Le 1er trimestre a mal commencé, avec la baisse de la production manufacturière en janvier (-1,6% m/m) liée à la mise à l’arrêt pour maintenance de raffineries de pétrole (avec de nouvelles difficultés en mars) et à un retournement dans l’automobile (problèmes d’approvisionnement, puis baisse de la demande affectant la cadence de production). En parallèle, les données de commerce extérieur de janvier ne suggèrent pas de rebond des importations de biens intermédiaires (intrants pour les autres secteurs).
Par rapport à notre prévision de croissance (identique à notre nowcast) de +0,1% t/t au 1er trimestre, un tel « retard à l’allumage » constituerait un risque à la baisse. L’Insee l’a pris en compte dans la révision de sa prévision de 0,2% à 0% t/t (la Banque de France conservant une prévision à 0,2% t/t, en raison de la bonne tenue des services marchands). À l’inverse, cela engendrerait un risque à la hausse sur notre prévision du 2e trimestre (0,2% t/t), intégré par l’Insee dans sa propre prévision (0,3% t/t).
La dynamique de reprise n’est pas non plus franchement enclenchée du point de vue des indicateurs de demande, comme l’illustre le recul de la consommation de biens de janvier (-0,3% m/m) et la remontée encore hésitante de l’indice de confiance des ménages. Dans ce contexte, une accélération de la croissance à court terme serait la conséquence d’une production qui rattraperait le retard relatif pris au 1er trimestre.
D’autres éléments devraient toutefois donner une impulsion positive à la demande dans les prochains mois. Ils sont liés à des aides dont l’entrée en vigueur tardive ou la restriction temporaire du champ d’application ont pu peser sur l’activité jusqu’ici : le lancement, le 14 mars, du crédit d’impôt au titre des investissements dans l’industrie verte (C3iV) et le 14 février de la nouvelle mouture du bonus écologique à l’achat d’automobile, l’assouplissement, le 8 mars, des critères d’éligibilité à MaPrimeRénov’ (restreinte en début d’année concernant les mono-gestes).
Par ailleurs, la désinflation est réelle, l’indice harmonisé des prix à la consommation ne progressant plus que de 3,1% a/a en février contre 5,7% en septembre 2023, même si elle ne s’est, pour l’instant, pas traduite par un rebond de la consommation des ménages. Toutefois, la disparition de l’inflation sur les prix des produits alimentaires et des biens devrait se confirmer (dans le sillage de la modération des prix prévus dans la dernière enquête de conjoncture de l’Insee), un signal positif pour les ménages, tout comme la bonne tenue du marché du travail (stabilité du climat de l’emploi, mesuré par l’Insee, à 102 en mars).
Achevé de rédiger le 27/03/2024