La désinflation en zone euro continue de soutenir la confiance des ménages. L’indice de la Commission européenne a, en effet, progressé de 0,6 point à 14,9 en mars, selon l’estimation flash. Cela constitue son meilleur niveau depuis février 2022 et le début de la guerre en Ukraine. Notre Nowcast indique actuellement un rebond de l’activité de 0,3% t/t au premier trimestre 2024, un résultat qui pointe un risque à la hausse sur notre prévision de +0,1% t/t.
L’inflation en zone euro est repartie à la baisse en février, passant de 2,8% à 2,6% g.a. Le reflux est attribuable au recul de l’inflation dans l’alimentation (-2,1 pp à 3,3% g.a.) ainsi que dans les biens manufacturés (-0,4 pp à 1,6% g.a.), tandis que la déflation des prix énergétiques s’est estompée (+2,5 pp à -3,7%) et que l’inflation dans les services s’est stabilisée à 4,0%. À noter que plus aucune économie de la zone euro n’affiche une inflation supérieure à 5,0%. L’Estonie – le dernier pays dans ce cas – est repassée sous ce seuil en février.
Les difficultés dans le secteur manufacturier restent toutefois importantes et constituent le risque baissier le plus notable pour l’activité en zone euro à court terme. La production industrielle a chuté de 3,2% m/m en janvier, vers son plus bas niveau depuis septembre 2020. Les perspectives pour le secteur restent mal orientées : l’indice PMI a reculé en mars pour le deuxième mois consécutif (-0,8 point à 45,8) et s’enfonce plus nettement sous le seuil d’expansion des 50. Le sous-indice sur l’emploi dans le secteur baisse de 0,5 point à 46,6, son plus bas niveau depuis août 2020. Le rapport de S&P Global pointe ainsi vers une poursuite du retournement des créations d’emploi dans ce secteur, un phénomène déjà en cours depuis l’an passé, bien que de manière encore limitée. En effet, selon les chiffres d’Eurostat, l’emploi manufacturier en zone euro a plafonné aux deuxième et troisième trimestres 2023, avant de reculer de 0,1% t/t au dernier trimestre. La part de l’emploi manufacturier en zone euro a ainsi atteint son plus bas niveau historique, à 12,8%.
Ce recul reste toutefois compensé par les créations de postes dans les services, notamment l’information et la communication (+0,6% t/t au T4 2023), la fonction publique (+0,4% t/t), ainsi que dans la construction, qui reprend quelques couleurs (+0,4% t/t). Cela permet au marché du travail en zone euro de rester très tendu. Le taux de chômage a d’ailleurs atteint son plus bas niveau jamais enregistré en janvier, à 6,4%. Notre prévision de croissance pour 2024 reste celle d’un renforcement progressif de l’activité qui, malgré un acquis de croissance nul, porterait la croissance à 0,7% en moyenne annuelle, en léger mieux par rapport à 2023 (+0,5%).
Achevé de rédiger le 26 mars 2024