. Le choc inflationniste devrait continuer de s’atténuer tandis que le choc négatif d’activité dans la construction pourrait se prolonger jusqu’en 2025. Cela se reflète sur notre scenario de croissance : alors qu’un rebond de la consommation des ménages est anticipé en 2024 (1,2% après 0,7% en 2023), l’investissement de ces derniers poursuivrait son repli (-3,7% en 2024 après -4,9% en 2023).

France : nombre de défaillances d’entreprises
LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE